On se préparait à cet événement-là, mais en même temps, on n’y croyait pas. La planète n’y croyait pas. Tout à coup, c’est arrivé, brutalement, le 24 février. C’était un moment assez marquant. On se disait » peut-être que ça va arriver, mais Vladimir Poutine n’osera pas « . Maintenant, on se retrouve trois mois plus tard, et on voit tout ce qui s’est passé, relate Céline Galipeau, qui a été envoyée spéciale en Ukraine.
Début du widget YouTube. Passer le widget?Fin du widget YouTube. Retour au début du widget?Dès le début du conflit, Mme Galipeau a manifesté son intérêt pour couvrir l’invasion de l’Ukraine par le régime de Vladimir Poutine sur le terrain. Habituellement à la barre du Téléjournal, elle a porté le chapeau d’envoyée spéciale durant une période de deux semaines en mai.
Pour sa part, Tamara Alteresco, dépêchée en Russie à titre de correspondante, a vu le début de la guerre du côté russe. On passait nos journées près de la frontière à espionner les troupes russes parce que nous n’avions pas le droit de les filmer, mais elles ne se cachaient même plus. On les voyait par centaine, partout, au dépanneur et à l’épicerie. Les villages étaient envahis de soldats, témoigne-t-elle.
Soudainement, le président Poutine apparaît à la télévision, son discours roulant en boucle. Avec l’aide d’un interprète, Mme Alteresco écoute cette allocution à saveur patriotique. Quelques heures plus tard, l’envoyée spéciale a compris que le conflit s’étendra rapidement dans une vaste partie de l’Ukraine.
envoyée spéciale pour Radio-Canada
C’était quelque chose qu’ils décident de bombarder Kiev dès le premier soir, c’était tout un signal qu’on envoyait, ajoute Mme Galipeau.
/h2> Céline Galipeau estime que c’est l’essence même de notre métier d’être sur le terrain.
et on peut comprendre de façon assez intellectuelle ce qui se passe sur le terrain , mais c’est tout autre chose d’arriver sur le terrain et de le voir soi-même et de faire les entrevues de découvrir soi-même ce qui s’est passé, ou pas dans un endroit, affirme-t-elle.
ajoute la cheffe d’antenne.
Or, cette présence constitue un risque, surtout en temps de guerre, qui requiert une logistique planifiée au quart de tour afin de garantir l’intégrité du personnel.
C’est pourquoi Céline Galipeau a été accompagnée, tout au long de son séjour en Ukraine, par un consultant en sécurité – et non d’un garde du corps – pour l’aider à évaluer les risques tout au long de ses couvertures journalistiques.
envoyée spéciale pour Radio-Canada et cheffe d’antenne
Cet accompagnement a d’abord suscité de l’inquiétude chez Céline Galipeau, qui craignait que des décisions de sécurité empiètent sur des décisions éditoriales. Ces craintes se sont vite dissipées : l’utilité d’un expert en sécurité s’est finalement avérée fort utile, notamment lors des déplacements vers certaines zones dangereuses, assure-t-elle.
Contrecarrer la propagande
Ça s’appelait censure de guerre vous ne pouvez pas appeler ça une guerre, vous devez dire opération spéciale « , relate Tamara Alteresco.
sont très frileux, ils savent que ça se retrouve sur les réseaux sociaux, ils veulent garder le moral, non seulement des troupes, mais aussi le moral de la population, ajoute Céline Galipeau.
La guerre ne semble pas prête à finir de sitôt, et les responsables militaires tentent autant que possible de préserver leur image.
L’horreur continue en Ukraine
À son arrivée en sol ukrainien au début du mois de mai, Céline Galipeau a pu prendre la mesure du traumatisme vécu par les résidants, qui ont subi l’occupation de l’armée russe, notamment à Boutcha.
On n’a pas retrouvé, même à Kharkiv, une occupation aussi brutale, aussi violente, de ce qui a eu au début de ce conflit, raconte Céline Galipeau. L’Ukraine a réussi à repousser les forces russes ; il y a, à la fois, une fierté d’être libéré, et la vie commence à retrouver son cours normal, mais il y a aussi cet énorme traumatisme.
Bien que l’invasion russe semble s’être enlisée et que les autorités internationales commencent à enquêter sur les allégations de crimes de guerre, somme toute, c’est Vladimir Poutine et ses généraux qui contrôlent, et détermineront pour eux, ce qui est une victoire ou une défaite, et le mot défaite ne sortira jamais de sa bouche, estime Tamara Alteresco.