La saison dernière, le Rochelais Kévin Gourdon a eu « l’impression de travailler pour rien » et a « horreur de...


Votre dernier match date d’il y a deux mois ; le temps a été très court, attaquez-vous cette nouvelle saison à fond ?

Toujours  ! Ça a été court et à long à la fois. Court dans la prépa mais on a quand même eu pas mal de vacances, qui nous ont fait énormément de bien. On va retrouver notre public, que l’on attend avec impatience. Je suis sûr que ça va être extraordinaire. Donc oui, que dimanche (5 septembre à 21 h 05, pour le match La Rochelle – Toulouse de la première journée) arrive vite.

La saison dernière, le Rochelais Kévin Gourdon a eu « l’impression de travailler pour rien » et a « horreur de...

Vous parliez de vos cinq semaines de vacances, étaient-elles d’autant plus nécessaires pour tourner cette page 2020-2021 ?

C’est que la saison a été longue… De toute façon, les saisons sont longues, encore plus quand tu vas au bout des compétitions. Il y a eu des sentiments négatifs après la finale de Top 14 donc, oui, ça nous a fait beaucoup de bien.

Combien de temps cela prend, pour passer à autre chose ?

Je ne pourrais pas vous dire mais ça a été dur à digérer. Les deux finales (en Champions Cup et Top 14) étaient complètement différentes et la deuxième (perdue 18-8 en Top 14 contre Toulouse), c’est vraiment nous (de la faute des Rochelais, NDLR).

Avez-vous compris, avez-vous reparlé entre vous de ce qu’il s’était passé ce soir-là ?

On en a reparlé un petit peu là, pour justement essayer de ne pas reproduire les mêmes erreurs. Mais on se sabote tout seul, et je nous en veux énormément d’un point de vue personnel, parce que là c’étaient nous contre nous-mêmes, et on a failli.

Mais avez-vous une explication ?

Il n’y en a pas  ! C’est compliqué de mettre des mots sur quelque chose qu’on ne sait pas expliquer. On ne sait pas pourquoi on est passé à travers comme ça.

Psychologiquement, il vous faut désormais repartir sur une page blanche…

Il y a eu pas mal de temps pour faire le point, collectivement et individuellement. On a mis ça derrière nous. On va… (il réfléchit). Je n’aime pas trop dire « on va apprendre et ça va nous servir, etc. », car ça fait une paire d’années qu’on dit ça. Mais à nous de ne pas reproduire les mêmes erreurs si jamais on y retourne. La finale, on l’a analysée en rentrant, pour déchirer la page et commencer un nouveau chapitre.

Avez-vous réussi à prendre du recul sur votre saison et à y voir du positif, rien que sur le fait d’avoir disputé deux finales ?

Individuellement, non, car j’ai l’impression d’avoir travaillé pour rien, d’avoir fait tous ces efforts et de repartir avec la médaille en chocolat. Tout le monde nous l’a dit  : ça a été une saison extraordinaire pour le Stade Rochelais car on n’était jamais arrivé en finale de ces compétitions ; mais en tant que personne, j’ai vraiment eu ce sentiment d’avoir travaillé très, très dur, pour finalement rater UN match. Travailler pour rien, j’ai horreur de ça. C’est ce sentiment-là qui prédominait. Maintenant, c’est digéré.

Ronan O’Gara a été marqué par le fait que vous étiez justement très marqué après la finale de Top 14… Ces deux défaites, vous les voyez comme deux grosses occasions manquées ?

Bien sûr  ! J’étais déçu par moi-même car je n’ai pas joué à mon niveau alors que c’étaient les phases finales. Cette finale de Top 14 m’a fait énormément de mal. Même sur le terrain, à 10-15 minutes de la fin, je savais très bien qu’on n’allait pas gagner. J’étais dévasté, quoi… Je me suis dit qu’on manquait encore une occasion et qu’on n’allait pas nous en donner 50 000.

Vous parliez de digestion, la culpabilité passe-t-elle au bout d’un moment ?

Oui. C’est comme tout, je ne vais pas ruminer ça éternellement. Je suis le maître du navire à bord, donc si je fais du caca, c’est de ma faute.

« J’étais dévasté. Je me suis dit qu’on manquait encore une occasion et qu’on n’allait pas nous en donner 50 000 »

Recevoir au premier match met toujours une forme de pression, on l’avait vu avec Montpellier l’an dernier, qui ne s’est jamais relevé de sa défaite initiale (battu par Pau, 23-26). Sentez-vous cette pression supplémentaire ou le plaisir de retrouver Deflandre efface-t-il tout ça ?

Vous avez répondu à votre question, bravo (rires)  ! C’est exactement ça, on est impatient de commencer le championnat chez nous. On sait que ça a été dur pour les supporteurs, et pour nous aussi, de ne pas les avoir tous les week-ends au stade. Donc on va tout faire pour avoir une belle fête.

Et sentez-vous Ronan O’Gara monter en pression sur la préparation de ce match ?

Non, il est bien, je pense qu’il est focus sur son travail, et nous, on l’est sur le nôtre.

Avec le public, vous allez beaucoup moins l’entendre…

Surtout vous  ! Et l’arbitre (rires). Non, ça va nous faire bizarre, mais c’est tant mieux.

Avec les changements dans le staff, y a-t-il des choses qui ont bougé dans votre préparation estivale par rapport à celle de la saison dernière ?

Pas spécialement. Il y a eu deux-trois ajustements, on a un nouvel entraîneur de la mêlée (Gurthrö Steenkamp), on travaille différemment sur certains aspects, mais fondamentalement, on est sur la même lignée.

Vous jouez contre Toulouse, vous allez au Racing, à Clermont, puis irez à Montpellier après avoir reçu Biarritz ; on dit que ce championnat est un marathon mais là il faut partir au sprint…

Je crois que ça fait cinq ou six ans que je dis ça chaque année  : c’est de plus en plus homogène. À part l’année dernière où Agen était vraiment en bas de classement, c’était compliqué tous les week-ends. Ça se resserre, ça se resserre, et on voit qu’à une ou deux journées de la fin, ça peut finir de 4e à 8e. Il y a des très gros, comme Toulouse, qui est double champion en titre. Mais ça va être dur à chaque rencontre, et même face aux promus.