Publié le 25 Oct 22 à 18 :22
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Fabrice Ostorero même si ou réputés comme tels, entre mi-mai et fin juillet 2022. Tous ont porté plainte.
Fabrice Ostorero dans la tourmente
Dans cette affaire, un nom est à retenir, celui de Fabrice Ostorero. L’ancien directeur général des services de la Ville (2014-2021), aujourd’hui directeur de cabinet du président Pierre Bédier au Département des Yvelines, a en effet reconnu face aux enquêteurs de la Sûreté départementale être l’auteur, en tout cas pour partie, de ces envois de textos compulsifs et parfois malveillants.
« À sa façon d’écrire, ses insinuations, c’est signé ! »
Révélation du Canard enchaîné
Ces textos étaient signés « Raphaël Cognet ».
Visée électorale ?
et par voie de conséquence de précipiter vers sa perte le maire finalement réélu de Mantes-la-Jolie – au bénéfice de Jean-Luc Santini, son adversaire et poulain de Pierre Bédier.
La ficelle était trop grosse
saisie par Raphaël Cognet (main courante/h2>Le Canard enchaîné rapporte, lui, qu’une perquisition a été menée, à l’été 2022, au Domaine de Madame Élisabeth, à Versailles, où le Département et son patron aiment recevoir. Plusieurs téléphones y ont été saisis. Les portables en question auraient été achetés par Fabrice Ostorero lui-même.
Le mis en cause aurait reconnu les faits sur procès-verbal
être l’auteur « de certains des SMS litigieux ». Le mis en cause minimise toutefois son implication. « Ce sont des appareils qui servaient à la campagne électorale et dont je ne maîtrisais pas l’usage », a-t-il certifié à l’hebdomadaire.Au terme de l’instruction, Fabrice Ostorero s’est vu signifier une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité. Il est attendu le 9 janvier 2023 au tribunal de Versailles.
« Plaider-coupable »
L’affaire est à l’agenda de la 7e chambre fin janvier 2023.
Une radiation de la fonction publique dans trois cas
Quelle sanction encourt Fabrice Ostorero au sein du Département des Yvelines en cas de condamnation ? Il existe seulement trois cas pour lesquels un fonctionnaire est automatiquement « radié des cadres » : « s’il fait l’objet d’une condamnation entraînant la déchéance des droits civiques ou entraînant la perte de la nationalité française » ou « d’une interdiction d’exercer un emploi public ».
Fabrice Ostorero n’a pas laissé que des bons souvenirs à la mairie
Fabrice Ostorero n’a pas laissé que de bons souvenirs à la mairie de Mantes-la-Jolie.Dans le rapport d’observations définitives de la Chambre régionale des comptes d’Ile-de-France sur les comptes et la gestion de la commune entre 2014 et 2018, rendu public en octobre 2020, l’ancien cadre était directement visé.La juridiction pointait ainsi des privilèges jugés anormaux, accordés dans le cadre de l’exercice de ses fonctions de directeur général des services. Il s’agissait de « primes et indemnités entachées d’irrégularités », « sans fondement », notamment parce que l’intéressé « n’y était pas éligible ».Coût pour la collectivité : 197 092,96 € très exactement. La cour évoque par exemple une indemnité de fonction et de résultat de 1 509,70 € mensuels (71 500 € au total sur la période) ou encore des indemnités forfaitaires pour travaux supplémentaires émargeant à pratiquement 54 000 € sur la séquence 2015-2018.Fabrice Ostorero a également alimenté la rubrique des faits divers. Le 28 octobre 2020, sa voiture personnelle avait été incendiée sur le parking du personnel de la Ville. Un acte criminel.
h2>106 textos en deux mois et demi
Notre Monsieur X avaient un caractère « très politique ». 78actu.fr a pu consulter le contenu de certains de ces messages.
« Merci X (le prénom de notre témoin, N.D.L.R.) pour ton aide et ton soutien discret durant cette campagne. On ne lâche rien pour mobiliser à fond dimanche. Amitiés. Raphaël COGNET »Premier texto du 14 mai 2022 reçu par des agents de la Ville de Mantes-la-Jolie
« C’est le seul SMS auquel j’ai répondu. Il était signé Raphaël, mais j’avais un doute. J’ai donc demandé qui c’était. » « C’est Raphaël, aura-t-il pour réponse. Je compte sur toi demain pour mobiliser ton réseau. »
Des messages « très politiques », puis « très personnels »
portant la signature « Raphaël, Raphaël Cognet ou RC », jusqu’au 3 juin 2022. Lui sait déjà que le maire mantais, avisé de la supercherie, n’en est pas l’auteur. « Les messages sont devenus soudain très personnels », poursuit notre témoin.
« Maintenant que madame (le prénom de son épouse est cité, N.D.L.R.) est couchée et que tu as du temps, tu vas pouvoir en profiter »Message reçu le 3 juin 2022
« J’avais le sentiment qu’il voulait semer le trouble dans mon couple », décrypte l’agent de Ville. D’autres SMS peuvent être sujets à toutes les interprétations. Morceaux choisis : « T’es dispo ? » ; « Je peux passer te voir ? » ; « Tu passes ? ». Le harcèlement va encore plus loin. Extrait.
« Tu veux que je vienne te souffler dans la cornemuse. ? Tu mets ton kilt et tu viens. Je t’attends ! »Message reçu le 21 juillet 2022
La précision sur l’instrument à vent, dont l’emploi est plus que trivialement détourné, n’est pas anodine. Il s’agit justement de celui dont notre témoin joue.
Un corbeau bien informé
Le corbeau semble en fait connaître parfaitement Monsieur X et la teneur d’autres messages en atteste. Tout y passe. Là où il vit, à quelques kilomètres de Mantes-la-Jolie, son adresse exacte, mais aussi la marque de son véhicule, sa passion pour la moto, et même parfois son emploi du temps.Jusqu’à affabuler : « Dimanche 24 juillet, 10 h 22. Viaduc de Millau. même avec les lunettes de soleil. » Puis, dans la soirée : « Un petit tour au Cap d’Agde ? » « Sauf que ce jour-là, j’étais en famille à Paris. »
« Il y a eu aussi tous ces appels sur mon téléphone personnel, toujours la nuit, depuis un numéro masqué, avec personne au bout. À force, c’est usant. Je me levais parfois juste pour vérifier si je n’avais pas reçu un nouveau SMS. Je crois qu’on est tous devenu un peu parano. »Un agent de la Ville de Mantes-la-Jolie
Pourquoi une tel acharnement ?
Trois des victimes étaient en fait chefs de service et donc sous son autorité directe lorsqu’il était en poste à la mairie de Mantes-la-Jolie. Les relations n’ont pas toujours été cordiales.
Une autre plainte pour harcèlement en cours
« J’ai déposé plainte pour harcèlement contre lui en mars 2021, révèle Monsieur X. C’est toujours en cours. »
« Il s’est mis à me détester début 2018. Je n’étais pas suffisamment malléable à son goût. Il m’est arrivé de refuser de lui fournir des renseignements auxquels ils ne devaient pas avoir accès. Depuis, il veut ma peau ! Quand il déteste quelqu’un, c’est un teigneux. Il est même dangereux. Il fait tout pour vous nuire et vous pousser à bout. C’est un pervers, un personnage odieux »Un agent de la Ville de Mantes-la-Jolie
L’une des autres victimes, excédée, aura d’ailleurs des échanges acides avec le corbeau. Une pluie d’insultes, jusqu’à ce que le mystérieux expéditeur craque à son tour : « Poucave (mouchard), Bédave (fumeur de cannabis). RC. »Lui aussi n’a « aucun doute sur la culpabilité d’Ostorero ». « Ce qui nous a choqués, ce sont ses déclarations à la presse (Le Canard enchaîné et Le Parisien, N.D.L.R.). Quand il dit que ce téléphone, tout le monde pouvait l’utiliser, il se moque du monde. Il a été retrouvé chez lui. Mais je ne suis pas étonné. Son argument de défense est à son image, d’une perversité incroyable ! »
« Trop de détails, trop de choses précises »
« Quand on a croisé avec les collègues nos SMS, poursuit-il, on a vite compris qu’il ne pouvait y avoir qu’un seul expéditeur, et qu’il nous connaissait tous très bien. Il y avait trop de détails, des choses très précises. La qualité rédactionnelle n’était pas non plus celle d’un gamin de 17 ans du quartier, et il avait en plus nos numéros personnels à tous les quatre. »« On a porté plainte pour que le dossier ait plus de poids, ajoute cette même victime. Voulait-il nous faire sortir de notre droit de réserve ? Cela aurait pu être un motif de renvoi pour faute grave. »
« Son comportement relève de la perversité narcissique, un homme qui se sent tout-puissant, qui manipule les gens et joue avec eux comme un chat le ferait avec une souris »Une autre victime des messages
« Je crois qu’il n’a même pas peur de sa condamnation, lâche cette victime. C’en est autre chose de l’opinion publique. Si on a décidé de parler, c’est pour que tout le monde sache exactement jusqu’où va sa perversion. »Cet article vous a été utile ? Sachez que vous pouvez suivre 78actu dans l’espace Mon Actu. En un clic, après inscription, vous y retrouverez toute l’actualité de vos villes et marques favorites.