Une aisance assez impressionnante quels que soient les univers musicaux abordés (en gros, une americana débordant parfois vers la country ou le rock à guitares), une présence dans la voix qui rappellera Tracy Chapman dans certaines tonalités quand elle ne privilégie pas la puissance, et enfin une écriture ciselée : on a connu des résumés d’un album et/ou d’une artiste moins… significatifs. Au-delà des engagements qu’elle défend, une personnalité s’affirme.
24 – Grant Haua – Awa Blues
En bon néo-zélandais au-delà de ses origines maories revendiquées –, il aurait pu poursuivre dans le rugby bien au-delà de ses 20 ans. La guitare et le blues l’ont emporté sur le ballon ovale, et que l’on ne compte pas sur nous pour s’en plaindre, surtout quand sa voix grave tonne et vient tétaniser les enceintes de sa profondeur et du vécu qu’elle trahit.
23 – Weezer – Van Weezer
22 – Rover – Eiskeller
Dans son igloo géant mué en studio d’enregistre- ment éphémère, Rover s’est créé un univers pop sonore plus feutré, plus étouffé, où les espoirs, regrets, désillusions que renvoient ses mots sur les parois de glace collent si bien avec cette envie de ne pas se laisser submerger par eux.
21 – Highway Butterfly – The Songs of Neal Casal
Un album hommage à la hauteur de celui dont le talent multifacette de songwriter scintille dans la quarantaine de chansons que fait sien un casting impressionnant, de Marcus King à Bob Weir, en passant par Steve Earle, Warren Haynes, Susan Tedeschi & Derek Trucks ou Jonathan Wilson, pour n’en citer que quelques- uns. Ou quand l’americana du regretté Neal Casal se fait un peu plus éternelle.
20 – Black Country, New Road – For The First Time
Pour en entrée en matière discographique, le collectif londonien n’a pas fait dans la demi-mesure.
Punk pour la rage, jazz et klezmer pour l’envie presque obsessionnelle d’expérimenter, le mot limite semble avoir été banni du vocabulaire maison, sans craindre la sortie de route pour autant…
19 – Nathaniel Rateliff & The Night Sweats – The Future
Après une parenthèse en solo (mais toujours entouré d’une partie du groupe !), l’homme du Colorado renoue avec ses Night Sweats, comme pour mieux reprendre son bâton de maréchal d’un rock infiltré de soul, quitte à en passer par quelque écho dylanien sur le titre-album. Puissant, une fois de plus !
18 – The Killers – Pressure Machine
Peu importe, en vérité : la pop de The Killers, où le mélancolique a supplanté les emphases d’antan, qui ne se retrouvent plus que dans les envolées vocales de Flowers – le rapprochant parfois d’un Bono –, n’en est que plus poignante.
17 – Billie Eilish – Happier Than Ever
La plus cinglante réponse à qui imaginait que le succès de When We All Fall Asleep, Where Do We Go?, le précédent album, ne pouvait qu’être éphémère.
Les humeurs électro éthérées encore plus maîtrisées et matinées de détours plus acoustiques, Bille peut laisser filer ses phrasés tour à tour pop et R’n’B pour marquer davantage son temps.
16 – Arlo Parks – Collapsed In Sunbeams
notamment parce qu’elle y insuffle une vraie identité, entre thèmes forts et poésie, posée derrière un timbre vocal faussement vaporeux.
15 – Dave Gahan & Soulsavers – Imposter
Maître de l’interprétation, Dave Gahan, après avoir beaucoup chanté les textes du songwriter de Depeche Mode, Martin Gore, pendant la majeure partie de sa carrière, a choisi pour Imposter, son 3e album avec Soulsavers, de livrer une série de covers ayant chez lui une résonance profonde. Ainsi va-t-on d’Elmore James à PJ Harvey, de Neil Young à Bob Dylan ou Mark Lanegan.
de simple éclate
Un certain contretemps pandémique a bousculé les plans, laissant transparaître derrière le rock tonitruant habituel un album plus “épais” qu’il pourrait y paraître, via un “Shame Shame” déconcertant ou des cordes encore plus décomplexées sur “Waiting on a War”.
13 – Kings of Leon – When You See Yourself
Se reconcentrer sur l’essentiel et enterrer pour de bon les heures gaspillées à se prendre le chou inutilement sur des bisbilles, voilà l’objectif que s’était fixé le clan Followill à l’entame de ce huitième album. Mission amplement accomplie, tant minutie, finesse et lyrisme portent plus loin le “southern garage rock” maison.
12 – Delgres – 4 :00 AM
Le trio emmené par Pascal Danaë double la mise avec un album à la fois plus personnel au niveau des thèmes abordés et des sonorités, qui laissent percer dès consonances plus pop dans son blues, sublimé par ses mots et tonalités créoles. L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt ? Il sera donc radieux à quatre heures du matin.
11 – Nick Cave & Warren Ellis – Carnage
S’ils collaborent depuis longtemps et sous les formes les plus variées, Carnage est le véritable premier album du “duo” Cave-Ellis.
Une dualité qui leur permet de repousser leurs propres limites au profit d’un projet d’une profondeur abyssale, dans tous les sens du terme !
10 – Cedric Burnside – I Be Trying
L’héritage du hill country blues, Cédric Burnside en a fait sa… raison artistique, et pas seulement parce que son grand- père R.L. était l’un des garants du genre.
Il n’en porte que plus fièrement la flamme sur ce nouvel album.
9 – Gojira – Fortitude
Sans abandonner ce qui a fait sa force de frappe et qui lui a valu de faire l’unanimité sur son compte dans la sphère metal, Gojira place clairement Fortitude sous l’égide d’une plus grande diversité, d’un enrichissement de sons en tout cas, où les trames mélodiques et les… déviations vers des considérations ouvertement tribales, rappelant le Sepultura de Roots, se placent au même niveau que la brutalité dont le gang français avait si bien su faire preuve jusque-là. Gojira a longuement “pensé” Fortitude, sans se laisser non plus dépasser par ses intentions.
Ce n’est pas la moindre de ses réussites.
8 – Arman Méliès – Laurel Canyon
Cette Californie de la scène folk-rock du début des années 1970, Arman Méliès la fantasme depuis toujours. Sur Laurel Canyon, et sans jamais être allé sur place de son propre aveu, il a choisi de la sublimer.
Qu’il l’évoque ou s’en inspire, c’est à travers envolées lyriques et arrangements de la plus belle facture qu’il s’offre un nouveau voyage, auquel il prend soin de nous embarquer à chaque instant. Même Hubert-Félix Thiéfaine est du périple (“Météores”).
7 – Jackson Browne – Downhill From Everywhere
Même avec le sentiment diffus que le combat est perdu d’avance face à ce monde en déliquescence, Jackson Browne continue de s’employer à faire peser ses mots ; ses colères, aussi sombres que les sonorités qui les accompagnent, conservent cette luminosité et cette limpidité qui saisissent invariablement album après album.
Comme s’il fallait malgré tout amortir la chute.
6 – XIXA – Genesis
tant le gang de Tucson, dans l’Arizona – qui n’en est pourtant pas à ses premières armes – passe maître dans une fusion des genres, qui affirme une modernité cinglante derrière l’utilisation assumée d’instruments vintage.
5 – Lana Del Rey – Chemtrails Over The Country Club
Et si Lana Del Rey avait offert là son album le plus abouti ? Non pas en ce qui concerne une mise en scène sonore déjà éprouvée à de multiples reprises mais dans son écriture, et en tout cas dans la façon d’incarner cette dernière, sans qu’il ne s’agisse non plus de remettre en question une production toujours aussi soignée de la part de Jack Antonoff. Avec Chemtrails…, Lana Del Rey semble vouloir faire plus vrai, plus “naturel”, quitte à se rapprocher d’une folk plus roots, avec Joni Mitchell comme Graal absolu à atteindre, à l’instar de cette reprise de “For Free”, au final.
4 – James McMurtry – The Horses and The Hounds
McMurtry privilégiant là une forme de nostalgie… discrète.
3 – Weezer – OK Human
Derrière la blague du titre (OK Human en… contrepoint du OK Computer de Radiohead), Rivers Cuomo se plaît à “tartiner” sa pop et son rock, plus ou moins acidulés selon les circonstances, d’assaisonnements orchestraux aussi foisonnants que vivifiants, leur apportant une chaleur (humaine ?) que l’on n’aurait pas soupçonnée.
2 – Mastodon – Hushed & Grim
sens mélodique et emphase là. Quelle que soit l’humeur ou l’ambiance qu’il choisit de privilégier sur les quinze titres qui s’enchaînent et se déchaînent, Mastodon impressionne son monde, mais sans jamais chercher à l’intimider et/ou lui en mettre plein la vue, plus enclin à envoûter qu’à agresser.
1 – The Black Keys – Delta Kream
avec Delta Kream terreux et roots à souhait aux côtés de R.
L. Burnside, John Lee Hooker, Fred McDowell, Ranie Burnette et Joseph Lee Williams. Prise de son époustouflante, esprit jam sublimé : Delta Kream est une succulente gourmandise, plus pimentée qu’acidulée.