qu’il appelle de ses voeux.
Les pavés auxquels nous a habitués Thomas Piketty sont, sinon décourageants, du moins intimidants. « C’est intéressant ce que vous écrivez, mais peut-être pourriez-vous faire plus court, pour que je puisse partager vos recherches avec mes amis, ma famille? », l’avaient ainsi imploré tant de lecteurs. Une brève histoire de l’égalité (1) vient précisément répondre à cette attente. L’auteur du Capital au XXIe siècle, best-seller paru au Seuil et vendu à plus de 2,5 millions d’exemplaires à travers le monde, propose cette fois une synthèse de ses principaux travaux sur l’histoire des inégalités et aiguise ses propositions pour préparer l’avènement d’un « socialisme démocratique, écologique, et métissé ». Mais Thomas Piketty est aussi cet économiste engagé qui a le sens du timing. Par cette contribution à quelques mois de l’élection présidentielle française, le professeur à l’Ecole d’économie de Paris ne cache pas son ambition que la thématique des inégalités sociales s’impose dans le débat public – voire supplante celle des conflits identitaires -, même si, nous a-t-il confié, il n’a pas encore arrêté son choix sur un candidat…
par exemple sur le plan de l’inégalité « raciale »laissant entendre qu’on ne peut pas faire autrement à la fin de cette décennie Il part d’une idée intéressante qui est que la sécurité sociale a permis un début de dépassement du capitalisme – ce avec quoi je suis entièrement d’accord. Il propose d’aller plus loin en créant une caisse de salaire et une caisse d’investissement dont l’objectif serait de socialiser la totalité du salaire – pas seulement les cotisations. Ensuite, la caisse de salaire répartirait les travailleurs du pays, admettons sur une échelle de un à quatre, en fonction de leurs qualifications, et c’ est la caisse d’investissement qui déciderait de valider tel ou tel projet. Toute la question est: qui décide? Et comment? A ce sujet, Bernard Friot n’est pas très loquace. Il dit: soit on tire au sort, soit via des membres élus de la caisse d’investissement. Je trouve ça un peu court. Dans le paysage politique tel qu’il se dessine en vue de la présidentielle française de 2022, quel parti vous semble le plus à même de porter vos propositions? Soutiendriez-vous un candidat, comme vous l’aviez fait en 2017 pour le socialiste Benoît Hamon? Le climat actuel est imprévisible. A ce stade, je n’en sais rien. Mais en dernière instance, je voterai, parce que c’est trop facile de se soustraire à cet exercice. Pour l’instant, je ne peux pas m’engager pour un candidat à gauche qui prétend avoir raison tout seul, ce qui semble être le signal envoyé par les trois grands pôles à gauche en France (écologistes, socialistes et insoumis). Je pense qu’ils portent, chacun, une responsabilité. On a besoin de tout le monde, mais pour de vrai, sur le fond, au-delà de la question des personnes et de l’incarnation.