L'édito de Paul Sugy : «La gauche est sortie de l'histoire»


revient sur la candidature socialiste à l’élection présidentielle.

Anne Hidalgo faisait samedi son grand meeting à Lille. La candidate socialiste a notamment martelé devant ses supporters qu’elle ira «jusqu’au bout».

L'édito de Paul Sugy : «La gauche est sortie de l'histoire»

Anne Hidalgo ne part pas en pole position elle est créditée de 4 à 6 % des intentions de vote. Et l’expression employée par la maire de Paris n’a rien de rassurant pour ceux qui espèrent encore la voir s’installer à l’Élysée. «J’irai jusqu’au bout», c’est ce que disent les coureurs du dimanche lorsqu’ils s’élancent sur la ligne du marathon. On ne se promet pas de faire un podium, mais on se rêve en «finisher» : parcourir la distance sans abandonner en pleine course. Dans le sport amateur, ça mérite bien une médaille…

Mais quand pour les socialistes, c’est déjà un terrible aveu d’échec. D’autant qu’en chemin les obstacles sont nombreux – presque aussi nombreux que les lambeaux de mobilier urbain qui encombrent les pistes cyclables inachevées des faubourgs parisiens.

Le premier, c’est évidemment la féroce impopularité dont l’édile fait l’objet de part et d’autre du périphérique. Et le second, mais non des moindres, c’est l’appel pressant à une union des gauches dès avant le premier tour. Le calcul est simple : si l’on additionne les voix des quatre principaux candidats à gauche, on obtient péniblement un quart des voix : c’est juste ce qu’il faut pour s’assurer d’un ticket au second tour. L’union des gauches ne fait rêver aucune des forces politiques engagées dans la course à la présidentielle mais les faits sont là : la survie politique de la gauche semble en dépendre.

La gauche à 25 %, c’est historiquement bas

devait la conduire à se réinventer de fond en comble. Résultat des courses, la gauche s’est trompée sur toute la ligne. Et elle s’est débarrassée du peuple.

L’historien des gauches Jacques Julliard écrivait avec amertume qu’au printemps 2017, «la gauche et le peuple ont fait le constat qu’ils n’avaient plus rien à se dire». Quelle erreur ! Voilà que l’année suivante, le «bloc populaire» renaissait de ses cendres avec les «gilets jaunes», et faisait au fond deux grands reproches aux élites : d’avoir sacrifié leurs intérêts sur l’autel d’une transition écologique dont le seul instrument semblait être une fiscalité brutale et injuste, et celui ensuite de s’être perdu dans des succédanés de révolutions «wokes» qui ne parlent qu’à un petit microcosme.

La transition écologique, un sujet de préoccupation majeur 

La transition écologique est nécessaire mais la gauche est incapable de la rendre crédible. Et là encore, c’est parce qu’elle est sortie de l’histoire ! Il faut être clair : la solution aux problèmes climatiques, ça n’est pas et ça ne sera jamais la ZAD. Ni les 30 km/h à Paris, ni sans doute la taxe carbone… et encore moins la sortie du nucléaire.

La question climatique est un problème complexe, qui appelle des solutions politiques. Par conséquent seuls les États sont capables d’y répondre. Ainsi en se vautrant dans un soutien béat au fédéralisme européen, voire au mythe de la fin des nations, une bonne partie de la gauche s’est durablement discréditée sur ce sujet. Certes il existe un discours de gauche sérieux et crédible sur le sujet, celui par exemple d’Arnaud Montebourg, inspiré par l’économiste Gaël Giraud, qui propose courageusement le retour des frontières nationales, mais il est bien le seul…