Les nouveaux touristes à la journée ébranlent le massif du Vercors


« Profiter de l’air pur et de la beauté des paysages dans un environnement privilégié et protégé » propose sur son site Internet la Communauté de communes du massif du Vercors à cheval sur l’Isère et la Drôme.Le message a été reçu, trop même. Depuis la pandémie, jamais la montagne n’a connu une telle fréquentation, les urbains déconfinés se ruant sur ces paysages sauvages.

« Nous sommes sous pression depuis l’été dernier », reconnaît Mathieu Rocheblave, responsable du pôle accueil des publics et tourisme au sein du Parc naturel régional du Vercors (PNV). Le Parc a dû renforcer la présence de ses agents sur le terrain, éditer des brochures.Ebahis, les gardes du parc ont vu des campeurs planter leur tente sur les terrasses des résidences, faire du feu sous les sapins, les couper, laisser les déchets, les canettes dans les prés, vagabonder en dehors des sentiers, stationner les camping-cars sur les routes forestières.

Les nouveaux touristes à la journée ébranlent le massif du Vercors

Sans parler du nourrissage de la faune jusqu’à la rendre malade.

Bruit et poussière

poubelles ou toilettes sèches », tempêtent les élus.Dans le collimateur, un phénomène qui a émergé depuis la pandémie et plonge les habitants des zones rurales dans le chaos.

A savoir, le bivouac ou le séjour à la journée. Logique que ce soit les massifs périurbains comme les Bauges ou le Vercors qui soient les premiers impactés par ces touristes qui ne consomment rien sauf de l’espace naturel.

Moins de promotion

« Les nouveaux touristes ont une approche urbaine de la nature », décrypte Michaël Kraemer.

Pour les canaliser et contrer le grand désordre des parkings sauvages et des barbecues intempestifs, la Communauté de communes du Vercors a engagé trois médiateurs et dépensé 40.000 euros. Avec les agents du Parc, ils parcourent les 4.

000 km de sentiers pour sensibiliser les vacanciers. Les communes ont aussi acheté des barrières pour fermer les routes forestières. Le Parc régional et les communes se sont même coordonnés pour identifier les sites en pression, ne plus faire leur promotion et diriger les gens vers des secteurs de repli.

Pour mieux appréhender cette foule, le PNV expérimente la plateforme Outdoorvision. Son but est d’aider les collectivités publiques à préserver des sites et des itinéraires de sports de nature grâce aux tracés GPS des pratiquants.Comment imposer les bonnes pratiques ? Verbaliser serait contreproductif, l’avis des responsables du tourisme est unanime.

 Par contre, tous prônent le retour des classes nature pour éduquer les enfants à l’environnement. « On va devoir s’adapter à cette nouvelle clientèle, réorganiser notre espace et agir vite si on ne veut pas voir se dégrader la beauté de nos territoires », commente l’élu du Vercors.

Rôle social

Aujourd’hui, autant le Parc régional que les communes reçoivent des aides pour l’investissement.

Mais aucun budget n’est prévu pour ce qui relève de l’urgence, la gestion des foules. Facturer l’usage des routes et des parkings est à l’étude. « Les nouveaux visiteurs viennent décompresser, nous avons un rôle social en les accueillant mais pas à n’importe quel prix », relève le responsable du Parc régional.

« Il est clair, dit-il, que ces deux ans ont relancé la question de nouveaux aménagements telle que des fermetures de routes ou de sites. »Les élus n’auront pas tardé pour agir  : comme un premier coup de semonce, la commune d’Autrans a décidé fin juillet de prendre un arrêté pour interdire le plateau de la Molière et du Sernin aux voitures, du 13 au 17 août. Une expérimentation pour lutter contre la surfréquentation d’un site exceptionnel s’est justifiée la mairie.

D’autres territoires en France passent déjà à des mesures plus fortes. Le Parc des Calanques vient d’annoncer cet été que des quotas restreindront l’accès à ses plages l’an prochain, une approche mise en place par l’île de Porquerolles depuis quelques semaines.