Sans surprise, aucune nouvelle décision n’a été entérinée, à l’issue de la réunion du comité de politique monétaire de la Fed, ce mercredi. Mais l’essentiel était ailleurs. La réserve fédérale américaine a laissé ses taux inchangés, entre 0 et 0,25%, afin de ne pas menacer une reprise économique prometteuse. Les objectifs de plein-emploi et d’une inflation moyenne autour de 2 % ne sont pas encore réunis. Elle envisage toutefois, désormais, de faire remonter les taux plus vite que prévu, à partir de 2023. Lors de la publication de leurs précédentes prévisions économiques , en mars, aucun des directeurs de la Fed ne prévoyait de hausse des taux cette année. C’est toujours le cas, mais ils sont plus nombreux, cette fois, à les envisager en 2022, et une majorité à les prévoir pour 2023, où deux hausses en moyenne sont planifiées.
Croissance revue à la hausse
Aucune précision n’a été apportée, dans le communiqué final, sur d’éventuels changements dans le rythme des rachats d’actifs – elle rachète en ce moment au moins 120 milliards de dollars en bons du Trésor et en obligations hypothécaires. Mais, en conférence de presse, le président de la Fed Jerome Powell a révélé que l’institution avait commencé à discuter d’une future réduction de ses interventions sur les marchés. «Si vous voulez, vous pouvez voir cette réunion comme une discussion sur de prochaines discussions», a-t-il prudemment précisé. « Les achats d’actifs contribuent à favoriser le bon fonctionnement du marché et des conditions financières accommodantes, soutenant ainsi le flux de crédit aux ménages et aux entreprises » soulignait auparavant le communiqué de la Fed.La Fed a aussi revu à la hausse ses prévisions de croissance. Celle-ci pourrait atteindre les 7 % cette année aux Etats-Unis, contre 6,2 % prévus lors des dernières prévisions en mars. Quant à l’inflation, elle devrait dépasser les 3 % cette année, alors que les dernières prévisions faisaient état d’une hausse des prix de 2,3 %. Mais elle reviendrait à un niveau compatible avec les objectifs de la Fed dès l’an prochain, juste au-dessus des 2%.
Inflation passagère
« Les progrès de la vaccination ont réduit la propagation du Covid-19 aux Etats-Unis. Au milieu de ces progrès et d’un solide soutien politique, les indicateurs de l’activité économique et de l’emploi se sont renforcés. Les secteurs les plus touchés par la pandémie restent faibles mais ont montré une amélioration », explique la réserve fédérale, qui reste sur sa ligne : l’inflation constatée ces derniers mois n’est pas appelée à durer. « L’inflation a augmenté, reflétant en grande partie des facteurs transitoires », ajoute-t-elle. Pour Jerome Powell, les entreprises vont s’adapter et «l’offre est appelée à augmenter dans les prochains mois.» L’inflation devrait donc refluer.L’ inflation s’est nettement accélérée aux Etats-Unis sur les deux derniers mois. En avril, la hausse des prix à la consommation a atteint 4,2 %, puis 5 % en mai. Dans le même temps, les chiffres de l’emploi ont d’abord suscité l’inquiétude avant de rassurer les économistes le mois dernier. Mais le chômage demeure bien plus élevé qu’avant la crise, à 5,8 % de la population active (contre 3,5 % en février 2020).