Sécheresse dans l'Aude : "La situation se dégrade plus vite que prévu" pour l'accès à l'eau potable dans le départ...


André Viola, président du syndicat Réseau Solidarité Eau 11 (Réseau11), revient sur les interruptions d’approvisionnement en eau potable que subissent encore cet hiver plusieurs communes audoises. Et insiste sur la nécessité de penser les questions de production, de sécurisation et d’interconnexion des ressources à l’échelle départementale.

la structure est devenue syndicat mixte ouvert. Un pas pour agir et peser plus encore sur la question de la sécurisation de l’approvisionnement en eau potable des populations, puisque l’adhésion du Département signifie notamment l’entrée dans le champ d’action de Réseau11 de l’usine de potabilisation dont le conseil départemental est propriétaire en aval du barrage de La Prade. Alors que jusqu’à 1 500 Audois ont été concernés, en plein cœur de l’hiver, par un approvisionnement en eau potable par des citernes, le président de Réseau11, André Viola, revient sur cette question qui va se poser de façon inévitablement plus accrue dans les années à venir.

Sécheresse dans l'Aude :

A lire aussi :

Sécheresse dans l’Aude : pour gérer les pénuries d’eau potable, le Département joue la carte de la solidarité

A lire aussi :

Sécheresse dans l’Aude : comment ce village fait face à la pénurie d’eau potable qu’il subit depuis de nombreux mois

Plus de 1 500 Audois sont encore concernés par un approvisionnement en eau potable par citernes au cœur de l’hiver. Êtes-vous étonné par cette situation ?

Étonné, oui et non. Oui, parce que je n’aurais pas forcément pensé à certaines communes concernées, comme Coustouge et Jonquières, qui ont adhéré à Réseau 11 et avaient fait des travaux pour faire face à des questions d’approvisionnement. Mais ils ont finalement été très vite confrontés à des problèmes qu’ils croyaient avoir résolus. Non, car de façon plus générale, le schéma de l’eau potable réalisé par le Département en 2018 montrait qu’il y avait déjà des situations de pénurie et qu’il y en aurait d’autres.

A lire aussi :

Sur certains territoires, ça passera par du forage ; sur d’autres, par de l’interconnexion avec des réseaux déjà existants

et le printemps n’augure rien de bon

A lire aussi :

Sécheresse dans l’Aude – L’inquiétude monte dans ce village privé d’eau potable depuis des mois : « Il ne pleut pas, on est en mars, les gens commencent à flipper »

Comment répondre à l’enjeu de l’accès à l’eau potable à l’échelle de communes d’aussi petites tailles que dans l’Aude ?

Il faut s’adapter à tous les territoires : sur certains, ça passera par du forage ; sur d’autres, par de l’interconnexion avec des réseaux déjà existants. J’ai toujours répondu à des maires qui m’assuraient disposer d’une source et être tranquilles pour leur approvisionnement qu’ils pouvaient à tout moment faire face à une ressource qui se tarit soudain ou encore à un problème de pollution. C’est pour ça qu’il faut sécuriser la ressource. Mais il faut dézoomer sur ces questions de production et d’interconnexion à l’échelle départementale, pour faire jouer le principe de la péréquation et de la solidarité. Si on prend le seul exemple de la protection d’un captage, c’est un enjeu à 40 000 € avec quatre ou cinq ans de procédure : pour la moitié des communes du département, au regard de leur taille et de leur budget, c’est le chantier d’un mandat.

A lire aussi :

Sécheresse dans l’Aude : ces Audois suspendus au ballet des camions-citernes pour avoir de l’eau potable

En quoi l’adhésion du Département à Réseau 11 change-t-elle la donne et quel est l’enjeu de l’échéance du 1er janvier 2026, date du transfert obligatoire des compétences eau et assainissement aux intercommunalités ?

La première décision liée à l’adhésion du Département, c’est de mettre à jour le schéma de l’eau potable, car on voit que les choses ont évolué, et pas dans le bon sens. C’est aussi l’occasion de donner aux communautés de communes une vision de ce que signifiera leur prise de compétence, sur les questions de distribution, de gestion, de recherche de fuite. Une rencontre à venir avec les présidents d’interco sera aussi l’occasion de leur dire qu’ils ont la possibilité de scinder les questions de protection de la ressource et de production d’eau potable. Cela veut dire qu’en 2026, on pourrait aller sur des adhésions en bloc d’interco à Réseau 11, et ainsi gérer la question de l’eau potable de la source au château d’eau.

(*) Dont 29 communes sur 83 de Carcassonne Agglo (soit 38 000 habitants), les 43 communes de la communauté de communes Castelnaudary Lauragais Audois (28 000 habitants), les 36 communes de la CdC Piège Lauragais Malepère (17 000 habitants) ; s’ajoutent 64 autres communes réunissant 17 000 habitants. Réseau11 exerce la compétence « Protection de la ressource en eau » pour 207 communes et 157 000 habitants.