Les Européens face à l'urgence de mesures fortes contre la Biélorussie


Ce dernier, Roman Protassevitch, qui a été intercepté à sa descente de l’avion qui a finalement repris sa route pour Vilnius. Agé de 26 ans, il est une des figures de l’opposition médiatique au président biélorusse, Alexandre Loukachenko.

« Terrorisme d’Etat »

Les réactions scandalisées se sont multipliées devant cet acte sans précédent. « Terrorisme d’Etat », a très vite dénoncé Mateusz Morawiecki, le Premier ministre polonais. « Piraterie », ont affirmé Dublin et Paris.

Les Européens face à l'urgence de mesures fortes contre la Biélorussie

Comportement « scandaleux et illégal », a fustigé Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne. Un incident « sérieux et dangereux » pour le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg , et qui « ne restera pas sans conséquences », a averti Charles Michel, le président du Conseil européen.

Concrètement, que faire ? De façon quasi certaine, les dirigeants européens devaient annoncer leur souhait d’accélérer la mise en oeuvre d’un 4e train de sanctions contre des individus et des entités biélorusses.

Mais ces mesures, qui concernent aujourd’hui 88 personnes , ont prouvé leur efficacité toute relative  : le numéro un biélorusse est parvenu à consolider son pouvoir malgré la mobilisation massive de la société civile après les dernières élections présidentielles truquées.

Mise à l’isolement

Dans la journée de lundi, les consultations téléphoniques entre capitales se sont donc multipliées. Les réflexions portaient particulièrement sur la possibilité d’isoler le pays au plan aérien.

L’interdiction de survoler le pays – et donc d’y atterrir – était sur la table, de même que l’idée d’interdire la compagnie nationale, Belavia, de toute desserte du territoire de l’UE. La suspension de tout transit, y compris terrestre, entre le pays et l’UE était aussi envisagée. Mais comme l’explique une source européenne, « il est impératif de vérifier la viabilité de telles mesures avant de les envisager ».

Au-delà de la dimension juridique et technique, se pose aussi la question des conséquences potentiellement négatives, pour la société civile notamment, d’une telle mise à l’isolement du pays.

L’ombre de la Russie

Alors que Michael O’Leary a laissé entendre que des espions du KGB étaient à bord de l’avion et n’avaient pas redécollé pour Vilnius, c’est aussi la question des relations entre l’UE et la Russie, grand allié de la Biélorussie, qui, en creux, sera une fois de plus posée. Hasard du calendrier, les Vingt-Sept avaient prévu d’enclencher, lundi soir, une réflexion stratégique de long terme pour mieux cadrer l’interaction avec Moscou.

Tandis que la Russie s’employait déjà, lundi, à défendre Minsk, des sources européennes insistaient sur la nécessité de ne pas totalement mélanger les deux sujets  : l’un se veut réactif, l’autre proactif. Mais comme le reconnaissait un Européen, « le problème avec la Russie, c’est qu’il y a toujours un événement de ce type qui surgit quand on veut débattre posément de notre relation à long terme avec elle ».