Le Premier ministre Jean Castex a présenté lundi 16 mai sa démission et celle de son gouvernement à Emmanuel Macron. Durant les 22 mois qu’il a passés à la tête du gouvernement, Jean Castex a fait part d’une rhétorique de l’image dans tous les sens du terme d’ailleurs. Au moment de dresser le bilan de son action au gouvernement, c’est finalement beaucoup de son image en tant que Premier ministre qu’il est question. Il y a par exemple cette vidéo de décembre 2020 que l’on a vu ressurgir, dans laquelle on voit Jean Castex, en pleine conférence de presse, chercher désespérément ses lunettes, qui sont en fait bien en place sur son nez ! Et puis, bien sûr, son accent, qui a été la source de nombreux commentaires, au point que lui-même en plaisantait.
en l’occurrence En rhétorique, jouer sur l’image que l’on renvoie, c’est ce que l’on appelle travailler son ethos.
Le Premier ministre français sortant Jean Castex (à gauche) et son successeur, l’ancienne ministre du Travail Elisabeth Borne (à droite), arrivent pour des discours lors d’une cérémonie de passation de pouvoir dans la cour de l’hôtel Matignon, à Paris le 16 mai 2022 (LUDOVIC MARIN / POOL)
Pour Jean Castex, travailler son image est passé, notamment, par le fait d’employer des images. Au fil des mois, il nous a proposé de très nombreuses métaphores. « Ce qui bouge madame, c’est le virus. Vous savez, il est un peu imprévisible. Il nous fait des cadrages-débordements comme on dit au rugby. / Ne cherchez pas à juger notre stratégie vaccinale qui va prendre plusieurs mois. On ne juge pas un match qui va durer 90 minutes à la deuxième seconde. / Le virus galope et vous tirez sur le frein à main. Que pensent nos concitoyens de ces facéties. »
« Le virus fait des cadrages débordements ; la vaccination est un match qui ne se juge pas à la deuxième seconde ; le virus galope, et certains tirent sur le frein à main. » Des métaphores sportives, automobiles, animales, bref : inspirées du savoir et de la culture populaire. Et ce n’est pas fini. À l’occasion de la campagne électorale, Jean Castex nous a confié son amour pour les fables de La Fontaine. « Il y a un chat qui s’appelle Raminagrobis, lance Jean Castex. Ce chat il est tout doux, tout gentil et quand ce pauvre petit lapin et cette pauvre belette arrivent jusqu’à lui, il les croque. Il les mange. C’est ça. Derrière Marine, il y a toujours un Le Pen, il faut quand même le rappeler. » Jean Castex va donc puiser ses images ses allégories dans la sagesse populaire, et ses métaphores dans les loisirs du quotidien.