Pourquoi aimons-nous autant le goût sucré ? Une experte répond


Le sucre, un glucide simple qui constitue une source rapide d’énergie pour le corps, est présent dans de nombreux aliments et boissons que nous consommons quotidiennement, des fruits, légumes et produits laitiers aux bonbons, pâtisseries et autres desserts. Comme le rappelle le Conseil de l’Information sur l’Alimentation en Europe (EUFIC) à ce sujet, les sucres sont importants en tant que source directe d’énergie pour notre cerveau et nos muscles car ils ont leur place dans une alimentation saine. « Cependant, au cours des dernières décennies, avec la disponibilité croissante des aliments et boissons riches en sucre, la consommation de sucre au sein de notre alimentation a augmenté au-delà de ce qui peut être considéré comme sain pour beaucoup d’entre nous. Les sucres contenus dans les boissons gazeuses ont été directement associés à une surcharge pondérale et à l’obésité, particulièrement chez les enfants et les adolescents. Par conséquent, la majorité des guides nationaux d’alimentation saine nous recommandent de limiter notre consommation d’aliments et boissons riches en sucre. », précise l’organisme.A découvrir également :Le sucre : définition et types de sucresSelon ses lignes directrices, l’Organisation mondiale de la Santé recommande depuis l’année 2015 de ramener l’apport en sucres libres (tous les monosaccharides et disaccharides ajoutés aux aliments par les fabricants, les cuisiniers, ou bien lors de la préparation de repas à la maison, en plus des sucres naturellement présents dans le miel, les sirops et les jus de fruit) à moins de 10% de la ration énergétique totale chez l’adulte et l’enfant. Il serait même encore meilleur, selon elle, de réduire l’apport en sucres à moins de 5% de la ration énergétique totale, soit à 25 grammes (6 cuillères à café) environ par jour. Prudence par ailleurs quant au fait que les sucres sont parfois classés comme « naturels », « totaux », « libres » ou « ajoutés », ce qui peut laisser penser que certains sont plus « sains » que d’autres : non, les sucres naturels ne sont pas plus sains que les sucres ajoutés. Cette affirmation est en effet techniquement incorrecte puisque les sucres, qu’ils soient présents naturellement ou ajoutés aux aliments, sont chimiquement identiques et ont le même effet sur et dans notre corps. Certes les sucres ajoutés aux aliments sont également extraits de sources naturelles.

« Vous avez des récepteurs gustatifs dans la bouche et dans les intestins qui réagissent aux sucreries »

Mais il s’avère que « les aliments dans lesquels les sucres sont présents naturellement, qu’il s’agisse de grains, de légumineuses, de fruits ou légumes, contiennent en règle générale des fibres et d’autres nutriments à côté du sucre. En tant que tels, ceux-ci sont meilleurs pour notre santé que les aliments qui contiennent essentiellement des sucres libres ou ajoutés. », ajoute l’EUFIC. Ainsi, un apport élevé en sucres libres et ajoutés représente un facteur de risque pour de nombreuses maladies tandis que les sucres naturels provenant d’une alimentation riche en céréales complètes, fruits et légumes ne sont pas inquiétants. Mais qu’est-ce qui nous pousse à avoir autant envie d’aliments sucrés ? Tout simplement parce qu’en consommer nous fait du bien… à nous et notre cerveau. C’est en effet ce que tient à rappeler Lindsay Malone, instructrice au département de nutrition de l’Université Case Western Reserve dans un article publié par l’Université. Cette dernière répond à quatre questions pour mieux comprendre les effets physiques et mentaux du sucre, avant d’affirmer qu’il est possible de « sortir » de cette forte appétence sans pour autant y renoncer totalement.

Pourquoi aimons-nous autant le goût sucré ? Une experte répond

Comment les papilles gustatives réagissent-elles spécifiquement au sucre dans le corps et quels facteurs contribuent aux envies d’aliments sucrés chez les individus ?

Réponse de l’experte : Vous avez des récepteurs gustatifs dans la bouche et dans les intestins qui réagissent aux sucreries. Ces récepteurs gustatifs transmettent des informations via des fibres sensorielles afférentes (ou fibres nerveuses) à des zones spécifiques du cerveau impliquées dans la perception gustative. Il existe quatre types de cellules réceptrices du goût pour détecter les goûts sucrés, umami, amers et acides. Les aliments qui stimulent le système de récompense de votre cerveau, comme le sucre et d’autres aliments qui augmentent votre glycémie, peuvent entraîner des fringales. Les aliments hyperappétissants (ceux qui sont sucrés, salés, crémeux et faciles à manger) peuvent également déclencher des hormones qui contribuent aux fringales, comme l’insuline (hormone produite par le pancréas. Elle permet au glucose de rentrer dans les cellules pour être utilisé comme source d’énergie), la dopamine, la ghréline et la leptine.

Quel rôle le cerveau joue-t-il dans le plaisir associé à la consommation d’aliments sucrés, et comment cela contribue-t-il au désir de gourmandises plus sucrées ?

Réponse de l’experte : Votre système nerveux central est étroitement lié à votre tube digestif. Certaines cellules réceptrices du goût sont également présentes dans votre intestin. Ainsi, lorsque vous mangez des aliments sucrés et que votre taux de sucre dans le sang augmente, votre cerveau dit : « C’est bien, j’aime ça. Continuez à faire ça. » Nous sommes programmés pour rechercher une énergie rapide en cas de famine ou si nous avons besoin d’énergie supplémentaire pour fuir un bâtiment en feu ou un tigre. Nos gènes n’ont pas évolué aussi vite que notre environnement. Nous formons également des associations avec des aliments qui stimulent les fringales. Pensez à un beignet avec votre café du matin. Si c’est votre habitude habituelle, il n’est pas surprenant que vous vouliez un beignet à chaque fois que vous prenez un café. Votre cerveau voit le café et commence à se demander où se trouve le beignet.

Quels sont les avantages et les dangers potentiels de la consommation de sucre ?

Réponse de l’experte : Le sucre peut être utile pour le sport, l’exercice, les athlètes, etc. Avant un événement, un entraînement intense ou une compétition, des sources de sucre faciles à digérer peuvent s’avérer utiles. Ils fourniront rapidement du carburant aux muscles sans ralentir la digestion. Le miel, le sirop d’érable pur, les fruits secs et les fruits pauvres en fibres (comme les bananes et les raisins) peuvent y contribuer. Les problèmes liés à la consommation de sucre sont exacerbés par l’inactivité physique. L’excès de sucre, les sucres ajoutés et d’autres glucides simples comme la farine blanche et les jus sont associés aux caries dentaires, au syndrome métabolique à l’inflammation, à l’hyperglycémie, au diabète ou à la résistance à l’insuline, au surpoids, à l’obésité, aux maladies cardiaques et même à la maladie d’Alzheimer. Parfois, la relation est causale, d’autres fois, il s’agit d’un élément d’un groupe de facteurs conduisant à la maladie.A découvrir également :Comment arrêter le sucre ? 7 conseils pour y aller en douceur

Comment pouvons-nous développer une relation plus saine avec les aliments sucrés grâce à une consommation consciente ?

Réponse de l’experte : Certains conseils consistent à manger lentement, à bien mâcher et à savourer nos aliments. Il est également important de s’impliquer dans notre alimentation autant que possible, que ce soit en jardinant, en planifiant les repas, en faisant les courses ou en cuisinant du fait maison : le fait de préparer notre propre nourriture nous permet de contrôler le sucre que nous consommons. En termes de modération, il existe quatre stratégies que je recommande pour mieux contrôler les envies de sucre :

  • Mangez des aliments entiers et peu transformés. Le fait de consommer des fibres et des protéines peuvent aider à réduire les pics d’insuline et les fringales
  • Lisez les étiquettes et choisissez des produits sans sucre ajouté. Ceux-ci comprennent généralement des boissons, des sauces salées et des condiments

  • Buvez principalement des boissons non sucrées comme de l’eau, des tisanes et du café
  • Restez actif et maintenez une bonne composition corporelle, y compris la graisse et la masse musculaire. C’est très important car le muscle utilise la glycémie (teneur en sucre ou taux de glucose dans le sang) circulante et aide à combattre la résistance à l’insuline (décrit une situation où les cellules deviennent moins sensibles à cette hormone), qui peut être considérée comme un état prédiabétique, Le résultat final est un meilleur contrôle de la glycémie avec à la clé moins de « pics » suivies de baisses importantes