Le problème de la conduite autonome est-il technologique ou humain ?


La conduite autonome est un sujet brûlant sur le marché automobile. Elle est censée représenter le futur. En attendant, le présent est surtout composé d’accidents qui mettent en doute l’avancée de la technologie.

à terme, de la conduite autonome.

Le problème de la conduite autonome est-il technologique ou humain ?

On navigue clairement dans une zone grise  : aujourd’hui, l’Autopilot fournit des aides très avancées, qui peuvent amener les propriétaires à faire… parfois n’importe quoi.

au fond ?

Source  : Louise Audry pour Numerama

Où en est l’Autopilot aujourd’hui ?

L’Autopilot est un immense pari sur l’avenir. Dans sa volonté de révolutionner le marché automobile, Elon Musk a deux idées majeures derrière la tête  : rendre la conduite plus propre (groupe propulseur 100 % électrique) puis, dans un second temps, l’automatiser de A à Z. Le premier objectif est rempli avec brio, quand on se penche sur l’avance de Tesla en matière de performances sur les routes (aussi bien en termes d’accélération que d’autonomie). Aujourd’hui, la multinationale peut regarder ses concurrents dans les yeux, après plusieurs années à enchaîner les gros problèmes.

On pense ainsi à la sortie médiatique du patron de Toyota, qui estime que «  les véhicules autonomes ne peuvent pas encore être déployés sur des routes normales de façon réaliste », consécutive à une collision entre une navette de son entreprise et un athlète aveugle sur le village paralympique de Tokyo.

Soit en 2018. Soit il y a 3 ans.

Dans un article publié sur TechCrunch le 16 août, l’agence fédérale américaine des États-Unis chargée de la sécurité routière (la NHTSA) a rappelé qu’aucun véhicule commercialisé aujourd’hui n’est capable de conduire seul. Ladite agence a par ailleurs ouvert une enquête sur l’Autopilot, en raison d’une succession de collisions. Elle concerne 765 000 véhicules Tesla (Model S, X, 3 et Y) produits depuis 2014. Par le passé, il est arrivé au National Transport Safety Board (NTSB) de dédouaner l’Autopilot à l’issue d’investigations. Une preuve que le sujet est délicat à traiter, en l’absence de référentiels précis.

L’Autopilot, ou la technologie de pointe qui devrait rester un peu plus en laboratoire

Malgré d’immenses contraintes, Tesla a suffisamment développé l’Autopilot pour garantir des super-aides à la conduite. Aujourd’hui, le pack ‘Autopilot amélioré’, facturé 3 800 €, permet de laisser la voiture gérer le trajet de A à Z sur certaines voies rapides (y compris les changements de voies, qu’on doit quand même valider avec le clignotant). Numerama a pu tester cette fonctionnalité sur un trajet entre Paris et Lille, et nos impressions sont plus que positives. On gagne en confort, tout en ayant un aperçu de ce que sera, peut-être, la conduite de demain (quand on pourra vraiment lâcher le volant).

Tesla doit emmagasiner un grand nombre de données lui permettant d’apprendre et de s’entraîner. Et les ingénieurs ont vite compris le besoin de faire tester un maximum de choses aux propriétaires, qui deviennent alors des cobayes pour satisfaire cette course aux progrès (il n’y a rien de mieux que des retours en provenance du terrain). Le hic  : Tesla a tendance à mettre à disposition des technologies un peu trop avancées, qui peuvent s’avérer dangereuses quand elles sont mal utilisées. La route reste un environnement dangereux et ne peut pas devenir un vaste laboratoire pour les constructeurs plus orientés tech.

Ce biais lié au développement technologique exige de Tesla qu’il soit le plus prudent possible. C’est pourquoi le configurateur précise  : « Les fonctionnalités actuelles exigent une surveillance active de la part du conducteur et ne rendent pas le véhicule autonome. Certaines fonctionnalités requièrent l’activation des clignotants et ont une portée limitée. L’activation et l’utilisation future de ces fonctionnalités sans surveillance dépendent d’une fiabilité prouvée par des milliards de kilomètres de test pour être significativement supérieure à celle des conducteurs humains. » C’est une manière de se protéger, d’un point de vue médiatique. En revanche, ce message d’alerte n’empêche pas les dérives humaines. En volet supplémentaire, Tesla a commencé à activer depuis peu une surveillance accrue, qui passe par une caméra intérieure chargée d’observer l’attention.

Autopilote Tesla // Source  : Capture du 1er mars 2019

La responsabilité humaine

Où se trouve la responsabilité ? C’est souvent du cas par cas mais certaines situations tendent à prouver que le facteur humain est davantage en cause. Malgré toutes les dispositions prises par Tesla, il ne peut empêcher les casse-cou de pousser la technologie dans ses retranchements ou les petits malins de faire appel à des subterfuges. Il ne peut empêcher les propriétaires les plus malavisés de faire n’importe quoi avec la fonctionnalité Smart Summon (qui permet d’attirer la voiture vers soi depuis un smartphone). Il ne peut empêcher deux amis d’activer l’Autopilot puis de voir si la voiture roule toujours quand on s’installe à l’arrière. Entre de mauvaises mains, l’Autopilot peut effectivement être très dangereux.

Le tort de Tesla, s’il doit y en avoir un, est de développer une technologie prometteuse, mais potentiellement à risque, à disposition de personnes susceptibles d’avoir un comportement dangereux sur les routes. Mais ce serait remettre en cause la nature même de l’industrie automobile. Pourquoi viser uniquement l’Autopilot alors que la vitesse représente déjà un danger en soi ? Après tout, on pourrait tout aussi bien en terminer une bonne fois pour toutes avec les bolides qui dépassent les 150 km/h. Les acteurs du marché considèrent que c’est aux propriétaires de s’auto-gérer, grâce à tout ce qu’ils ont appris au code de la route. S’ils sont capables de ne pas trop appuyer sur l’accélérateur, ils peuvent aussi apprendre à se servir des assistances hyper poussées.

À l’arrivée, c’est tout un ensemble de facteurs qui fait émerger des doutes légitimes sur la conduite autonome, articulée autour d’une technologie trop évoluée pour des personnes pas du tout formées. Pour savoir, Il faut apprendre.

Tesla

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