Les Gilets jaunes qui «ne dit que des mensonges».
«Sans BFMTV? Pas de Gilets jaunes !» analyse un conseiller. Sylvain Fort n’en doute pas. Même si, ce samedi, beaucoup manifestent, «le lundi, ils vont retourner au travail».
«Il est possible que nous ayons porté une attention trop vive aux réformes structurelles et pas assez au quotidien des Français», reconnaît la plume. Emmanuel Macron et ses proches pensent que «les Français sont en colère sur le quotidien mais ne sont pas contre les réformes. La machine doit accélérer pour que les effets des réformes se produisent plus vite.
C’est la priorité du président».Le président, justement. Il intervient sur TF1.
Quel décor ! Nous avons atterri en hélicoptère à bord du porte-avions Charles-de-Gaulle, en pleine mer. Dans l’immense hangar du navire, Emmanuel Macron pose à côté d’un Rafale impressionnant. À propos de carburants, l’endroit empeste le kérosène ! Le chef des armées affiche une ligne dure face aux contestataires.
Il «assume totalement» les trois milliards d’euros de taxe supplémentaire. «Concessionnette», il a échoué «à réconcilier les Français avec leurs dirigeants». De son côté, en prévision de cette inconnue 17 novembre, Édouard Philippe prend des «mesurettes».
Inaudibles. Tardives. Brouillonnes.
Et 1, et 2 et…
parfois très tendus Et même un décès accidentel ont changé de cap quand on regarde la colère avec une fascination morbide, on ne rend pas service à cette colère légitime.» Jamais Emmanuel Macron ne mentionne les termes «Gilets jaunes».
Ce serait reconnaître au mouvement une identité qu’il lui dénie.En vue de sa prochaine prise de parole sur la programmation pluriannuelle de l’énergie – comprenez les choix énergétiques des dix ans qui viennent –, le 27 novembre, je discute avec un duo de conseillers du palais. Surprise, ils ne sont pas sur la même longueur d’onde ! Ainsi, à la question «Y aura-t-il des annonces?», l’un répond oui et l’autre peut-être.
Concerneront-elles la taxe sur les carburants? Grand silence hésitant. «Cela pourrait en faire partie », avancent-ils. Consciencieusement, je rédige une dépêche qui explique qu’Emmanuel Macron va présenter des mesures et des négociations pour une transition écologique acceptable, y compris concernant la hausse des taxes.
Le lendemain matin, une conseillère presse m’appelle et demande un correctif. «Non, me dit-elle, le président ne fera aucune annonce concernant la taxe sur les carburants.» Pour me convaincre, elle me lit un mail d’Ismaël Emelien, l’homme de l’ombre, le grand ordonnateur des incontournables éléments de langage.
Je publie donc une correction… qui se révélera fausse ! En fait, personne n’en sait rien. Le chef de l’État hésite. Tout semble improvisé.
Si Matignon paraît ferme dans son refus de modifier la taxe sur les carburants, l’Élysée se montre plus ouvert. En réalité, tous attendent avec prudence la mobilisation du samedi suivant pour trancher.
Droit dans ses bottes
déclenche une avalanche de sarcasmes on l’aime bien regardent
Contestation au-delà du réel
Au point qu’un décollage sans lui est organisé pour faire refluer la foule criarde, avant qu’il ne soit finalement exfiltré.Un proche rapporte que ce soir-là, marqué, Emmanuel Macron a cette phrase terrible : «Ils me tueront peut-être d’une balle, mais jamais d’autre chose.» Brigitte Macron est atterrée.
L’image d’arrogance qui colle à son époux la navre. « S’il était comme cela, je ne l’aurais pas épousé », assure-t-elle dans une rare interview. Aucun ministre ne se risque à commenter la crise.
«Il y avait une grande paralysie parce que tout le monde attendait l’oracle. On attendait que le président nous dise ce qu’il fallait penser», reconnaîtra plus tard l’un d’eux.