Publié le 12 janv. 2022 à 16:45Mis à jour le 12 janv. 2022 à 16:58« C’est vraisemblablement le plus grand festival de quatuors à cordes au monde », s’enthousiasme Emmanuel Hondré, directeur du département concerts et spectacles de la Philharmonie de Paris – et directeur général de l’Opéra de Bordeaux à compter du 17 janvier. Il est vrai que la manifestation n’a pas d’équivalent. Douze jours durant se réunissent, à raison de deux rendez-vous quotidiens, quelques-uns des meilleurs ensembles internationaux : connus (Arditti, Belcea, Borodine, Casals, Danel, Diotima, Ebène, Hagen, Jérusalem, Modigliani), jeunes en pleine ascension (Arod, David Oïstrakh, Hanson, Tchalik, Van Kuijk) et à découvrir (Simply).La ligne directrice de cette 10e édition de la Biennale de quatuors à cordes est balisée par les quatorze numéros que laisse Dvorak, dont seul le douzième, intitulé « Américain », à la faveur des concerts. A la découverte de cet important corpus s’ajoute celle, essentielle, d’oeuvres contemporaines, données parfois en création mondiale. Benjamin Attahir, Violeta Cruz, Clara Olivares, Philippe Manoury, entre autres, feront entendre comment cet ensemble si particulier de quatre archets peut sonner aujourd’hui. Comment depuis les pionniers Haydn, Mozart et Beethoven, ce genre considéré comme le plus rigoureux de la musique occidentale, le plus raffiné, le plus pur, le plus riche de chefs-d’oeuvre mais aussi le plus exigeant a pu évoluer.
Infinie variété
« D’un grand instrument à seize cordes à l’homogénéité souveraine, le quatuor est devenu une entité capable de produire des sons de nature très différente », ajoute Emmanuel Hondré. Malgré ses limites théoriques, son origine familiale unique (violon, alto et violoncelle adoptent la même forme) a priori peu propice aux contrastes de couleurs et de styles, il est a su en effet développer, grâce à l’audace et l’imagination des compositeurs, des modes de jeu, des façons d’appréhender la note, le timbre, le geste, le collectif et l’individuel, d’une infinie variété. Bartok, Chostakovitch, Ligeti, également au programme, en attestent. Derrière une unité de façade bourdonne ainsi une infatigable ruche musicale.En plus d’une affiche royale, la biennale propose des conférences, des master classes, des activités pour les enfants, un concours de lutherie, ouverts aux professionnels et aux écoles, et, dimanche 16, une journée complète, en entrée libre, consacrée à des auditions de quatuors : « Ce n’est pas un concours, il n’y a pas de prix, personne n’est rémunéré. Le seul but reste la découverte en écoutant, en direct et en public, les avis d’une commission de spécialistes, programmateurs et musiciens. Une telle densité n’existe nulle part ailleurs. On peut être fier. » Vite à la Philharmonie de Paris !