Mis en ligne le 16/04/2022 à 00 :04
Les partis de gauche manœuvrent pour tenter de trouver un accord aux législatives. La France Insoumise a écrit à EELV, au PCF et au NPA en les invitant à rejoindre un label commun, celui de l’Union populaire, afin de construire une majorité politique.
La France Insoumise (LFI) a appris de ses erreurs. Alors qu’en 2017, les Insoumis, déjà en situation hégémonique après la présidentielle, avaient fait cavalier seul aux législatives, obtenant au final 11 % des voix et 17 députés, le parti de Jean-Luc Mélenchon prend, cette fois-ci, l’initiative de lancer des discussions. Les Insoumis ont proposé notamment aux écologistes et aux communistes d’entamer des discussions pour former une coalition pour les législatives de juin, en écartant le Parti socialiste.
Forts des 22 % des voix obtenues par leur candidat dimanche, ils ont posé leurs conditions : « un programme commun partagé » construit « à partir de celui qui a recueilli le plus de votes à l’élection présidentielle : “L’avenir en commun”
» de M. Mélenchon, ont-ils expliqué dans des courriers adressés à leurs concurrents de gauche. Les Insoumis leur proposent aussi de rejoindre un label commun, celui de « l’Union populaire » où ils pourront «
trouver leur place sans se dissoudre », a assuré, hier, le député Alexis Corbière sur LCI.
Enfin, ils proposent d’entamer les négociations sur une répartition des circonscriptions au prorata des scores du premier tour. Une proposition qui ne satisfait pas Europe Écologie-Les Verts (EELV), dont le candidat Yannick Jadot a obtenu 4,6 % des voix.
Des explications préalables
Julien Bayou, le secrétaire national du parti écologiste, a plaidé, hier, devant la presse pour « une proportionnelle, pondérée, lissée », qui tiendra aussi compte « des scrutins intermédiaires », comme les européennes ou les régionales, où les écologistes ont fait de bons scores. Il a cependant salué « l’ouverture de dialogue » de LFI pour « sortir de la redite stérile de 2017 », se disant disposé à des discussions. Mais Julien Bayou a proposé de construire plutôt « a minima un pacte de non-concurrence » pour les législatives, qui pourrait déboucher, «
si les discussions s’y prêtent, sur un socle commun de quelques propositions phares ».
Et il met en garde : pas question de faire « pénitence » pour les critiques contre Mélenchon pendant la campagne présidentielle, même si LFI réclame de la part de tous ceux qui ont formulé « des accusations souvent blessantes » qu’ils « s’expliquent devant les électeurs » et s’engagent « à cesser les attaques ». « Nous ne retirons pas grand-chose de ce que nous avons dit », a répondu M. Bayou, rappelant qu’il y a « des désaccords très importants (…) sur la politique étrangère du pays, en particulier sur le rapport à la Russie ou à des régimes autoritaires ».
De son côté, le patron des communistes Fabien Roussel (2,28 % à la présidentielle) a réclamé des discussions avec LFI « le plus vite possible » avant le second tour, affirmant qu’il n’y mettait « aucun préalable, aucune condition ». Mais il a prévenu : il faut « additionner nos voix, nos programmes et nos idées, même s’ils sont différents, et respecter ces différences », car le premier tour de la présidentielle « ne fige pas un rapport de force, sinon ce serait nier le vote utile ».
Les Insoumis n’ont pas adressé leur courrier au PS, dont la candidate Anne Hidalgo a essuyé le pire échec de l’histoire du parti (1,74 %). « Ce serait irrespectueux que de leur écrire parce qu’ils ont dit clairement qu’ils ne voulaient pas être avec nous », a expliqué Alexis Corbière, citant les critiques virulentes d’Anne Hidalgo et Carole Delga, tête montante du parti, contre Jean-Luc Mélenchon. EELV et PCF ont souhaité une discussion « ouverte à tous à gauche », tout en reconnaissant que seul Jean-Luc Mélenchon « a les clés ».