Les Européens ont accumulé 600 milliards d'épargne supplémentaire pendant la crise


Depuis le début de la pandémie liée au Covid-19, le niveau de l’épargne des ménages européens s’est envolé à des niveaux sans précédent  : en 2020, cette masse d’argent non consommé a atteint 1.400 milliards d’euros, soit l’équivalent de 12 points de PIB de la zone euro de 2019.Le taux d’épargne annuel dans la zone euro, c’est-à-dire l’épargne des ménages rapportée à leur revenu disponible, a augmenté d’environ 7 points de pourcentage pour atteindre quelque 20 %.

Ce surcroît représente 600 milliards d’euros.Le taux d’épargne a évolué au gré de la pandémie, mais est resté constamment largement supérieur à la normale.L’étude réalisée par deux économistes du MES (Mécanisme européen de stabilité) Angela Capolongo et Michael Kühl montre que ce niveau a fluctué au gré des épisodes de la crise sanitaire.

Les Européens ont accumulé 600 milliards d'épargne supplémentaire pendant la crise

Lorsque la pandémie est apparue au printemps 2020, les économies des ménages ont enflé de plus de 90 % par rapport au dernier trimestre 2019. Puis le taux d’épargne a diminué, accompagnant le mouvement de desserrement des contraintes sanitaires avant d’augmenter à nouveau pour atteindre 21,5 % début 2021, après la deuxième vague de confinements plus ou moins stricts opérés durant l’hiver, avant de baisser légèrement depuis.On note d’importantes disparités dans le comportement des ménages, les cigales grecques n’ayant accru leur épargne que de 2 %, tandis que les Allemands, champions de la prudence, ont mis de côté 17 % de leur revenu, le taux le plus élevé de la zone euro.

Stock d’épargne excédentaire

alors même que les gouvernements s’attachaient à limiter les baisses de revenus des ménages.

« Selon nos estimations, écrivent les deux auteurs, le stock d’épargne excédentaire en 2020 s’élevait à environ 600 milliards d’euros, soit l’équivalent de 5 % du PIB de 2019 ou de 8 % du revenu disponible des ménages. Environ 45 % de ce montant était de l’épargne forcée et la partie restante de l’épargne de précaution ».

Scénario optimiste

A l’avenir, souligne l’étude, le rythme de la reprise économique va dépendre intimement de la rapidité avec laquelle les ménages vont se défaire de cette richesse accumulée, au rythme auquel ils normaliseront leur comportement.

« Plus les niveaux d’épargne diminueront rapidement, plus l’économie rebondira vite », résument les économistes. « À l’heure actuelle, le comportement des consommateurs n’est pas clair, même si l’orientation de la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) reste inchangée, comme nous le supposons ».Dans leur scénario le plus optimiste où les ménages européens dépenseraient 30 % de leur épargne en 2022, la croissance du PIB pourrait passer à 5,7 % en 2021 et à 6,0 % en 2022, là où la Commission européenne mise respectivement sur des hausses de 4,8 % et 4,5 %.

La zone euro retrouverait alors son rythme de croissance d’avant-crise dès la fin de cette année.