quand Pierre Dac récidive à la BBC et discrédite Paquis et Radio Paris – Les guerres d'hier au jour le jour


Quand le Châlonnais Pierre Dac répond du tac au tac aux certitudes de l’éditorialiste de Radio Paris, Jean-Hérold Paquis sur la fin imminente de la Grande-Bretagne, cela donne le 31 juillet 1944, une nouvelle chronique colorée dans l’émission de la BBC, « Les Français parlent aux Français ».

Des comliments d’un côté, un coup de galurin de l’autre, on dira ce qu’on voudra, ça créé un courant. D’autant que nous avons tous deux un incontestable point commun : l’ J.-H. Paquis, il le répète assez, est un partisan, moi-aussi; lui est un partisan de l’hitlérisme et moi un partisan du contraire. Comme on le voit, nous ne sommes séparés que par une légère nuance, un simple détail.

Le 9 courant, J.-H. Paquis, au cours de sa critique militaire, a prononcé, entre autres, les paroles suivantes : Qui sera vainqueur, qui sera vaincu ? A la double question, qui n’a pas déjà répondu selon son opinion et ses préférences? Alors mon cher Paquis, qui sera vainqueur, qui sera vaincu, toujours cette cruelle incertitude. Voyez-vous, moi, ça me fend le coeur de vous voir aux prises avec cet affreux doute et le coup de chapeau que vous m’avez donné, ça pourrait presque se chanter, sur un air de Carmen, me créé le devoir de vous donner un coup de main pour tenter de le dissiper.

Permettez-moi tout d’abord, de vous faire observer que ni la victoire, li la défaite, ne sont une question d’opinion ou de préférence. C’est une question de force. Or, vous savez, n’est-ce pas, comme moi, que l’Armée rouge en est à l’assaut décisif, que les Alliés ont déjà libéré une partie vitale du territoire français, que la suprématie alliée et écrasante et totale sur terre, sur mer et dans les airs, que l’armée américaine approche de Paris; qu’en Italie, il y a du parmesan dans l’élastique, que chez les satellites il y a du bromure dans l’enthousiasme et qu’à l’intérieur du Reich, il y a des punaises dans la svatiska. Qui sera vainqueur ? Qui sera vaincu ? Troublante énigme en vérité. Remarquez que je vous donne ces renseignements qu’à titre purement indicatif et uniquement pour vous permettre de sortir du dilemme dans lequel vous vous débattez. Ces éléments vous permettront-ils de vous faire une petite idée de la situation? S’ils vous paraissent insuffisants, la prochaine fois, je pourrai vous faire un dessin ».

Il ne me reste, pour l’instant rien d’autre à vous dire sinon que je vous souhaite tout ce que vous pouvez me souhaiter. Merci encore pour le coup de chapeau et pour terminer, laissez-moi, à titre de consolation, livrer à vos méditations ce petit slogan, imité du vôtre, en vertu duquel je conclus que, à faut de l’Angleterre, l’Allemagne, comme Carthage doit être détruite ».