Cet été 2022, les massifs forestiers souffrent de la sécheresse et des incendies à répétition. Le réchauffement climatique met les forêts à rude épreuve. Samedi 13 août, Nathalie Bréda, directrice de recherche à l’Institut National de la Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement à Nancy (Meurthe-et-Moselle) répond à nos questions.
Après un mois de juillet 2022 très éprouvant, des milliers de pompiers luttent en France contre de nouveaux feux dans des forêts complètement desséchées par les vagues de chaleur et le manque historique de pluie durant été.Â
Nathalie Bréda est directrice de recherche à l’Institut national de la recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement à Nancy (Meurthe-et-Moselle). « La forêt rend plusieurs services à l’homme et à l’environnement.
Elle assure bien sûr la production du bois. Mais aussi la protection des sols, par exemple en montagne, elle protège les sols de l’érosion. Dans les forêts, l’eau est filtrée par l’écosystème.
Sous les bassins forestiers, on a des pompages d’eau de très bonne qualité. Et donc, elles assurent la protection de la biodiversité. Et puis il ne faut pas oublier le plus connu : elles assurent l’accueil d’un public de plus en plus grandissant.
Un public qui logiquement n’a pas forcément conscience des problèmes de la santé de la forêt d’aujourd’hui ».
Depuis plusieurs années, avec les canicules et les sécheresses à répétition, les sapins et les arbres meurent plus vite. En 2019, le journal Le Monde expliquait que dans « la forêt vosgienne de Masevaux (Haut-Rhin), les sapins ont viré au rouge.
Environ 10 % d’entre eux sont déjà morts, épuisés par les sécheresses et les vagues de canicule à répétition. Une quantité similaire de hêtres a dépéri chez nos voisins suisses ».
Les scolytes s’attaquent avant tout à des arbres très affaiblis, qui n’ont plus l’énergie de se défendre.
La forêt est une solution pour atténuer le réchauffement climatique. Et surtout la crise sanitaire des forêts n’est pas irréversible. Donc rien n’est perdu.
Nathalie Bréda, directrice de recherche à l’INRAE de Nancy.
Victime de la sécheresse et d’attaques de ravageurs comme les scolytes, qui profitent de l’affaiblissement des arbres par la sécheresse, la forêt fait face à une réelle catastrophe sanitaire. Car la sécheresse a d’autres conséquences beaucoup plus insidieuses.
« Cette année nous sommes dans une grande période de crise sanitaire. Elle est là en fait depuis 2015 dans la région Grand Est », dit Nathalie Breda. « L’impact de la sécheresse est bel et bien là .
Quand ce sont des évènements ponctuels, les arbres ont le temps de récupérer, de se refaire une santé. Là ce qui se passe, c’est que l’on manque clairement d’eau. L’anomalie de la sécheresse implique un grand nombre de risques en cascade.
Nathalie Breda ajoute : Le plus connu étant celui des feuilles des arbres qui vieillissent trop vite. On a deux mois d’avance. En ce moment, nous sommes comme en automne, en plein été.
Encore une fois c’est la conséquence du manque d’eau et de la canicule. Cette année la saison de la végétation va s’arrêter maintenant ». Et cette année, sous l’influence du changement climatique, d’autres régions que la Provence-Côte d’Azur sont menacées comme en Bretagne où la forêt de Brocéliande a été touchée pour la première fois.
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En ce moment, la pompe qui libère le carbone est en mode ralentie ».Â
Nathalie Breda travaille sur le monde de la forêt depuis plus de 25 ans. Elle le connait bien.
Elle a même commencé ses recherches pendant la première grande canicule en 1976. « La forêt est une solution pour atténuer le réchauffement climatique ». Et surtout : « La crise sanitaire des forêts n’est pas irréversible.
Donc rien n’est perdu. Exemple en 2021 où il a beaucoup plu, ce qui à l’époque avait permis aux arbres de bien récupérer ».
L’anomalie de la sécheresse implique un grand nombre de risques en cascade.
Le plus connu étant celui des feuilles des arbres qui vieillissent trop vite. On a deux mois d’avance.
La troisième vague de chaleur de l’été 2022 devrait se conclure dimanche 14 août 2022 avec des orages sur la majeure partie de la France, accompagnés de fortes précipitations localisées, insuffisantes toutefois pour remédier à la sécheresse selon les prévisions de Météo-France.
Le mois de juillet 2022 pourrait être le plus sec enregistré en France depuis 1959.