La France du quantique veut surfer sur les levées records du secteur aux Etats-Unis


Publié le 7 nov. 2021 à 11:28Les spécialistes français de l’informatique quantique se sentent pousser des ailes. Un coup d’oeil sur les levées de fonds records enregistrées outre-Atlantique par les sociétés IonQ ou Psyquantum suffit à rehausser d’un cran leurs ambitions. « De telles opérations nous poussent à aller plus vite de notre côté également », confirme Charles Beigbeder, le cofondateur de Quantonation, un fonds d’investissement spécialisé dans les technologies quantiques.Classique, le phénomène d’entraînement qui pousse les concurrents d’une start-up bien financée à se doter de moyens comparables pourrait concerner plusieurs des 15 jeunes pousses (dont 11 européennes) au portefeuille du fonds français. « Pour être pertinent, le prochain tour de financement de Pasqal devra par exemple largement dépasser les 100 millions d’euros », détaille Olivier Tonneau, l’un des associés du fonds. Pour son futur ordinateur quantique à base d’atomes froids, Pasqal vient pourtant à peine de lever 25 millions d’euros en juin dernier.

Offres de rachat américaines

« Jusqu’à présent, nous n’avions aucune difficulté à nous financer mais c’est maintenant que cela va se jouer pour rester dans la course face aux Américains », alerte Charles Beigbeder, qui rappelle que l’Europe devra pouvoir compter sur des acteurs locaux pour certains calculs quantiques à dimension stratégique. Alors que la France compte investir 1,8 milliard d’euros dans le quantique d’ici 2025 via des financements publics et privés, la mobilisation des pouvoirs publics le rassure. Mais par ailleurs, l’entrepreneur voit déjà des sociétés américaines essayer, sans succès, de racheter des start-up sur lesquelles Quantonation a misé.Hormis cela, l’optimisme règne dans l’écosystème français du quantique. « Le sujet du financement a été identifié, c’est bon signe », relève Philippe Duluc, le directeur de la technologie de l’entité « Big Data et Sécurité » chez Atos. Pour le groupe informatique français, les progrès de multiples start-up du quantique sonnent comme une bonne nouvelle.

Atos guette l’horizon 2023 du quantique

Agnostique sur la technologie de processeur quantique, l’entreprise de Bezon – qui, à terme, souhaite fournir des ordinateurs quantiques à ses clients – voit s’ouvrir le champ des possibles. Pour évaluer l’efficacité des diverses technologiques et guider les clients de son activité de consulting, Atos a élaboré un système de notation unique au monde baptisé Q-Score.L’étape d’après consistera à intégrer les processeurs quantiques choisis par ses clients au sein d’un système hybride, mêlant supercalculateur traditionnel et informatique quantique. « Pour nous, c’est ça le futur du quantique. Nous sommes les seuls à travailler dessus, et nous pensons livrer nos premiers clients à l’horizon 2023 », détaille Philippe Duluc.En attendant, les ventes de son simulateur d’informatique quantique, appelé QLM, décollent. Elles contribuent à limiter la casse dans les comptes de l’entreprise malmenée sur d’autres marchés. En plus de nombreux clients dont Atos tait le nom, le centre de supercalcul galicien a acheté le premier QLM installé en Espagne. Le laboratoire suisse du CERN, où fut inventé le web, s’est aussi équipé.