Que peut-on savoir du collectif Carnages et comment s’est-il formé ?Le collectif Carnages s’est formé en 1999 au Puy-en-Velay, à l’IUT d’imagerie numérique, autour d’une bande de joyeux fous animés d’une envie forte de cinéma. Nous n’y connaissions strictement rien, nous n’avions que notre passion et un vieux Caméscope Hi8 avec lequel nous tournions des parodies de « La guerre des étoiles ». Au fil du temps nous avons progressé, nous avons appris. Le groupe s’est déformé, reformé, à Clermont-Ferrand, à Paris puis à Bordeaux. En 2015 nous avons transformé l’association en société pro et nous avons mis en chantier des projets plus ambitieux. Quelques courts-métrages d’abord, et enfin un premier long-métrage : « Blondie Maxwell ne perd jamais » que nous avons pu sortir en VOD et SVOD l’année dernière.
Pouvez-vous nous présenter votre film Ultimate Chabite ?C’est l’histoire d’un groupe de copains qui lance un jeu qui va complètement leur échapper, les dépasser, s’étendre à toute la société et provoquer l’effondrement de la civilisation.Ce jeu, c’est le Chabite. Un jeu idiot, absurde, sans fin.L’histoire s’étend sur une quarantaine d’années, des débuts du jeu à sa fin dans un monde postapocalyptique peuplés d’hommes ravagés par la folie et de femmes amazones qui tentent de rebâtir une société sur les ruines de l’Ancien Monde.On suit une dizaine de personnages et leur destin tragique à travers ces périodes troublées.
Pourquoi avoir voulu faire un film sur le jeu Chabite ?C’est une idée qui nous est venue il y a longtemps dans le collectif. Je me souviens très bien du jour où c’est arrivé. On s’est dit que ce serait marrant de faire une fresque montrant la chute de la civilisation à partir d’un prétexte totalement absurde.Il a tout de même fallu beaucoup de temps pour faire mûrir cette drôle d’idée, lui donner un sens, une consistance. Et c’est l’ambiance de ces dernières années qui m’a fourni le prétexte et le contexte idéal.Il y a la montée de l’inquiétude climatique et énergétique. Bien que nous soyons au courant de notre impact sur le monde depuis les années 70 et le rapport Meadows, le monde ne semble commencer à prendre la mesure du problème que maintenant et encore, pas tout à fait comme il le faudrait. « Ultimate Chabite » explore cette idée que notre société a une inertie très forte, quand il s’agit de régler des problèmes massifs. Tout le monde sait ce qu’il faudrait faire pour commencer à le résoudre, mais personne ne le fait. On n’y arrive pas.
Quel regard portez-vous sur la sexualité dans la société et des scandales qui peuvent faire l’écho des médias ?C’est une question complexe, qui, à mon sens, comporte deux sujets assez différents.D’abord, pour l’aspect scandale, l’aspect le plus visible justement dans les médias : qui couche avec qui ? Qui trompe qui ? Qui envoie une photo de son sexe à qui ? Tout ça ne m’intéresse pas trop et m’ennuie un peu. Je veux dire, ça ne me regarde pas, et ça ne devrait regarder que les personnes concernées, tant que c’est fait dans le respect et le consentement. Chacun fait bien ce qu’il veut de sa sexualité.Ce qui me semble plus intéressant, c’est de parler justement de consentement, de respect de l’intimité. Il y a encore trop de viols, trop de féminicides, et pour le coup je trouve qu’on en parle vraiment très peu. Cette différence de traitement médiatique en dit long sur le travail qu’il reste à faire.Notre film évoque « un peu » (ce n’est absolument pas central) le sujet, en le détournant. Ici le jeu « chabite » ne concerne que les hommes. Ce sont les hommes qui subissent littéralement de petites agressions sexuelles courtes mais imprévues et surtout non consenties tout au long de l’histoire. Le jeu est bien montré comme dévalorisant et humiliant. Peu à peu les hommes vont perdre leur pouvoir et les femmes vont obtenir une chance de renverser la table et d’inverser le cours de l’histoire.
Que peut-on savoir du casting du film ?Le casting du film est composé de comédiens Bordelais ou de la région. Ce sont tous des amis, ou des connaissances proches, rencontrés sur des tournages, ou des évènements de type Kino Session, Kino Kabaret. À Bordeaux, le microcosme cinéma / théâtre est tout petit, bien que bourré de talent. Tout le monde se connaît.
Avez-vous déjà repéré les lieux de tournage ?Nous avons fait mieux que ça, le film est déjà tourné à plus de 50%, et il nous reste encore une vingtaine de jours à tourner.Les décors qui nous manquent sont en cours de recherche ou de négociation. Il nous manque un amphithéâtre, une salle de tribunal… puis nous allons tourner en bord de mer dès qu’il refera un peu plus chaud.