La Macronie lance sa campagne sans candidat


JEAN-FRANCOIS MONIER

Stanislas Guérini, le patron de LREM

   

« Bonjour, je suis le patron de la République en Marche »  : ce 10 novembre, dans les cages d’escalier des immeubles du centre-ville d’Orléans ou dans les allées du marché nocturne, la première réaction est toujours la même face à Stanislas Guerini, le délégué général de LREM  : un gros étonnement. Les gens se demandent qui est ce monsieur très affable venu leur parler du bilan d’Emmanuel Macron. « C’est un problème, concède un militant macroniste qui l’accompagne. Il n’est pas du tout connu ». 

La Macronie lance sa campagne sans candidat

Parti « virtuel » ou « hors sol »

Avec ce manque de notoriété, Stanislas Guerini se frotte aux difficultés du porte à porte. Certaines portes se ferment  : « Macron ? Ah, non merci ». Mais l’accueil est plutôt bienveillant dans ce quartier assez aisé du centre-ville. Utilisant son appli militante sur son téléphone, le patron de la République en Marche fait défiler le questionnaire sur le bilan (qu’est-ce qui vous a plu ou déplu ?) et les préoccupations pour l’avenir, après la présidentielle. Les réponses sont hésitantes -« vous savez, je ne m’intéresse pas du tout à la campagne », admet une jeune femme- et très générales -l’emploi, le pouvoir d’achat. A la fin du bref entretien, l’équipe de marcheurs laisse un tract qui vante les réalisations du quinquennat, avec des chiffres pour le département du Loiret : 40 % d’apprentis en plus, 14.278 entreprises aidées pendant la crise et 34 projets financés par le plan de relance.    

Et avec la crise sanitaire Guerini a été très contesté après ces résultats, visé par de nombreuses critiques d’opposants et d’experts sur son « parti virtuel » ou « hors sol ». « Localement, LREM a mauvaise presse », admet un conseiller ministériel. « C’est très long de construire un ancrage local. Mais pour cette élection, avec notre bilan, nous sommes la force la plus convaincante de France », se rengorge le patron de LREM.

« Quand Emmanuel Macron va-t-il se déclarer? »

en cas de réélection d’Emmanuel Macron. Le patron de LREM affiche ses principes : un seul candidat de cette « maison commune » par circonscription, en accordant la priorité aux candidats sortants. Négociation délicate en vue.

Une vaste opération de débauchage de maires de gauche et de droite

L’autre initiative pour élargir la majorité, c’est celle des « Comités de soutien au Président », qui se sont multipliés, après la publication d’une tribune favorable à l’action d’Emmanuel Macron par plus 300 élus de droite et de gauche, suite aux décisions sur le pass sanitaire, le 12 juillet. Environ 200 comités de soutien sont déjà créés sur le territoire, et 200 en cours de création, fédérés par une très secrète « Association pour la réélection d’Emmanuel Macron », dont les statuts vont être déposés ces prochains jours. Une structure qui sera dirigée par Sébastien Lecornu, le ministre des Outre-mer, l’un des hommes forts de la campagne. Dans le Loiret, trois comités de soutien ont déjà été lancés  : « On va essayer d’attirer des élus parfois critiques à notre égard mais qui ont envie de soutenir la candidat Macron, sans pour autant prendre la casquette En Marche », explique un militant macroniste. De fait, c’est une nouvelle opération de débauchage d’élus de droite (surtout) mais aussi de gauche, qui pourraient retourner leur veste si leurs candidats ne décolle pas. Par exemple, les maires socialistes de Montpellier (Michaël Delafosse) et de Marseille (Benoit Payan) sont dans le viseur  : « Si Hidalgo reste aussi bas dans les sondages, ils nous rejoindront », espère un responsable de Territoires de Progrès, un parti qui devrait déjà accueillir le socialiste François Rebsamen, maire de Dijon. Une stratégie de débauchage qui vise ainsi à dépasser les limites d’En Marche dans les territoires : peu implanté et dirigé par des quasi-inconnus.