On imaginera donc facilement que cette conception toute relative du bien être de son peuple, couplée à un militarisme à tout va et à une paranoïa inhérente au statut de dictateur, feront d’Antón Castillo l’homme à abattre pour une bonne partie de la population. Et c’est là que vous intervenez, aux commandes de Dani Rojas -homme ou femme selon le choix du joueur, mais que nous qualifieront au féminin pour le reste de ce test- qui voit au départ son salut par la fuite vers les côtes floridiennes. Elle sera bien vite rattrapée par le devoir après la mort de son amie par ailleurs révolutionnaire à ses heures.
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C’est donc au cœur de la guérilla que commencera véritablement votre aventure avec les guérilleros de Libertad dirigés par une certaine Clara prônant des élections et une expression libres. Rapidement, celle-ci nous exposera ce qui fera la structure générale du jeu, à savoir une division de ce monde ouvert en trois zones, en plus d’une zone finale et d’une petite île faisant office de tutoriel -coucou Far Cry 5-. Là où ça fonctionne très bien dans cet opus, c’est que le scénario justifie pleinement cette scission en plusieurs zones, mais aussi nos nombreux allers et retours dans la pampa “yaranne”, puisque notre mission principale est de rassembler sous la même bannière tous les larrons qui ont quelque griefs contre El Presidente. Des groupuscules tous plus atypiques et violents les uns que les autres, pour l’heure occupés à se livrer à leurs exactions dans leur coin sans une once de coordination, ce qui arrange bien le régime (diviser pour mieux régner, tout ça tout ça…). Alors, on rend des services, on capture des points, on libère telle ou telle figure de la guérilla, et petit à petit on se fait un nom tout en libérant, territoire après territoire, l’île du joug de l’oppresseur.
Le nerf de la guérilla
Un bon exemple de concordance ludo-narrative, trop rare dans ce type de jeu, concerne d’ailleurs les canons anti-aériens. Ces derniers peuvent sembler de prime abord être des points d’intérêt parmi tant d’autres à pacifier (comprendre “réduire à néant”), sauf que leur destruction est justifiée par le gameplay lui-même. En effet, impossible de survoler les zones à portée desdits canons -et au début du jeu, il y en a BEAUCOUP-, sans se faire abattre manu militari. Alors avant de monter à bord d’un hélicoptère ou d’un avion, on va patiemment les dynamiter pour après être libre de parcourir les cieux magnifiques de Yara. Une idée toute bête qui intègre parfaitement ces tâches secondaires à l’univers du jeu, et de fait on a beaucoup moins l’impression de les enchaîner un peu mécaniquement, juste pour quelques ressources ou points d’expérience.
On aurait pu s’attendre à un message politique prégnant, avec notamment le grand méchant magnifiquement interprété par Giancarlo Esposito, mais le studio n’en a fait que peu de choses. Dommage. DR
A quelques semaines de la sortie, nous avons pu interroger les équipes sur la portée dramatique et sérieuse qu’elles comptaient insuffler au jeu. Les révolutions et autres guérillas sont des processus encore à l’œuvre dans certaines parties du monde et souvent avec des conséquences graves pour les populations sur place. Allait-il donc être question d’un Far Cry un peu « pan pan boum boum », ou au contraire un jeu au message politique prégnant ? On nous a répondu que les deux n’étaient pas forcément incompatibles et qu’il était question aussi de “propos sérieux et d’idées complexes abordées”. Bon, on ne va pas se mentir, c’est plutôt vers la première catégorie que le jeu s’oriente. Alors bien-sûr, dans un univers tellement inspiré de Cuba, avec un despote ultra autoritaire au pouvoir et des firmes américaines qui lorgnent sérieusement sur cette manne financière, on n’est dans un jeu à l’aspect politique central. Pourtant, le studio n’en fait que très peu de choses et on comprend bien vite là où on se dirige dans l’un des premiers dialogues du jeu lorsqu’on apprend que Dani est la personne la plus indiquée pour la mission qui lui est dévolue parce qu’en tant qu’orpheline sans attache, pour elle la guérilla : “c’est fun”.
Vous prendrez bien une pluie de missiles ?
On le voit aussi avec certains équipements de notre héroïne, résoluments loufoques, à commencer par la catégorie Revolver, qui comme son nom ne l’indique pas, n’a rien à voir avec un quelconque Colt, mais fait référence aux armes fabriquées à base de bric et de broc que nous fournit ce cher Juan. Entre le lance disque -pas d’une disqueuse, il s’agit de vrai CD “Macarena”-, l’arbalète à clous ou le “Zeusito”, capable d’électriser les ennemis, on se place davantage du côté humoristique que du véritable arsenal de guérilleros. Et alors quand on commence à évoquer les Supremo, ces sacs à dos complètement improbables capables de faire s’abattre une véritable pluie missiles sur les soldats de Castillo, ou encore générer un immense cercle de feu autour de notre héroïne, on aura compris que oui, Ubisoft voulait surtout un jeu fun plutôt que faire vivre les côtés “réalistes” d’une guérilla. Et ce n’est pas un problème en soi ! D’ailleurs, ce que le développeur fait dans ce Far Cry, il le fait plutôt bien. On a un super ressenti avec tout l’arsenal disponible, les Supremo, bien que surprenants, sont très fun à jouer et permettent d’ailleurs une bonne personnalisation de nos caractéristiques grâce à des modificateurs et de nos gadgets, avec 4 “slots” disponibles.
On sent clairement qu’avec la catégorie d’armes Revolver, le studio a mis le paquet sur le fun. DR
La personnalisation justement a été largement mise en avant dans cet opus. Les tenues composées de cinq éléments (casque, veste, pantalon, chaussure et gants), les modificateurs d’arme, les munitions spéciales, les modificateurs de Supremo, les différents compagnons disponibles… Il y a de quoi faire pour orienter Dani vers tel ou tel archétype de personnage. Le côté pratique ? On peut changer tout ça assez facilement, pour adapter son build à la situation ou aux adversaires auxquels on va faire face.De fait, les approches varient. Comme depuis de nombreuses années maintenant dans la série, à l’approche d’un point contrôlé par l’ennemi, on a le choix entre la méthode bourrine et l’infiltration. En général, cette dernière paie davantage que la première, avec des bonus supplémentaires si les alarmes ne sont pas déclenchées. Mais avec le recul, c’est aussi LA méthode la plus efficace pour nettoyer un camp. On a d’ailleurs trouvé les fusils de précision terriblement (trop ?) efficaces. Il suffit de se camper en hauteur avec un sniper + silencieux + balles perforantes et ciao tout le monde alors que Dani agrémente ses headshots d’un nonchalant “buenas noches !”. C’est bigrement efficace, d’autant que l’IA des ennemis est assez souvent aux fraises, on les voit par exemple tourner en rond autour de notre promontoire sans comprendre que les balles qui les dézinguent comme des pigeons viennent du dessus…
Joli, mais pas au niveau de la next-gen
Pour le reste, c’est un excellent monde ouvert que nous propose là Ubisoft. Varié, grand (très grand), on se croirait vraiment sur une île des Caraïbes. On passe une montagne et notre road trip le long de la plage de sable blanc prend une autre tournure alors que l’on fait nos premiers pas dans une jungle ultra dense ou dans une mangrove dont on perçoit presque la moiteur. On regrettera cependant que les détails ne soient pas à la hauteur de la next-gen, notamment les textures un peu grossières et les animations des visages qui n’ont pas bougé depuis Far Cry 3. Techniquement, le jeu se rattrape sur la grandeur de ses environnements et sur ses très jolis effets de lumière qui donnent, notamment au soleil couchant, de superbes rendus.
Certains effets de lumière offrent vraiment un peu rendu. DR
Par ailleurs, dans les petites villes et villages, les PNJ sont tristement figés à une seule activité (découper du poisson, assis au bar, lire un journal…) et ne “peuplent” pas vraiment l’open world. Le résultat est d’autant plus frappant dans la capitale, Esperanza, terriblement vide. A certains moments, c’est simple, en dehors de la circulation il n’y a personne sur les trottoirs ni sur les places.
La salsa du démon
D’ailleurs Nul doute qu’il va falloir réfléchir à faire évoluer ce moteur qui semble avoir atteint ses limites depuis bientôt 10 ans. Qui sait, peut-être pour le prochain, avec cette fois Bryan Cranston comme grand méchant ? Allez, on y croit !
En bref
On a aimé
Pour une fois, le gameplay sert l’univers avec des missions qui s’intègrent bien dans ce contexte de guérilla.- La bande son vraiment au top.- Les armes et les situations très orientées « fun ».- La personnalisation assez poussée afin de varier les approches.
On a moins aimé
Les graphismes un peu grossiers de près.- Le côté dramatique peut-être trop laissé de côté. Des personnages meurent et on ne se sent que peu impacté.