"Il faut savoir dire qu'on ne sait pas". Pourquoi il est quasiment impossible de prévoir la météo des jours à venir


Même pour Stéven Tual, météorologue, et spécialiste de la question. Deux masses d’air chaudes et froides seraient à l’origine de cette incertitude. Explications.

« On est incapable de dire le temps qu’il va faire la semaine prochaine. Méfiez-vous de ce que vous regardez sur les applications mobiles, de ce vous entendez. » 

Peu courant d’entendre cela de la part d’un spécialiste de la pluie et du beau temps. Stéven Tual, météorologue chez Météo Bretagne, fait le choix de la transparence. Il alerte sur un « bras de fer » entre masse d’air chaude et froide, un phénomène plutôt rare. « La fiabilité des prévisions météo en Bretagne est actuellement mauvaise. Pour mercredi prochain par exemple, il est impossible de prévoir les conditions météo et les températures qu’il fera », affirme Stéven Tual.

Lire aussi : Neige : à quoi faut-il s’attendre sur les routes en Bretagne ?

« En hiver, on peut parfois avoir des conflits entre deux masses d’air aux caractéristiques radicalement différentes, qui viennent se confronter à un endroit précis impossible à cerner, même quelques heures avant », explique le météorologue. À l’endroit même où ces masses d’air vont se confronter, à quelques kilomètres près, « les conditions météo pourront être très différentes », développe-t-il.

en Bretagne Les deux masses « poussent chacune de leur côté, ce qui donne des différences de temps très importantes ». La semaine prochaine, le Sud-Ouest de la France « risque de flirter avec les 20°C ». Alors que dans le même temps, dans le Nord-Est, « on pourrait avoir des journées sans dégel », d’après Stéven Tual. En Bretagne, « on a une perturbation qui va circuler avec des précipitations impossibles à cerner. On peut avoir de la pluie, de la neige, mais aussi de la pluie verglaçante si l’air doux s’infiltre en moyenne altitude », avance le spécialiste.

Lire aussi : Vague de froid et voiture électrique. Les gestes à adopter

Mais sur des situations comme ça sur des zones qui se juxtaposent, la technologie arrive à sa limite », reconnaît le météorologue. « Dans la prévision météo, il y a toujours une part d’incertitude. On tendra toujours vers le 100% de fiabilité sans jamais l’atteindre. Sur des configurations comme on a aujourd’hui pour la semaine prochaine, je ne suis pas certain que la technologie puisse apporter des réponses », admet-il.

Pour donner un exemple plus concret, Stéven Tual met en avant deux modèles météorologiques dont il se sert quotidiennement. Pour le phénomène que l’on traverse actuellement, les deux modèles donnent des prévisions diamétralement opposées. « Le modèle européen indique, pour mercredi matin prochain à 8h à Nantes, une température de 15°C. Et le modèle canadien, lui, voit une couche de neige au sol supérieure à vingt centimètres », nous révèle-t-il. « En fonction d’où le modèle place le bras de fer, on peut avoir des conditions météo complètement inverses. »

Le prévisionniste risque toutefois quelques pronostics pour la semaine prochaine en Bretagne : « Pour mercredi, on reste sur un grand point d’interrogation. Pour la fin de semaine prochaine, pour moi, ce serait l’air froid qui résisterait avant qu’il se fasse balayer définitivement par l’air plus doux le week-end d’après. Mais on est vraiment dans de l’hypothétique », rappelle-t-il.

« Il faut savoir dire qu’on ne sait pas. C’est un peu comme si un médecin s’avançait à poser un diagnostic alors qu’il n’en sait rien. Il faut savoir être humble, tout peut se passer », conclut Stéven Tual.