Sur la scène fédérale, Québec solidaire préfère le NPD, c’est bien connu.
Un sondage interne commandé au Bloc à la firme Léger cet été – dont j’ai obtenu les résultats – est éloquent à cet égard, du moins pour ce qui est des électeurs « qsistes ».
Au fédéral, 43 % d’entre eux se sont dits plus enclins à voter pour le parti de Jagmeet Singh.
Et même si QS s’affirme souverainiste, 24 % seulement des répondants qsistes comptent accorder leur appui au Bloc.
Ex-QS
Aux élections québécoises de 2018, Marie-Christine Lamontagne a été une candidate QS – « poteau », ironise-t-elle –, dans Montmorency. Elle travaillait depuis 2016 à l’aile parlementaire.
Mais elle est partie en 2020. « Sans claquer la porte », insiste-t-elle.
Cette année, la jeune femme de 27 ans a choisi de porter les couleurs du Bloc québécois.
Laïcité
Sa position personnelle s’apparentait à Bouchard-Taylor (interdiction des signes religieux aux agents de l’État pouvant user de coercition).
Formule qu’avait défendue QS en 2018 ; mais à laquelle le parti renonça pour adopter une position hostile à toute interdiction.
Mme Lamontagne aurait pu vivre avec ce virage, mais c’est la manière de le faire, après l’élection, et sans débat suffisant, qui l’a rendue « mal à l’aise ». QS a même dissous en novembre 2020 son « collectif » laïcité.
- Écoutez l’entrevue d’Antoine Robitaille avec Marie-Christine Lamontagne sur QUB radio :
Bref, en ces matières, elle est plus à l’aise au Bloc. Mais c’est surtout son « engagement indépendantiste » qu’elle a voulu y poursuivre : « Je vois venir des fronts importants qui vont demander à ce que le Québec soit fort, qu’il se tienne droit. » Elle pense notamment au séisme que pourrait créer le référendum sur la péréquation en Alberta cet automne.
Les deux camps – celui du fédéralisme renouvelé et le souverainiste – ont échoué : « Tant que ce n’est pas réglé, le Bloc a sa pertinence », insiste-t-elle.
L’importance des questions politiques, elle l’a comprise lors du « printemps érable ». Mais l’énergie de cette époque n’a pas été bien « canalisée », opine-t-elle.
3e lien
Se présentant comme « pragmatique » et intéressée à tous les dossiers, c’est elle, en fin d’entrevue radio (pour QUB), qui me rappelle que je n’ai pas abordé (comme prévu) le sujet du tunnel Québec-Lévis ; et l’éventuel appui du fédéral à ce projet caquiste d’au moins 10 milliards $.
La position du Bloc sur la question est évasive. Le chef Yves-François Blanchet dit qu’il n’a pas à formuler une opinion sur le projet, puisque c’est une demande de Québec.
« Faut comprendre le rôle du Bloc », répond Lamontagne, celui de défendre notre capacité de décider : « C’est peut-être pas la posture que certains attendent, mais c’est la nôtre et ça donne des résultats.
»
Exemple : l’entente de 6 milliards $ sur 5 ans pour les garderies, annoncée par les premiers ministres Trudeau et Legault le 5 août. Sans un contingent de bloquistes, le fédéral aurait-il bougé si vite ?
Les conservateurs, eux, se sont engagés à payer 40 % de la facture du 3e lien : « D’un côté ils disent cela, mais de l’autre, ils promettent d’annuler l’entente de 6 milliards $ sur les garderies. » Ce que le fédéral « donnerait pour le tunnel serait enlevé aux familles québécoises », soutient-elle.