Avec la logique suivante qui rencontre un franc succès chez les banquiers centraux depuis les années 1980 : l’inflation est comme le dentifrice
Avec des prix en hausse de l’ordre de 5 % sur un an en Europe, le risque de voir des pans entiers de la population tomber dans la pauvreté est élevé.« Pour les entreprises européennes, la hausse des coûts atteint son rythme le plus élevé de ces 25 dernières années. Dans ces conditions, les hausses de salaires minimum en Europe, et notamment en Allemagne, pourraient nourrir l’inflation », estime ainsi Chris Hare, économiste chez HSBC.
Tout dépend de la concurrence et des institutions
Au-delà des hausses de salaire minimum, « le choc sur les prix va peu à peu se diffuser au sein de l’économie. Il va entraîner une demande d’augmentations de salaires, et celles-ci, en retour, se répercuteront sur les prix de vente. Mais ce sont le niveau de concurrence, l’importance des marges des entreprises et le fonctionnement des institutions du marché du travail qui détermineront l’impact final sur les prix et les salaires », explique Selin Ozyurt, économiste chez Euler Hermes.
« Au Royaume-Uni, comme le marché du travail est très flexible, les salaires réagissent très vite à une hausse de l’inflation », souligne Selin Ozyurt. Ce mécanisme pourrait même être encore plus rapide en cette période puisque « l’économie britannique doit affronter les effets du Brexit couplés à ceux de la pandémie, qui ont réduit la force de travail étrangère. Le manque de main-d’oeuvre se fait donc plus ressentir de l’autre côté de la Manche, ce qui tire certains salaires à la hausse », poursuit-elle.
Dans la zone euro, c’est moins le cas. En France et en Allemagne, la réaction des salaires à la hausse des prix se produit avec un retard de deux trimestres et l’augmentation salariale qui en résulte correspond à peine à l’inflation. A titre d’exemple, un choc de prix de 1 % a tendance à augmenter le salaire moyen français de 1 % au bout d’un an et demi, estime l’économiste dans une étude.
Pas d’accélération des salaires à ce jour
estime Evelyn Herrmann, économiste chez Bank of America.
Selon ses calculs, quand les salaires augmentent de 1 %, les profits baissent de 7 %.Pour l’instant, rien n’indique une accélération des salaires. Dans la zone euro, la hausse des salaires négociés n’atteignait que 1,5 % sur un an au troisième trimestre 2021, son plus bas niveau depuis 10 ans.
Il faut dire aussi que les Etats tentent depuis l’été de réduire l’impact de la hausse des prix de l’énergie sur les revenus des ménages via d’autres mécanismes, comme des chèques en France.