les pharmaciens perdent une bataille


Jusqu’ici, ce dispositif de dépistage du Covid-19 de premier niveau n’était disponible qu’en pharmacies, seuls établissements autorisés à en vendre (au prix plafonné de 5,20 euros). Restriction importante, cette libéralisation de la vente des autotests hors pharmacies, le gouvernement ne l’a autorisée qu' »à titre exceptionnel, jusqu’au 31 janvier 2022″.

Mesure déjà appliquée dans certains pays européens

le secteur des pharmacies françaises est en effet capable de réaliser et valider des centaines de milliers de tests gratuits chaque jour (jusqu’au tout récent record hebdomadaire absolu de 6,2 millions de tests PCR et antigéniques réalisé juste avant Noël, entre le 13 et le 19 décembre). Et sans doute, eu égard à cette impressionnante force de frappe, le gouvernement choisit-il donc aussi de « protéger ses parts de marché », supposait le commentateur de France Inter. Toujours est-il qu’en mars dernier, c’était un coup dur pour Carrefour qui avait commandé 1 million de tests en Chine et, dans les starting-blocks pour les distribuer, a dû jeter l’éponge pour ne pas se retrouver dans l’illégalité. De manière générale, une occasion ratée aussi pour toute la grande distribution française, qui dans un registre proche, pouvait pourtant se prévaloir de l’autorisation de vendre, depuis 2014, des tests de grossesse et d’ovulation, sans parler de la distribution de gel hydroalcoolique ou de masques (Michel-Edouard Leclerc revendique par exemple 900 millions de masques vendus depuis mars 2020).

les pharmaciens perdent une bataille

Intense campagne de lobbying de la grande distribution

Mais alors, qu’est-ce qui a fait changer d’avis le gouvernement ? Avec la 5e vague de Covid-19, plusieurs patrons de la grande distribution étaient repartis en campagne ces dernières semaines, estimant que la distribution en grandes surfaces pourrait constituer une arme de plus pour lutter contre la propagation du virus. Le 21 décembre, le directeur exécutif achats et marketing de Lidl France, Michel Biero, avait indiqué, sur BFM Business, être très favorable à la vente d’autotests par la grande distribution pour répondre à la demande des consommateurs dans cette période de fin d’année. Michel-Édouard Leclerc, président du comité stratégique des magasins E.Leclerc, poussait à la roue le jeudi 23 décembre sur Franceinfo en ces termes:

« On en a en stock, mais on n’a pas le droit d’en vendre », déplorait-il, dénonçant « des réglementations qui datent d’une autre époque. »

Le même jour, c’était aussi Vincent Bronsard, président d’Intermarché et Netto, cité par Le Parisien, qui exhortait le gouvernement à autoriser la grande distribution à vendre des autotests de dépistage du Covid dans ses supermarchés. Comme ses pairs de la grande distribution, le chef d’entreprise promettait de les vendre à prix coûtant, soit à moins de 2 euros. Ce qui va par ailleurs poser un problème aux pharmacies, qui, elles, le vendent entre 4 et 5 euros, au maximum 5,20 euros, prix négocié avec le gouvernement et les fournisseurs. E.Leclerc a déjà annoncé son prix : 1,95 euro l’unité.

Pourquoi les pharmacies ont finalement perdu la bataille

expliquait le 25 décembre Gilles Bonnefond Nous sommes dans une situation de tension, 58% des pharmacies sont en rupture de stock », déplorait Gilles Bonnefond dans le JDD.

Pénurie en pharmacies et abondance en supermarchés ?

Cependant A priori, AAZ et Biosynex, les deux fabricants français qui se partage la commande publique de l’État pour notamment les établissements scolaires et qui fournissent l’énorme marché des pharmacies, sont déjà au taquet. Ainsi de la PME francilienne AAZ qui adapte sa production (3×8, machines en H24) pour passer de 2 millions d’autotests par semaine actuellement à plus 3 millions (+50%) par semaine dès janvier.

« On ne livre plus nos clients par palette, mais par semi-remorque pouvant transporter 250.000 tests », explique le patron de cette PME, Joseph Coulloc’h à BFM TV.

croit avoir la réponse

est loin d’être finie.

Jérôme Cristiani

28 Déc 2021, 20 :17