Manu Koné : « Je suis hermétique à la pression »


Zapping Onze Mondial Le calendrier des bleus pour la Coupe du Monde 2022Numéro 354 : Ibrahima Konaté, le Super Saiyan de Liverpool !

« À moi d’être plus intelligent, de savoir quand il faut garder le ballon, quand se retourner et ne pas perdre le ballon dans les zones précieuses. »

je n’étais pas prêt 

Manu Koné : « Je suis hermétique à la pression »

« La Coupe du Monde est dans un petit coin de ma tête. J’ai encore du chemin à parcourir. »

? Je suis tranquille, serein et confiant. J’ai confiance en mes qualités. Si je me dis : « Aujourd’hui, je ne perds pas le ballon, je ne perdrai pas le ballon ». Il faut aller de l’avant, et même si je perds un ballon, ce n’est pas grave, ce n’est qu’un match de football. Il ne faut pas se prendre la tête. Je n’ai pas de rituels, ils changent tout le temps. Je peux écouter de la musique, je peux discuter avec mes potes, je peux rigoler mais aussi être sérieux et focus. J’écoute beaucoup de musique en tout cas. J’écoute du rap français comme Ninho, Tiakola, Kaaris, des musiques pour aller à la guerre pendant les matchs. Et quand tu sors de ton match ? Je peux être content comme mécontent. Je ne suis pas dans le regret. Mais même si je fais un bon match, je vais toujours me dire : « J’aurais pu faire plus ». Je ne me dis jamais : « C’est acquis ». Même si les gens me disent que j’ai fait un bon match, je vais toujours chercher la petite bête, le petit truc qui n’allait pas. Je ne suis jamais content à 100%. As-tu déjà été piqué par une remarque ? Après la finale de la Coupe Gambardella au Stade de France (rires). Pour moi, j’avais fait un bon match, mais mon frère m’avait dit : « Manu, tu as été archi nul, tu as fait un vieux match ». Sa remarque m’a piqué. Je sais aussi que c’était pour que je relève la tête et que je reparte de l’avant. Sinon, je ne fais pas attention à ce qui peut se dire dans la presse. De temps en temps, je regarde Twitter mais sans plus. Sur Twitter, un internaute a écrit à ton sujet : « Manu ne pense qu’au flow quand il joue ». Qu’en dis-tu ?(Rires) Non, je ne pense pas qu’au flow, après quand on voit mes cheveux, mes locks et les couleurs de celles-ci, on peut croire que… (il coupe). En réalité, je ne pense pas à ça. Le plus important, ce sont les performances. Tu peux avoir un bon flow et une bonne dégaine, si tu n’es pas performant, ça ne sert à rien. Ça fait partie de la vie. Si tu aimes bien t’habiller dans la vie, tu vas aimer être raccord sur le terrain. Mais ce sont de petits détails qui ne changent rien. Le plus important, c’est le rectangle vert. Sur Instragram, tous tes posts sont accompagnés du hashtag #enmission, pourquoi ? C’est une longue histoire, elle remonte au centre de formation. Avec mon ami, Moussa Diarra, on se disait qu’on était en mission. Quand on joue un match, on est en mission. Notre carrière de footballeur, c’est une grande mission dans laquelle il faut remplir plein de missions. Que ce soit après un transfert ou avant un match, dans tous les cas, on a une mission à accomplir. Depuis, cette expression est restée. Partout où je suis, que ce soit en entraînement ou en match, je me sens en mission. En mission de quoi ? Mission de réussir. Réussir une mission, c’est gagner le match ou bien s’intégrer dans sa nouvelle équipe. C’est un délire entre nous qui est resté. Je le porte désormais car Moussa ne le montre pas vraiment sur les réseaux. Je me sens toujours en mission. Même là, je suis en interview, je me sens en mission (rires). Quelle est ta plus grande mission ? Rendre fière ma famille, c’est très important, car ils ont toujours été derrière moi. Niveau sportif, je veux devenir un joueur reconnu dans le monde du football. Je veux être reconnu à la fin de ma carrière. Je veux qu’on dise : « Manu Koné était un très, très bon joueur, il a remporté des trophées et accompli de grandes choses ». As-tu déjà échoué à des missions ? Franchement, oui. Plus jeune, je n’ai pas été pris à des sélections. Par exemple, je n’ai pas été retenu à Clairefontaine initialement. Par la suite, je n’étais pas sélectionné en équipe de France U16 et U17, ce genre de choses… Quand tu échoues à une mission, c’est dur. Mais ça rend plus fort. Tu te dis : « Ok, j’ai raté, mais le plus dur, c’est de revenir ». Et quand tu y parviens ensuite, tu en es très fier. Tu as une autre mentalité, une mentalité de battant. Quand est-ce que tu considèreras ta mission accomplie ?À la fin de ma carrière, lorsque je la regarderai de loin, quand je pourrai bien détailler tout ce que j’ai accompli. Je pourrai analyser tout ce que j’ai pu faire, mes performances ou les trophées remportés. J’espère que ma famille me dira : « Manu, tu as réussi une grande carrière ». Si je vais le plus loin possible, ce sera une belle mission accomplie. Plus tard, je n’ai pas envie qu’on dise seulement : « Manu Koné était un grand joueur », j’ai envie qu’on dise qu’il avait beaucoup de valeurs aussi. Après, si je pouvais remporter des trophées et marquer le football français ou même mondial, ce serait magnifique. C’est un tout. Qui sont les joueurs qui ont réussi leur mission ? Zinédine Zidane. Il a réussi toutes ses missions, que ce soit en club ou en sélection. Et même en tant qu’entraîneur, il a tout raflé. C’est un immense exemple. Il sera toujours reconnu. Tout va très vite pour toi, l’équipe de France A et la Coupe du Monde, c’est possible ? La Coupe du Monde est dans un petit coin de ma tête. J’ai encore du chemin à parcourir. Il faut que je sois performant dans mon club. Et si ça doit arriver, ça arrivera. Mais franchement, je n’y pense pas au quotidien. Ce que je peux te dire, c’est que tout est possible. Lors de ce rassemblement, plusieurs joueurs ont rejoint les A, c’est une motivation supplémentaire. Je me dis : « Si ces joueurs ont été appelés en A, il est possible que je sois également appelé ». Je ne suis pas pressé, je suis patient, ça viendra au bon moment. Et si Manu Koné était la surprise de Didier Deschamps pour cette Coupe du Monde ? Peut-être. On l’espère. Ce sont des choix du coach. Dans tous les cas, ce sont mes performances qui vont déterminer ce choix-là. 

« Mon père est un grand fan de football. Quand je rate des matchs, il m’appelle et me fait ses retours. Il jouait milieu à l’époque. »

quand j’étais tout petit, c’était un peu chaud… C’est-à-dire ?J’allais à l’école tout seul, je faisais mes affaires seul, je prenais le métro seul. Et pourtant, j’étais tout jeune, c’était dur pour ma mère de me voir partir tôt de la maison. Quand je repense à tout ça, ça me donne beaucoup de force. Je n’ai pas eu de la chance, j’ai travaillé pour avoir ce que j’ai. Étais-tu turbulent ? (Rires) Je ne faisais pas de grosses conneries, mais par exemple, lorsqu’on était en ville, on s’amusait à sonner aux interphones et courir dans les escaliers. On faisait des petites bêtises. Quand j’y repense, c’est drôle. Il faut aussi savoir que j’ai rejoint très jeune un collège sport-études. Je n’étais donc pas là la journée. Quel est l’avis de ta maman sur ta trajectoire ? Mes parents sont très fiers. Quand ils me voient à la télé, ils sont très contents. Mon grand frère est également fier. Il m’accompagne depuis tout petit. C’est une grande fierté pour lui, il a vu que c’était dur donc c’est une belle récompense. Il a joué au foot aussi, c’était un bon joueur apparemment. Il a joué en Afrique. Ce sont les retours de ses amis.Et ton papa ? Mon père est un grand fan de football. Quand je rate des matchs, il m’appelle et me fait ses retours. Il jouait milieu à l’époque. C’était un très bon joueur. Il est passé par le centre de formation de l’ASEC Mimosas. Il connaît bien le football. Ma mère s’y connaît moins, mais elle suit grâce à moi. Elle vient de temps en temps au stade. Elle me voit comme son petit garçon. Et récemment, elle m’a dit : « Quand je te vois à la télé, tu es costaud, on dirait un papa » (rires). Quelle est ta marque de fabrique ? Je suis un mec simple, je passe du temps avec mes amis, j’ai un cercle très restreint. Je suis très famille. Je suis quelqu’un de très respectueux. J’ai des valeurs. Je suis très confiant et très serein aussi. La confiance fait partie de moi.D’où tu sors cette confiance ? Je ne sais pas. Mais je pense que c’est une qualité, que ce soit sur le terrain ou dans la vie de tous les jours. Les gens peuvent croire que tu as le boulard… Non, pas du tout. Ce n’est pas une question de boulard, j’ai seulement confiance en mes qualités. On peut me reprocher cette confiance. Quand je dis : « Je ne vais pas perdre le ballon », je sais que je ne vais pas le perdre. Ça peut être une qualité comme un défaut. D’où te vient cette coupe de cheveux ? C’est une petite création. Avant, j’avais des locks vertes pour le club de Gladbach, les supporters ont aimé. Je vais bientôt refaire cette couleur. Avant, j’avais un dégradé normal, un jour ma mère m’a dit : « Essaie de faire des locks ». J’ai essayé et c’est bien passé. C’est beau, non ? (rires). Oui, ça me rend plus facilement reconnaissable, mais ça ne m’intéresse pas, je veux juste être performant. Comment Manu Koné cherche-t-il à devenir une meilleure personne ? En prenant exemple sur mes deux grands frères et mes quatre sœurs, je suis l’avant-dernier. Ils me conseillent beaucoup, ils m’aident à devenir une bonne personne. Je suis parti tôt de la maison. De temps en temps, je me fais recadrer sur certains points. Ils me disent de faire attention à certaines choses. Par exemple, quand je rentre à la maison, il m’arrive de ne pas ranger les assiettes ou de ne pas faire la vaisselle. Et là, ils me font la remarque. Quand ma mère vient chez moi, elle me dit de faire plein de trucs. Quand je suis avec eux, je ne suis pas Manu Koné le joueur de foot. Je suis le petit. Parfois, on m’envoie même faire les courses (rires). C’est bien, il n’y a pas de : « C’est le Manu Koné qu’on voit à la télé ». Quand je suis à la maison, je suis le petit frère. J’aime ça. Quand on m’envoie faire les courses, je ne rechigne pas, je prends ma voiture, je prends mon petit cadis et j’achète tout ce qu’on m’a demandé. Ça ne me dérange pas. Dans notre vie, le droit de nais’ (ndlr, naissance) est central. Si ma grande sœur m’envoie, je ne peux pas dire « non », elle est plus grande que moi. Ce n’est pas parce qu’on me voit à la télé que je vais dire « non ». Parfois, je roupille. Quand je dois sortir avec un pote et qu’elle m’envoie, c’est chiant. Sinon, j’envoie ma petite sœur par la suite (rires). Un jour, elle m’a envoyé jusqu’à Cergy-Pontoise, c’était trop loin. Mais comme c’était pour ma sœur, je l’ai fait. 

« Je peux être négligeant sur certaines choses, par contre, dans le foot, je ne suis pas négligeant. »

C’était moi qui les demandais tu donnes le sourire aux gens et tu rentres chez toi tu peux être énervé après un match Les gens ne comprennent pas lequel choisirais-tu quelle question poserais-tu à Manu Koné ?Tu poses une question de fou là (il sourit puis réfléchit longuement). Je lui demanderais : « D’où te provient cette mentalité ? Pourquoi as-tu un mental de fer ? ». Je répondrais que mes blessures de jeunesse m’ont permis d’avoir cette mentalité de battant, je ne lâche rien.  Si tu devais terminer l’interview par une phrase qui te représente, que dirais-tu ?« Ne jamais se comparer, tout arrive en temps et en heure. » Il ne faut pas regarder les autres ou les envier. Se comparer, c’est normal on va dire. Mais aujourd’hui, les gens se comparent dans un mauvais but. Il faut se comparer pour avancer, c’est tout. Un mec inférieur à un autre, il va se comparer avec une mauvaise mentalité et se dire : « Pourquoi lui est à ce niveau et pas moi ? ». Alors que s’il veut se comparer, il faut qu’il se dise : « Je vais arriver à ce niveau et je vais tout donner pour ». Moi, je regarde Pogba et Ndombele, ce sont mes références dans le monde du football. Sur 10, combien te mettrais-tu pour cet entretien ? Je me mets 6,5 car je n’aime pas trop les interviews. Je ne suis pas habitué à ça. Je préfère me concentrer sur le terrain et le ballon.  

Pour résumer

Après une première saison réussie en Bundesliga, tous les yeux sont désormais braqués sur Manu Koné. Un changement de dimension qui n’impacte pas les performances du milieu de terrain du Borussia Mönchengladbach. Aussi sûr de ses qualités qu’hostile aux interviews, le gamin de Villeneuve-la-Garenne a forcé sa nature pour répondre à toutes nos questions. MenLife : le network de l’homme au quotidien