Alpine-Renault : revoir la vie en rose, et vite


La tête encore dans les nuages, les pieds dans le sable, la Formule 1 va bientôt devoir se résigner à revenir aux affaires avec le retour de la discipline attendu le week-end prochain aux Pays-Bas. Pour Alpine-Renault, cette rentrée résonne comme un tournant après l’incroyable Grand-Prix de Belgique, où l’équipe a centralisé l’attention, tant par ses annonces que son show sur la piste. L’heure de la remobilisation a sonné, dans un contexte où les commentaires et les questions fusent.Ce n’est certainement pas une surprise mais les récentes annonces d’Alpine-Renault ont suscité bien des réactions, et soulevé des rumeurs plus ou moins folles. Autant le dire tout de suite, la présence de Renault en Formule 1 n’est aucunement menacée. Une certaine presse faisait part de son doute, quand d’autres évoquaient une vente à Andretti, probablement sous couvert d’un lobbying des acteurs – nombreux – peu favorables à l’idée de voir une onzième écurie se joindre à la fête.Dans ses colonnes, le très sérieux AutoHebdo questionnait sur la légitimité de ces rumeurs. En effet, pourquoi effectuer un tel remaniement si l’intention était de vendre ? Pourquoi se séparer entièrement d’une structure dont la valeur ne cesse de s’envoler – Alpine n’a-t-elle pas déjà vendu 24% de ses actions pour 200M€, portant sa cotation à plus de 800M€ ? ! Une cession d’ailleurs courante en Formule 1 pour se donner du cash et amortir les investissements. Enfin, ajoutons un rappel purement marketing : la Formule 1 est la pierre angulaire de la stratégie d’Alpine pour accroître sa notoriété à travers le monde.

mais certaines sources évoquent un pouvoir grandissant et surtout une forte aptitude à bloquer le changement.

Alpine-Renault : revoir la vie en rose, et vite

Forcément, les langues se sont déliées suite à ces évictions. Si Alan Permane est resté muet, Otmar Szafnauer a critiqué la Direction du Groupe Renault, Luca de Meo en tête. Trop présent et pressant à son goût. L’ex-dirigeant du programme souhaitait proposer un planning plus étendu là où notre CEO souhaitait accélérer les choses. Comment peut-on penser le contraire et encore accepter d’attendre ?Faut-il rappeler que le projet est lancé depuis 2016, et que Renault n’a signé qu’une victoire, et une faible poignée de podiums ! Son meilleur résultat en championnat est quatrième. À son lancement, Cyril Abiteboul promettait de construire une équipe en ligne avec la réglementation 2021 (devenue 2022), avec le titre en objectif pour cette année-là. Puis Luca de Meo est arrivé en 2020 et a insufflé une nouvelle dynamique via Alpine, mais de nouveau avec un plan à 100 courses (5 ans). C’était le constat de l’échec de la première tentative.Seulement voilà, cette seconde itération bleue végète comme ce fut le cas sous la bannière jaune. À côté, en une saison, McLaren est capable d’être en fond de grille puis de jouer la gagne. En une intersaison, Aston Martin passe d’une pénible Q1 à l’équipe capable de pousser Red Bull dans ses retranchements. Face à ce constat, comment expliquer à un Luca de Meo bien alerte sur la Formule 1 la nécessité d’un délai additionnel pour monter en puissance ?Il est vrai que parmi le discours affiché par les personnes évincées, il ressort deux éléments : un manque de budget et une forte ingérence de la Direction du Groupe Renault. Deux points qui, historiquement, ont toujours été pointés du doigt. D’ailleurs, il était souvent mentionné que le Losange gagnait malgré de faibles budgets, preuve d’un savoir-faire et d’une optimisation sans faille. Cependant, à l’heure du tout hybride, cela ne passe plus et depuis 2014, notre marque subit la concurrence. » Chaque année, les ambitions étaient de plus en plus grandes et chaque année, malheureusement, les ressources mises en œuvre n’étaient pas. disons pas à la hauteur de ces ambitions « , explique Marcin Budkowski, un ancien cadre du projet.  » Mais ce sont des choses que les membres du conseil d’administration de Renault n’ont pas toujours voulu entendre. « 

les gens du conseil d’administration ne veulent tout simplement pas l’entendre. Il faut aussi dire que les résultats d’Aston Martin ou de McLaren cette année ont montré qu’il était possible d’accélérer le processus, même si l’on peut voir qu’Aston Martin est en train de reculer un peu et que McLaren a eu des avantages et des inconvénients, même si ce n’est pas un processus linéaire « , ajoute-t-il. » Derrière les grands succès de ces 30 dernières années, vous trouverez une structure simple, détachée d’un organigramme industriel, construite autour de trois ou quatre personnalités fortes, couplée à un pilote champion « , rappelle de son côté le très respecté Alain Prost, pour le compte de L’Equipe.  » Ces écuries avaient aussi un président fort et complètement impliqué dans la F1 : Luca di Montezemolo, Dieter Zetsche et Dietrich Mateschitz. Quand Renault a connu le succès, il y avait un homme, Flavio Briatore, et un pilote de légende, Fernando Alonso, soutenu par un management de spécialistes (Patrick Faure, Louis Schweitzer. Ndlr) prenant des décisions rapides. «  » Durant mes années chez Renault, combien de fois ai-je entendu dans les couloirs du siège à Boulogne-Billancourt, que la F1 était un sport simple qui pouvait être dirigé de la maison par des hommes en place. Grossière erreur comme le prouve le dernier des dirigeants Laurent Rossi, dont Luca de Meo s’est séparé « , ajoute-t-il.Avec Luca de Meo, Renault a retrouvé l’un de ses hommes forts, mais a certainement besoin d’un autre au sein de l’écurie. Otmar Szafnauer n’a finalement pas tenu ce rôle. Les rumeurs, de plus en plus insistantes, évoquent l’arrivée de Mattia Binotto, l’ancien cadre de Ferrari en Formule 1, aujourd’hui libre. Il pourrait rejoindre Alpine avec une série d’ingénieurs, notamment côté moteur.

Le Losange serait prêt à ouvrir le carnet de chèques pour convaincre et se donner les moyens de gagner. D’ailleurs, signe de cette volonté, Alpine se dote actuellement d’un nouveau simulateur, en plus d’investir dans de nombreux autres domaines et de faire du lobbying pour augmenter l’enveloppe budgétaire autorisée pour développer les infrastructures – aujourd’hui limitée par la réglementation -. » Le simulateur dont nous disposons actuellement est un modèle assez ancien « , explique Matt Harman, Directeur technique d’Alpine.  » Il est très performant et les personnes qui l’utilisent font un excellent travail pour en tirer le meilleur parti, mais il a quelques années de retard en termes de résolution, de mobilité et de capacité à donner confiance au pilote dans tous les aspects. «  » Nous avons donc décidé d’investir massivement. Nous tenons beaucoup à ce qu’il soit déployé et en place, prêt à informer fondamentalement la conception de la voiture de 2026. Il viendra s’ajouter à notre simulateur actuel, de sorte que nous conserverons l’unité actuelle afin de pouvoir établir des corrélations « , précise-t-il. » Nous sommes une équipe d’usine, nous devons donc tout reprendre à zéro, y compris la transmission, l’hydraulique et tout le reste, c’est pourquoi nous envisageons d’investir fortement dans un nouveau système de test pour cela. Nous en possédons déjà un que nous utilisons actuellement, mais il ne couvre pas les exigences [de 2026]. Nous avons donc besoin d’un tout nouveau système « , ajoute Matt Harman.

Alpine-Renault aspire toujours à devenir la quatrième force du championnat [et] vous verrez des améliorations même après la pause estivale. «  » Quand nous avons apporté de bonnes mises à jour à la voiture, nous nous battions près du top cinq « , ajoute de son côté Esteban Ocon.  » C’est très encourageant de voir qu’à chaque fois que nous apportons une évolution, la voiture semble faire un pas en avant. Cela a toujours été un de nos points forts. Les évolutions ont juste besoin d’arriver plus régulièrement, et je pense que ça ira. Cela n’est tout simplement pas allé dans notre sens récemment, d’autres équipes se sont améliorées plus que nous. McLaren a donné un exemple. Je ne dis pas que nous pourrons le suivre mais cela montre à quel point c’est serré et à quel point apporter quelque chose sur une ou deux courses peut changer les choses. « 

Dès lors Je vais à Enstone pour partager cette information, l’explication, pour répondre aux questions, avec tout le personnel d’Enstone. « 

«  » En ce qui concerne la fonction de Team Principal Alpine-Renault doit redonner confiance, et installer un climat serein au sein de sa propre structure. Le potentiel humain et matériel est là, les projets d’amélioration sont ciblés et  » en route « , reste à faire en sorte que la machine soit bien huilée pour fonctionner de façon optimale. Et ainsi de nouveau voir la vie… en rose !