Des utilisateurs alertent sur les questions et des actions proposées par cette « appli fun pour vous accompagner dans vos soirées ». En réponse, l’entreprise assure « n’encourager aucun comportement (.) qui pourrait être répréhensible dans le cadre de la loi ». »Frotte ta tête contre les parties intimes de quelqu’un, 4 pénalités en cas de refus », « imiter l’accent congolais jusqu’à nouvel ordre », « Bois, si t’as déjà pissé sur un pote. La base ». Toutes ces propositions figurent dans Picolo, une application qui se définit comme un « jeu à boire », très prisée des jeunes.Créée en 2015 par deux étudiants en école d’ingénieurs, elle n’est pas la seule sur ce créneau mais elle est l’une des plus populaires, avec au moins 20 millions d’utilisateurs revendiqué par l’un des deux fondateurs, Stéphane Fort, trois ans après le lancement. Et un chiffre d’affaires de plus de 14 millions d’euros pour Marmelapp en 2021, d’après les comptes publics de la société éditrice.
« En groupe ou à tour de rôle, vous devrez répondre à ses questions et suivre ses indications parfois déjantées », précise la présentation de l’application sur le Google Play Store.
Mais plutôt que l' »appli fun » et les « fous rires » vantés, certains utilisateurs accusent le jeu de banaliser les violences sexuelles, les discriminations ou le harcèlement. « J’ai déjà assisté à un jeu d’alcool sur téléphone où il fallait mimer une fellation devant tout le monde, passer 5 minutes avec quelqu’un dans une autre pièce », affirme ainsi Pauline*, étudiante. « C’était vraiment angoissant. »
« Un climat de domination »
« C’était pratique pour briser la glace et faire connaissance dans les premières soirées », relate Alix, aujourd’hui âgée de 24 ans. « Il y avait toujours quelqu’un pour démarrer une partie de Picolo. »
Puis »Before » – et peuvent souscrire à un abonnement payant afin d’accéder à 4 autres thématiques, dont « Caliente », « orienté(e) questions coquines ». C’est cette dernière option qui est la plus souvent pointée du doigt dans les témoignages recueillis par BFMTV.com.
“Au début de mes études, je trouvais ces jeux drôles, mais assez vite un malaise s’est installé systématiquement », dénonce Léna, 21 ans. « Il y a vite un climat de domination, surtout quand des hommes jouent avec nous. »
« Touchez le sexe de votre voisin ou voisine »
Émilie dit boycotter l’application depuis le jour où elle a lu : « Avez-vous déjà fait l’amour avec quelqu’un dont vous n’aviez pas envie mais qui a insisté suffisamment ajoute Léna « comme si on devait se protéger les unes les autres » ce qui peut mener à des situations catastrophiques dans leur vie sexuelle propose une action du jeu. « Prends-toi une belle une olive, les deux mains-serrées dans le cul-cul par (un autre joueur) ou prends deux pénalités », exhorte une autre.
« Avec ces incitations, on peut rentrer dans le champ du Code pénal car on ne donne pas le choix à l’autre », insiste Khadija Azougach.
h2> »Nous n’avons jamais été poursuivi »
voire d’un viol la société Marmelapp a répondu ne pas être « énormément disponible » et nous a demandé de lui adresser nos questions par courriel raciste ou à caractère sexuel non consenti qui pourrait être répréhensible dans le cadre de la loi ».
« Nous n’avons d’ailleurs jamais été poursuivi en justice pour une quelconque affaire », précise Jérôme Boé, directeur général de la société Marmelapp.
Relancée pour obtenir des réponses plus précises, l’entreprise n’a pas donné suite.
Des avis dénoncent des « jeux racistes »
Au-delà des questions à caractère sexuel, d’autres utilisateurs dénoncent les propositions liées à l’origine ethnique. »J’aimais bien cette appli jusqu’à que je tombe sur ‘Tom doit prendre l’accent chinois »https://.google.com/ »Tom doit faire les yeux bridé(s) jusqu’à la fin de la partie' », écrit un certain Emerentiane dans un avis posté en mai 2020 sur le Google Play Store. « Waw c’est drôle d’être raciste apparemment. »
« Il y a beaucoup trop de jeux racistes, comme faire des yeux bridés pour imit(er) un chinois ou imité un accent allemand », écrit un autre utilisateur, Raphaël, toujours sur le Google Play Store.
com L' »appli fun » invite par exemple les joueurs à choisir des surnoms « dégradants où tout le monde était sommé de montrer la “personne la plus moche de la table” ou de citer un défaut physique d’une personne, « je trouvais ça extrêmement méchant et j’ai pu constater que ça a blessé beaucoup de personnes autour de moi », précise-t-elle.
« Il y a là des éléments qui démontrent que cette application est complètement en contradiction avec le droit en général et en particulier le droit des mineurs, que l’on est censés protéger par un risque de mise en péril », estime Me Khadija Azougach.
Tu refuses, tu bois (obligatoirement)
En effet estime la jeune femme.Une importante consommation d’alcool peut altérer considérablement les capacités de réflexion et de contrôle de ses actes, notamment le discernement de l’intéressé. C’est-à-dire sa capacité à appréhender son environnement et son état, à maîtriser ses relations avec les autres.
« Ce genre d’application semble complètement anachronique par rapport au discours ambiant dans notre société en 2022 », s’indigne Justine Atlan, directrice d’e-Enfance / 3018, association qui défend « un monde numérique responsable ».
Selon cette dernière, l’application invite à « rendre ludique des comportements délictueux », alors que la question du consentement a été placée au cœur des discussions ces dernières années avec des mouvements, comme #MeToo. « Ces jeux assument d’inciter et de valoriser ces comportements qui peuvent mener à des brimades ou à des délits dans le pire des cas », affirme Justine Atlan. »Des complexes j’en ai, et jouer à ces jeux n’a fait que creuser le (fossé) que je perçois entre moi et les autres », ajoute Émeline*, qui a décidé qu’elle ne jouerait plus qu’avec son « cercle d’amis très proches qui connaissent déjà toute (sa) vie par cœur”.D’autres utilisateurs ont décidé de ne plus s’adonner à ces jeux d’alcool pour ne pas avoir à supporter de nouveau les conséquences. « Je ne joue plus a aucun jeu en soirée depuis quelques années, je refuse complètement et tant pis si je passe pour une grosse relou, mais je déteste ça », conclut Pauline.* Les prénoms ont été modifiés, à la demande des intéressés.