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Ce type de professeur chevronné reste encore une denrée rare.
Les grandes écoles et les universités, qui commencent à prendre la mesure de l’enjeu, sont à la recherche de ces enseignants-chercheurs très bien formés. « A partir des années 2010, j’ai commencé à crouler sous les demandes, confirme François Gemenne, qui enseigne sur les politiques du climat (négociations internationales, inégalités…), notamment à la Sorbonne, Sciences Po, X. J’ai vu passer ces cours d’optionnels à obligatoires.
»Spécialiste des questions de géopolitique de l’environnement, François Gemenne s’est rapidement imposé dans le débat, donnant régulièrement son point de vue dans les médias, ébranlant au passage le devoir de neutralité qu’on attribue volontiers aux chercheurs.« Si un chercheur doit être honnête et faire preuve de rigueur intellectuelle, je pense aussi qu’il a un devoir d’engagement : quand autant de personnes meurent en mer, je ne peux pas me contenter de publier des travaux de recherche », assène-t-il.Et parfois, les étudiants en redemandent.
« Il m’arrive de donner mon avis, mais je précise toujours qu’il ne concerne que moi. Les étudiants forment leur esprit critique, l’important est de distinguer ce qui relève d’un fait ou d’une opinion. »
Des étudiants de plus en plus concernés
Ce dernier, ancien économiste en chef de l’Agence française de développement, a d’ailleurs été recruté l’année dernière par l’université de Georgetown, aux Etats-Unis, pour diriger le programme de justice environnementale. D’autres pointures, comme Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue et coprésidente du premier des trois groupes de travail du Giec, sont régulièrement citées par les étudiants.
L’engagement de ces jeunes s’est radicalisé ces dernières années, au point de surprendre certains professeurs. « Leurs choix sont beaucoup plus durs, en particulier sur leur mode de vie, que ce soit pour les transports ou la nourriture. Et plus encore sur le sujet des enfants, avec une question qu’ils posent souvent : a-t-on encore le droit d’en avoir ? » souligne Pierre-Jean Cottalorda, tout juste arrivé à l’Ecole nationale des ponts et chaussées comme responsable des premières années.
Former aussi les professeurs
Cet économiste a été le premier salarié du Campus de la Transition, une association fondée par Cécile Renouard, enseignante de philosophie à l’Essec. Le campus travaille avec une quinzaine de grandes écoles et d’universités (Essec, Sciences Po, ENPC, HEC, Mines ParisTech, ICP, X, PSL) pour former les étudiants (et aussi les professeurs) aux enjeux de transition. « Ces questions sont souvent en silo.
Il faut plutôt les penser en logique systémique et transdisciplinaire », plaide-t-il. La plupart du temps, les apprenants vivent une immersion de quelques jours sur le campus.Ensuite, c’est une fierté pour ces enseignants de voir leurs étudiants embrasser des carrières à « impact ».
Il y a ceux qui s’engagent dans des projets radicaux, d’autres dans le monde associatif ou encore dans le monde du conseil et de l’accompagnement au développement durable. Professeur depuis 2007, François Gemenne a vu de nombreux jeunes emprunter cette voie. « Certains sont aujourd’hui responsables d’ONG ou à l’ONU.
Je les recroise à chaque COP pour le climat », glisse-t-il. Preuve, s’il en fallait, qu’il n’a pas perdu son temps.
À noter
Cet ouvrage explique les changements profonds que notre planète vit et les moyens pour lutter contre ces fléaux.