Mariage royal : la princesse Mako et Kei Komuro, l’union qui a bouleversé l’empire japonais


Scandale financier, pression médiatique, Covid… Le mariage de la princesse Mako et Kei Komuro a dû surmonter de nombreuses épreuves, mais a finalement bien eu lieu. Retour sur cette histoire d’amour qui a bouleversé l’empire japonais.C’est en 2012 que la princesse Mako rencontre Kei Komuro, sur les bancs de l’International Christian University de Tokyo. La nièce de l’empereur japonais Naruhito y étudie l’art et le patrimoine culturel. Le duo tombe amoureux en août, mais quelques mois plus tard, la princesse doit s’envoler pour le Royaume-Uni, afin de poursuivre son cursus à l’étranger. Elle découvre alors une vie très différente et bien plus libre que celle qu’elle vit dans son pays natal, loin de l’étiquette de princesse et des codes royaux. Kei Komuro décide lui aussi de partir poursuivre son parcours scolaire dans un autre pays. Il choisit l’Amérique. « De mon côté, je suis alors allé aux États-Unis pendant un an, on était séparés mais on est restés en contact très souvent », raconte-t-il à un journal japonais. Très amoureux de la fille du prince héritier japonais Fumihito d’Akishino et de son épouse Kiko, Kei Komuro lui propose de se marier dès 2013. Le jeune homme patiente et leur idylle se poursuit. Le 3 septembre 2017, après cinq ans de relation, le couple annonce officiellement ses fiançailles lors d’une conférence de presse. A lire aussi : Mariage royal : Naruhito et Masako, la descente aux enfers d’une princesse au Japon

La princesse et le roturier  

La princesse Mako et son fiancé font alors les couvertures des magazines people de tout le pays. Kei Komuro semble être l’époux idéal. Le jeune homme est très épris de la princesse et possède une bonne situation grâce à son statut d’avocat. Son attitude est exemplaire et son comportement irréprochable. Durant son temps libre, il affirme jouer du piano et adorer le jazz. Féru de sport, il se décrit comme quelqu’un qui a un quotidien très simple dans les interviews qu’il donne à l’époque. Leur conférence de fiançailles dure treize minutes et leur promesse de mariage est validée par la monarchie et le peuple. Bien que Kei Komuro ne soit pas de sang royal, ni issu d’une famille de la noblesse, leur union est vue d’un très bon œil. La princesse Mako n’est en effet pas la première à prendre un roturier pour époux. Le 29 octobre 2018, c’était la princesse japonaise Ayako de Takamado qui épousait l’homme d’affaires, Kei Moriya. Les mariages d’amour, qui ne se feraient pas entre membres de familles royales ou impériales sont donc tolérés au Japon. Mais ce genre d’union se paye par un sacrifice de taille. Si un membre de la famille impériale souhaite épouser une personne sans titre royal, il devra lui aussi renoncer au sien. Une décision qui revient également à renoncer à sa place dans l’ordre de succession au trône. Cependant, le mariage peut tout de même être célébré dans le respect des traditions ancestrales et la mariée a droit à une dotation très généreuse. 

Quand le scandale éclate 

La célébration officielle des fiançailles ainsi que le mariage sont prévus pour l’année suivante. Mais la cérémonie fixée au 4 mars 2018, ainsi que le mariage prévu pour le 4 novembre, sont soudainement reportés à l’année 2020. La raison officielle ? « Un manque de temps pour les préparatifs nécessaires », explique l’agence de la Maison Impériale dans une déclaration. La princesse Mako confirme l’information et ajoute vouloir reporter l’événement après « une série de cérémonies importantes pour la famille impériale ». Une référence subtile à l’abdication de l’empereur Akihito qui se produira en avril 2019. Mais la vraie raison de ce report est en réalité bien plus complexe. En décembre 2017, l’hebdomadaire japonais « Shukan Josei » affirmait que la mère du futur marié aurait emprunté une grosse somme d’argent à son ex-compagnon pour financer les études de son fils. Un montant avoisinant les quatre millions de yens, soit 30 000 euros, que la mère de Kei Komuro n’aurait jamais remboursé. La famille royale est offusquée par la nouvelle. Face à l’acharnement médiatique qui fait suite à cette annonce, le mariage est retardé. L’homme qui épousera la nièce de l’empereur se doit d’être irréprochable. Sa réputation ne peut pas être entachée par un scandale financier. « Komuro est-il vraiment l’homme idéal pour la princesse ? Beaucoup de lecteurs se posent la question », peut-on lire dans la presse locale. Les Japonais sont convaincus que ce dernier s’est approché de la princesse Mako par intérêt dans le but de rembourser ses dettes avec son argent. Kei Komuro est au cœur de la tourmente, il part une nouvelle fois aux États-Unis pour ses études. S’il s’éloigne de ses détracteurs, le jeune avocat s’éloigne aussi de sa bien-aimée. La pandémie de Covid-19 fait son arrivée en Asie puis dans le monde entier. Les voyages sont interdits, les deux amoureux se retrouveront séparés pendant plus de trois ans. Les deux amants maudits continuent cependant de communiquer à distance, tandis que la famille impériale espère que le temps et la séparation auront raison de leur amour. Mais la princesse Mako n’abandonne pas et s’obstine à vouloir épouser l’homme qu’elle aime. 

Une lettre de 28 pages pour enfin se retrouver

Après la longue absence de Kei Komuro et face aux rumeurs qui circulent, la princesse Mako sombre dans la dépression. Seule face à son clan, la jeune femme peine à rester forte. Les médecins lui diagnostiquent un stress post-traumatique dû à toutes les théories et autres remarques que son mariage provoque. Des messages haineux et médisants se multiplient sur les réseaux sociaux. Un affolement médiatique qui pèse sur les épaules de la princesse. De son côté, Kei Komuro fait tout pour pouvoir rejoindre sa promise dès que cela sera possible. Pour sauver son mariage, compromis par le scandale, le jeune homme se voit dans l’obligation d’écrire une lettre, ou plutôt un plaidoyer. Longue de 28 pages, sa missive reprend chaque détail de l’affaire et tente de montrer la bonne foi de sa mère ainsi que la sienne. Il insiste sur sa situation professionnelle stable puisqu’il a été engagé dans un cabinet d’avocats à Manhattan. Face à ses arguments et sa détermination, l’empereur japonais et la famille impériale concèdent alors à accepter ses explications. Une nouvelle date est fixée en octobre 2021, pour célébrer leur mariage et Kei Komuro rentre au Japon. Un retour très commenté et critiqué une fois encore. Le futur marié est arrivé avec une coiffure peu appréciée par les fervents traditionalistes : une queue de cheval, qu’il a ensuite coupée. La princesse Mako retrouve donc son fiancé après de longs mois. Mais leurs retrouvailles sont très vite gâchées par des manifestations organisées contre leur union dans les rues de Tokyo.A lire aussi : Mariage royal : Meghan et Harry, les rebelles adorés et détestés

Un mariage historique 

Malgré la contestation massive, après quatre ans d’attente, la princesse Mako et Kei Komuro deviennent enfin mari et femme, le 26 octobre 2021. Une belle victoire après un combat acharné. Le couple peut enfin vivre son amour au grand jour. « Les documents matrimoniaux ont été présentés et acceptés », a affirmé un représentant de l’Agence impériale à l’AFP. Le mariage est donc validé même si, au vu de la situation, il n’est finalement pas célébré selon les rites traditionnels. La cérémonie se résume à la signature d’une déclaration à la mairie puis à une conférence de presse. Les mariés répondent aux questions des médias. La nièce de l’empereur tient à s’exprimer en premier en affirmant selon des propos rapportés par l’agence de presse japonaise « Kyodo News » : « Je reconnais qu’il existe divers points de vue concernant mon mariage avec Kei. Il est pour moi une présence irremplaçable. Le mariage était une option que nous devions prendre pour continuer à vivre tout en protégeant avec soin nos cœurs. » Un discours auquel son mari a répondu en déclarant qu’il l’aimait et voulait vivre la seule vie dont il dispose avec elle. La princesse Mako renonce à son titre comme l’exige l’empire lors de ce genre d’union. Or, elle refuse également de percevoir la dotation habituellement attribuée aux femmes de la maison impériale qui épousent des roturiers. Une somme d’argent qui peut atteindre 153 millions de yens, soit 1,2 million d’euros. Un geste symbolique qui montre le désintérêt financier du couple et vise à faire taire les rumeurs qui concernent son époux. Ce refus est une première dans l’histoire de l’empire japonais post-Seconde Guerre mondiale.  La jeune femme de 30 ans fait ensuite ses adieux à sa famille devant les caméras japonaises. Elle s’envolera très prochainement pour les États-Unis afin de s’installer avec son époux et de vivre enfin, une vie normale. La princesse Mako et Kei Komuro, finissent donc ensemble, envers et contre tous.