C’est le genre de dossier où tout le monde avance à pas feutrés. Les relais téléphoniques n’ont pas le vent en poupe, en général. Surtout quand il s’agit du parc national du Mercantour… Mais la question de l’implantation d’un relais sur les hauteurs de Saint-Dalmas-le-Selvage, en haute Tinée, a bien été posée sur la table.
À l’origine, il y a le « New Deal mobile », lancé par l’État en 2018, qui impose aux opérateurs de s’attaquer aux zones blanches du pays. Suit un arrêté publié au Journal officiel le 31 mai 2020, qui place le village membre de la Métropole Nice-Côte-d’Azur parmi 484 communes françaises prioritaires pour être couverte en 4G.
138.000 véhicules la saison dernière
Cette injonction est due à l’absence de réseau sur les hameaux du Pra et de Bousieyas. Mais les collectivités locales, la mairie et surtout le Département, qui mène l’équipe de projet local (EPL, où se trouvent également la Métropole et la préfecture), y voient l’occasion de s’attaquer à un autre enjeu: la route de la Bonette, porte d’entrée Nord de la Métropole et des Alpes-Maritimes. Un axe très fréquenté: 138.000 véhicules y sont passés la saison dernière, selon le parc du Mercantour.
Problème, les hameaux et la route de la Bonette sont en zone cœur de parc, zone de protection maximale de l’environnement et où il est en théorie interdit de construire un relais.
« C’est surtout un problème de sécurité, soulève Jean-Pierre Issautier, le maire. On a toute cette zone qui n’est pas couverte. Il y a pas mal de randonneurs, la route est très fréquentée, il y a le camp des fourches… Souvent, les gens qui tombent en panne doivent faire du stop pour descendre à Bousieyas et appeler les secours depuis une ligne fixe. Le problème, c’est qu’on a le sentiment que le parc n’a pas très envie que les travaux se réalisent ».
Aucun emplacement déterminé pour l’instant
Les collectivités locales misent en fait sur une dérogation. « Des exceptions au principe d’interdiction sont possibles, si elles sont motivées, défendues et qu’il y a plus d’avantages que d’inconvénients », explique un responsable du projet au sein de l’EPL.
Il insiste: aucun emplacement n’a encore été déterminé. « Nous sommes encore en train de faire des études. Le but est d’avoir la desserte la plus étendue et la moins gênante possible pour l’environnement. On ne s’amuse pas à faire n’importe quoi n’importe où. »
Le jeu en vaut-il la chandelle? Ce sera tout l’objet des discussions qui ne font que commencer. « On voit comment on peut éviter, réduire l’impact ou compenser l’implantation d’un relais, répond Aline Comeau, directrice du parc national. Les discussions sont constructives. On cherche toujours un équilibre entre les besoins des uns et des autres. Nous, on a des enjeux de gypaète et de paysages, sur le secteur. »