« Ma réponse à Jean-Luc Mélenchon »


#Elysée2022. Samedi 5 mars 2022 : J – 49

La newsletter politique de Thomas Legrand #7 © Radio France

Rapport de force 

Emmanuel Macron a donc choisi, à la façon de François Mitterrand en 1988 (La lettre à tous les Français), d’entrer en campagne en s’adressant directement et par écrit aux Français. Solennelle et simple, dans le contexte du moment, c’était sans doute la moins mauvaise idée. La plus confortable aussi… Et puis vendredi soir le candidat a publié une vidéo de quatre minutes hallucinante ! Le réalisateur pose des questions du genre « mais c’est plié ?!’ ‘- Non ! » répond Emmanuel Macron tout en humilité… Pourquoi s’embarrasser d’un journaliste ou (n’y pensons pas) d’un opposant ? Le président-candidat-président va-t-il continuer en mode monologue hyper sécurisé ? M’est avis que ça va être le thème de mon édito de lundi…   
Les sondages montrent qu’il consolide son avance. Dans les états-majors de ses concurrents (du moins de ceux qui peuvent espérer atteindre le second tour), on scrute les effets de la poutinophilie d’Éric Zemmour et de Marine Le Pen, mais aussi de la position souvent pro-russe (sinon pro-Poutine) de Jean-Luc Mélenchon.  

Pour l’instant, seul Éric Zemmour, qui a le plus, par le passé (passé récent) clamé son admiration pour le type même de gouvernance autoritaire et les orientations idéologiques réactionnaires du président russe, subit (quelques points perdus dans les sondages) les conséquences du filtre immédiat de l’histoire en marche…  
Marine Le Pen n’en rajoute pas, n’arrive pas trop mal à faire oublier ses photos de soutien prises au Kremlin en 2017. Elle caracole en tête des challengers.  
Mais attention, pendant tout le reste de la campagne, les autres candidats, la presse et les internautes vont débusquer d’autres photos, d’autres déclarations, d’autres prises de positions énamourées des candidats d’extrême-droite qui vont peut-être avoir leur effet sur l’opinion.  
Jean-Luc Mélenchon, lui aussi s’en sort bien en ayant très vite viré sa cuti et en ne critiquant plus que (et sur un ton modéré) la livraison d’armes à la résistance ukrainienne.  
Valérie Pécresse ne bénéficie pas d’être dans « le bon camp » de la guerre. Tout revient au président. Chez LR, c’est le grand désespoir, leur dénonciation véhémente des « traitres », Zemmour et Le Pen tombe à plat.  
Quant à Yannick Jadot et Anne Hidalgo, c’est le calme plat tout en bas du classement. La question de cette fin de semaine est désespérante pour ces deux-là : lequel des trois (si on ajoute Fabien Roussel) va récupérer les 2% de Christiane Taubira ? Christiane Taubira a abandonné, dans une indifférence quasi-générale, faute de parrainages… « Merci les parrainages » doit-elle penser. Pas besoin de donner d’explication politique.  
En politique, les voix ne sont pas des objets solides que l’on peut se refiler… Pas sûr du tout que ces 2% laissés en route par l’ancienne garde des Sceaux ne s’évaporent tout simplement pas…        

Polémique à la C… Noix 

Pour comprendre la polémique à la C… Noix de cette semaine (une polémique qui n’a heureusement pas fait beaucoup de vagues en dehors de mon compte Twitter…), il vous faut regarder cette vidéo.  
Eh oui, Jean-Luc Mélenchon m’interpelle dans un meeting à La Réunion samedi dernier. La classe, non ? Alors je profite de ce numéro de « En présentiel dans la présidentielle » pour lui répondre :  
D’abord, France Inter n’est pas une radio d’Etat, mais une radio de service public. La qualifier de radio d’Etat n’est bien sûr pas neutre… Si nous étions une radio d’Etat, je pense que je n’aurais pas passé ces cinq dernières années à me demander ce qu’est le macronnisme. On aurait su me l’expliquer en haut lieu… Mais passons.  
Ensuite, contrairement à ce que dit le candidat insoumis, je ne lui ai absolument jamais reproché d’avoir dit que la Russie n’attaquerait pas l’Ukraine… Je ne le croyais pas moi-même ! En revanche, je me suis contenté de rappeler que, jusqu’au jeudi matin de l’attaque, Jean-Luc Mélenchon estimait que l’OTAN était l’agresseur et la Russie l’agressée.  
Et surtout, plus important à mes yeux et souvent oublié, je rappelais l’incompréhensible position de Jean-Luc Mélenchon sur la Syrie, quand il estimait que Poutine « était la solution » pour la résolution de ce conflit. Les Russes en Syrie ne se sont pas prioritairement attelés à pourchasser Daech, se concentrant sur le bombardement des quartiers d’Alep, tenus par les rebelles les plus modérés et couvrant les attaques chimiques sur la banlieue de Damas, là aussi pour mater les opposants à Bachar Al Assad.        

Mot de la semaine

« Swift » … On ne parle plus que de ça…  
Exclusion de la Russie du réseau bancaire Swift : « Quelles conséquences pour l’Europe ? »  
Et je n’ai toujours pas compris ce que cela voulait dire ! Cette semaine, j’étais en vacances… Lundi matin, je demande à Dominique Seux un cours particulier…        
A samedi prochain,   
Thomas Legrand