«Faire l’amour pendant la grossesse n’est pas dangereux, sauf s’il y a des contre-indications médicales. Par exemple, une menace d’accouchement prématuré ou de placenta qui se serait placé très bas. Pour répondre à la deuxième question, une croyance populaire veut qu’avoir une relation sexuelle près du terme provoque le travail. Dans le jargon, on parle de la méthode à l’italienne. Ce n’est clairement pas prouvé scientifiquement. Et est-ce que si le travail démarre après un rapport, c’est forcément celui-ci qui l’a causé? Pas forcément.»– Mon compagnon et moi faisons peu l’amour. Faut-il s’inquiéter? Fanny
«C’est une très bonne question que se pose beaucoup de monde. En tant que sage-femme, j’entends beaucoup de récits autour de l’intimité des femmes. Souvent, elles ont tendance à se comparer, soit à ce que leurs amies leur racontent ou soit à ce qu’elles lisent dans les magazines. Je me demande d’où sortent certains chiffres, comme celui de deux à trois fois par semaine? Est-ce en début de relation où la libido est au plus haut? Faut-il s’inquiéter de cette situation? Il n’y a que vous qui pouvez le savoir. Ce n’est pas parce qu’on a peu de rapports que le couple va mal. Il y a des couples extrêmement solides qui ont peu de rapports. Parfois aussi, le fait de les espacer est le signe que quelque chose ne va pas bien ou qu’on n’a juste pas le temps avec la vie de famille.La sexualité n’est pas le ciment du couple, c’est l’intimité. J’entends par là, les discussions, la proximité, les projets. A contrario, il y a certaines personnes qui sont tout à fait capables d’avoir une vie sexuelle extrêmement active sans jamais être en couple.»
– La libido des femmes diminue-t-elle en vieillissant? Catherine«La libido peut diminuer avec l’âge, mais ce n’est pas du tout systématique. Aux alentours de 50 ans, les femmes entrent dans la ménopause. La chute des œstrogènes peut provoquer une sécheresse vaginale chez certaines femmes, conduisant parfois à des rapports intimes douloureux, et à une baisse de la libido. Si tel est le cas, j’invite les patientes à se tourner vers leur sage-femme ou médecin, pour s’exprimer librement. Plusieurs facteurs peuvent influer sur la libido et sachez que cela n’est pas forcément lié à l’âge: une charge mentale qui augmente, un travail stressant, les problèmes que les enfants rencontrent en grandissant…»
– Je suis mère d’un ado de 16 ans en couple. Comment aborder la sexualité avec lui et est-ce à moi de lui acheter des préservatifs? Valéria«Avant d’aborder la sexualité avec votre ado, je vous conseille de noter des mots-clés, comme IST ou encore consentement. Lorsque vous évoquerez le sujet avec lui, il vous dira sans doute qu’il n’a pas envie d’avoir cette discussion avec vous. C’est normal. Sans être intrusif, partagez deux ou trois informations essentielles, et informez que vous êtes à l’écoute des éventuelles questions. Au plus vous montrez que vous êtes là pour en parler, au plus vous offrez la possibilité à votre ado d’avoir un adulte de confiance pour lui éviter plein de problématiques. Ça peut être une idée de lui acheter des préservatifs, en tout cas ce ne sera pas perdu. Il y a encore plein d’ados qui n’osent pas aller en pharmacie ou dans les magasins pour en acheter.Les livres peuvent être un bon outil. Je recommande, par exemple, le bouquin de Charline Vermont, Corps, amour, sexualité: les 120 questions que vos enfants vont vous poser, qui donne plein de conseils.»
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– J’ai 23 ans, depuis quelque temps les rapports avec mon compagnon sont systématiquement douloureux et ce n’est pas un manque d’envie. Que puis-je faire? Zoé«Les douleurs pendant les rapports ne sont pas une fatalité. Il faut vérifier qu’il n’y ait pas de d’infection non plus, par exemple une mycose ou une vaginose. Si l’on ne trouve rien, que tous les examens sont normaux et il y a quand même des douleurs, on peut avoir une prise en charge souvent pluridisciplinaire avec un kiné ou sage-femme spécialisée en périnée qui va travailler à apaiser les douleurs avec des exercices de relâchement et de désensibilisation de cette zone. Parfois, l’accompagnement d’un ou une psychologue est également nécessaire, parce qu’il peut y avoir une forme d’appréhension à avoir des rapports, une cause expliquant ces douleurs, mais aussi parce que les douleurs peuvent avoir un impact sur la santé mentale. Enfin, si les douleurs sont liées à la pénétration, une alternative peut être d’en profiter pour explorer d’autres types de rapport.»
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– J’ai beaucoup de mal à lâcher prise au niveau sexualité, que ce soit pour en parler ou pendant l’acte, que me conseillez-vous? Myriam«Avoir du mal à lâcher prise quand on parle de sexualité, d’intimité, c’est assez courant surtout quand on est une femme. Souvent dans notre société on grandit avec des phrases types telles que ne te donne pas trop vite, tu risques d’être salie, etc. Certains hommes notamment peuvent aussi avoir des mots extrêmement crus qui peuvent donner la sensation que les femmes sont plus des objets que des partenaires de plaisir. Cela peut donc être normal, lorsqu’on a entendu tout ça, d’avoir cette petite interrogation de si je lâche prise, qu’est-ce que l’autre va penser de moi? Si Myriam n’arrive pas à parler pendant l’acte, je lui conseillerai de le faire à un autre moment. C’est souvent la discussion à un tout autre moment qui va permettre de lâcher prise ensuite. Il y a bien sûr, des spécialistes, les sexologues, les psychologues, avec qui on peut en discuter, pour peut-être lever des freins. Cela dépend aussi de ce que l’on entend derrière le lâcher prise: parfois on a l’impression que tout le monde doit avoir une sexualité hyper débridée et la question que j’ai envie de poser à Myriam c’est avant tout de savoir si dans votre sexualité, vous prenez du plaisir, ce qui est le but de l’intimité.»
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– J’ai 27 ans et je n’ai jamais fait l’amour. Cela me bloque pour construire des relations et je n’ose pas le dire aux femmes que je rencontre. Que faire? Nathan«D’abord Nathan n’est pas seul et beaucoup de monde se pose cette question. Cela peut être aussi un très très bon filtre dans les rencontres: si vous ne vous sentez pas à l’aise de le dire à votre partenaire, c’est peut-être que ce n’est pas une personne en qui vous avez vraiment confiance. Après, vous minimisez probablement le nombre de personnes qui seraient capables de l’entendre, et même si vous n’abordez pas le sujet tout de suite, dans une société hyper sexualisée, ça peut être aussi une bouffée d’air frais pour l’autre. Si malgré le fait de rencontrer des personnes bienveillantes et à l’écoute, vous sentez un blocage, parlez-en à un psychologue pour reprendre confiance en vous.»
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– J’ai 71 ans et je suis veuve depuis 10ans. Je viens de rencontrer quelqu’un et j’ai peur d’avoir du mal à passer l’étape de l’intimité. Je me pose notamment la question de la lubrification. Pouvez-vous me conseiller? Gisèle«Merci Gisèle pour cette question qui nous montre que l’on peut, si on le souhaite évidemment, avoir une sexualité à tout âge. Mais, encore une fois, il n’y a pas d’injonction, ce n’est pas une étape qu’il faudra passer, à tout prix. On peut aussi juste se laisser le temps de voir si l’envie vient. Et si jamais elle ne vient pas, on peut simplement se dire qu’on construit un autre type de relation. Sur la question de la lubrification, Gisèle est ménopausée et l’on sait qu’avec la ménopause, il peut y avoir un manque de lubrification naturelle. Dans ce cas-là, je recommande vivement d’utiliser du lubrifiant à chaque rapport, pour ne pas dire que c’est obligatoire. Si cela ne suffit pas, il existe des traitements en dehors des rapports à base d’acide hyaluronique, que l’on peut trouver en libre-service en pharmacie.Enfin, il existe aussi des traitements hormonaux pour aider à avoir une bonne élasticité des tissus, une bonne lubrification des tissus, et donc pas de douleur pendant les rapports. Ce qu’il faut retenir: personne n’a à tolérer des douleurs pendant les rapports. et surtout, pas de pression pour passer l’étape de la sexualité.»
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