La grande championne de quadriporteur d’Hochelaga défendra son titre samedi. Irez-vous l’encourager ?


À l’intérieur de Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier se déplace surtout à la course, son bureau dans son sac à dos, à l’affût de sujets et de gens fascinants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les milieux dans cette chronique urbaine.

Comme pour les Olympiques qui ont été reportés pour cause de pandémie, la fameuse course des quadriporteurs d’Hochelaga revient cet été, après 4 ans d’absence, et promet des prouesses captivantes.
La compétition de quadriporteurs comprend toutes sortes d’épreuves comme des tours d’adresse, des cônes à contourner ou des balles à lancer, entre autres. Elle aura lieu samedi aux alentours de la place Simon-Valois sur la promenade Ontario piétonnisée.
C’est sur cette place, justement, que les vieux habitués munis de quadriporteurs se tiennent ensemble presque tous les jours.
Comme pour la plus récente édition en 2019, on attend un nombre important de spectateurs… car l’événement initial a été un franc succès.
«C’est fou, il y avait du monde de chaque bord de la rue, pis ça gueulait : on avait du fun ! » se remémore Mireille Godard.
Cette ancienne opératrice de machine à coudre de 71 ans a gagné en 2019.
Cette arrière-grand-mère souriante, qui vit à Hochelaga depuis 60 ans, entend bien conserver son titre.
«Bof ! Mireille a gagné parce qu’elle a triché ! » lance pour rire Roger Legault, 75 ans, un de ses amis.
«Non, elle a gagné parce que je l’ai laissée gagner ! Je suis arrivé deuxième», rétorque André Périard, 80 ans, lui aussi assis sur son «quadri».

La grande championne de quadriporteur d’Hochelaga défendra son titre samedi. Irez-vous l’encourager ?

En 2019, l’ambiance était joyeuse et survoltée. Les gens scandaient les noms des participants.

Jimmy Vigneux

Vieux amis

Mme Godard et MM. Legault et Périard passent leurs après-midi de beau temps sur la Place Valois à se taquiner réciproquement.
Difficile pour moi de les interviewer parce, peu importe à qui je pose la question, tout le monde répond et parle en même temps dans une joyeuse cacophonie.
«Elle a juste 71 ans, c’est une jeune fille, et elle portait un décolleté pour soudoyer les juges, c’est pour ça qu’elle a gagné ! » lance un «mononcle» dans le groupe.
«En fait, elle est tellement populaire dans le quartier que la foule scandait son nom Mireille ! Mireille ! Mireille ! Ça a influencé les juges», vante M. Legault.
«Tout le monde me connaît et je suis une arrière-grand-mère, alors c’est vrai que j’ai beaucoup de supporteurs», s’enorgueillit Mme Godard.

La course implique des épreuves d’habileté.

Jimmy Vigneux

En 2019, la gagnante me dit avoir eu droit à 250$ en cartes-cadeaux. 
Par esprit compétitif, certains «quadriportards» feront-ils modifier leurs montures pour aller plus vite ?
 Wow ! Ce n’est pas la Formule 1, là ! » s’écrie M. Périard.
Pourtant, lorsque j’essaie le quadriporteur de Mireille, celui de Romuald Ouellette me dépasse allègrement !  
«Je l’ai boosté ! C’est un moteur à quatre batteries, mais j’en ai rajouté deux», explique-t-il.
Voilà pourquoi la course n’est pas une simple course, mais une série d’épreuves d’habileté pour éviter que le modèle le plus performant gagne.
Étant donné le succès de 2019, la course de cette année aura lieu en deux volets, le premier ce samedi 22 juillet et le samedi 19 août à 13 h.
Chaque course comptera huit participants. Chaque fois, la première place gagnera 200$, la 2ème 150$ et la 3e 100$.

Roger Legault, Lucie Brisson et Romuald Ouellette sont venus me narguer lorsque j’allais essayer l’engin de la championne Mireille Godard sur la rue Ontario. J’ai été obligé de courser contre eux.

Louis-Philippe Messier