portant à 152 le nombre total d’infections locales en cinq jours dans trois villes de la province, dont Xiamen, une ville portuaire de cinq millions d’habitants appréciée des touristes. Le premier cas a été repéré dans la ville de Putian le 10 septembre.
Il serait lié à un voyageur en provenance de Singapour, pourtant testé trois fois négatif durant sa stricte quarantaine en hôtel fermé à son arrivée en Chine.Très vite, les habitants de Putian et Xiamen ont été invités à ne pas quitter leur ville et les lieux publics comme les écoles, les cinémas, les restaurants ont été fermés. Comme à chaque résurgence du virus – même très limitée -, les autorités déploient des mesures draconiennes, avec campagne massive de test, recherche des cas contacts, mise en quarantaine et bouclage de certains quartiers.
Frontières fermées
Très contagieux, le variant Delta met à rude épreuve la stratégie « zéro Covid » de Pékin, l’une des plus stricte au monde. Le pays a beau être quasiment fermé depuis mars 2020, les contaminations dans le Fujian surviennent alors que la Chine vient à peine d’endiguer une vague de contaminations partie fin juillet de Nanjing (à l’est du pays) avant de se répandre dans 17 provinces. Auparavant, la région industrielle du Guangdong avait, elle aussi, été touchée par une résurgence de l’épidémie, également attribuée à l’arrivée du variant depuis l’étranger.
Détention
Comme dans d’autres pays asiatiques, le variant Delta a poussé certains virologues chinois à s’interroger publiquement sur la pertinence du maintien de cette politique de tolérance zéro. Zhang Wenhong, expert en maladies infectieuses de Shanghai, a estimé fin juillet qu’il fallait « apprendre à vivre avec le virus ». Mais il a dû faire marche arrière, accusé par les internautes de « véhiculer des idées étrangères » et – comme par hasard – suspecté de plagiat par son université.
Une enseignante a, elle, été placée 15 jours en détention pour avoir suggéré que la Chine pouvait « cohabiter » avec le virus, dans un simple commentaire en ligne d’un article de presse.L’une des raisons du maintien de l’approche existante a été de gagner du temps avant que la Chine atteigne l’immunité collective grâce à la vaccination. Avec 2,15 milliards de doses administrées, la Chine se rapproche à grand pas de son objectif de 80 % de sa population vaccinée à la fin de l’année, le taux nécessaire pour espérer une immunité collective, selon Zhong Nanshan, épidémiologiste en première ligne dans la gestion de l’épidémie.
Il n’est pas possible d’atteindre l’immunité avec le schéma vaccinal existant en ChineYanzhong HuangChercheur en santé mondiale au Council on Foreign Relations
Mais la souche Delta rend cet argument non pertinent, estime Yanzhong Huang, chercheur en santé mondiale au Council on Foreign Relations. « Il n’est pas possible d’atteindre l’immunité collective avec le schéma vaccinal existant en Chine », estime ce dernier dans le « New York Times ».
Interrogation sur les vaccins
L’efficacité des vaccins chinois soulève des inquiétudes : cet été, la majorité des nouveaux cas de Nanjing étaient des personnes vaccinées.
Dans le Fujian, les autorités sont confrontées pour la première fois à une poussée des cas en milieu scolaire, relançant le débat sur la vaccination des enfants. La Chine a commencé à injecter une troisième dose pour les personnels à hauts risques (aéroports, ports, etc.).
« Xi Jinping a fait de la maîtrise de l’épidémie l’an dernier une victoire personnelle, rappelle un diplomate occidental à Pékin. A six mois des Jeux Olympiques de Pékin et à un an du XXe Congrès du Parti communiste, il ne prendra certainement pas le risque de changer de stratégie et baisser la garde face au virus. ».
Les frontières chinoises ne sont pas près de se rouvrir.