La Poste, séparer Levrat du faux


– Poste, séparer Levrat du faux

Et si la bataille pour supprimer ou pas le courrier A et la livraison quotidienne permettait enfin au géant jaune de penser à sa mission?

Publié aujourd’hui à 18h30À la question de savoir si mettre un éléphant rose à la tête d’un géant jaune sert forcément la cause du service public, on peut déjà répondre. C’est non. Le bilan provisoire de Christian Levrat comme président du conseil d’administration de La Poste n’est sans doute pas à juger uniquement à cette aune. Mais les prestations en matière de service universel se détériorent tout aussi vite que sous son prédécesseur, le PDC Urs Schwaller. Peut-être même encore plus vite.Alors oui, il faut une bataille du courrier A entre celui que beaucoup voyaient un jour conseiller fédéral et Albert Rösti. On s’explique:À l’époque président des socialistes suisses, le premier avait pour programme le «dépassement du capitalisme». Il n’avait certes pas dit que cela pouvait aussi être par la droite. Aux manettes stratégiques de l’ancienne régie depuis fin 2021, l’ancien syndicaliste peine pourtant à mettre sa patte pour faire autre chose que ce qu’impose le libre marché.

«Le dépassement du capitalisme? Oui, mais par la droite.»

La Poste, séparer Levrat du faux

Dans le PostPac du Fribourgeois, on trouve des licenciements, des fermetures d’office, des rachats annulés par la Commission de la concurrence, des augmentations de tarifs. Mais aussi les beaux autocollants à apposer sur sa boîte aux lettres qui incitaient à accepter la publicité pour sauver des emplois, emplois qui ont fini par être supprimés. Bref, pour un job à 50% payé 231’000 francs, il vaut parfois la peine de s’asseoir sur des principes. Même à demi. Même pour un ancien président du syndicat des postiers.Le second est un Bernois qui aime pourtant parfois avancer plus vite que la musique. Cela a ses avantages: il a été très rapide et efficace avec les Romands sur le dossier du rail. Il l’a été très (trop) en transformant la régulation du loup en immense tire-pipe valaisan à ciel ouvert. Avant de se faire retoquer par le Tribunal fédéral. Cette fois-ci, ce sont ses collègues du Conseil fédéral qui ont mis le holà à son projet d’en finir avec le courrier A et de distribuer lettres et journaux trois jours par semaine.Par la voix de son directeur, Roberto Cirillo, La Poste, dont on rappelle qu’elle reste largement bénéficiaire, se dit contre le projet de son ministre de tutelle. Christian Levrat tire-t-il enfin les ficelles pour défendre ce qui reste? C’est donc maintenant que l’on doit commencer à voir si le dirigeant défend et protège ce qui est contenu noir sur blanc dans ses directives: «La Poste est tenue de distribuer 97% des lettres et 95% des colis en temps voulu.»Nos articles sur La PosteClaude Ansermoz est diplômé de l’Ecole Supérieure de Journalisme de Lille (ESJ) et travaille au sein de «24 heures» depuis 2003. Il a dirigé la rubrique Suisse, avant de devenir correspondant à Paris pour couvrir l’élection présidentielle de 2007. Il prend la rédaction en chef du titre en octobre 2017. Plus d’infos@CansermozVous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.5 commentaires