l’un des meilleurs spécialistes de la région préparent un documentaire sur le financement par l’ONG Qatar Charity de projets de mosquées et de centres islamiques en Europe qui propose un bon prix pour en acquérir les droits Mais en achetant les droits du documentaire coauteur de l’ouvrage Les Esclaves de l’homme-pétrole (éd Ils nous ont donc proposé de nous inviter au Qatarétonnamment bien payé quelques voyages de presse bien sentis… « Au final
Et mise plutôt sur les décisionnaires. Le haut du panier. Et à ce titre, les chercheurs sont une cible de choix.
Et l’enseignement supérieur français, une vraie passoire ! Assez classiquement, le Qatar a voulu s’attirer les compétences de grandes institutions, en s’associant par exemple, dès 2010, à HEC Paris, ou, plus récemment, lors de cette dernière rentrée, en ouvrant un bachelor en droit en collaboration avec Paris-I-Panthéon-Sorbonne. Une manière de faire rayonner la France à l’international ou d’enseigner la démocratie à de futurs jeunes décideurs et décideuses selon les plus optimistes. Une jolie occasion également de s’attirer les bonnes grâces d’universitaires français maltraités par leur pays d’origine.
Moins visible, mais sans doute plus inquiétant, Doha a également investi dans ce même fleuron universitaire français, sur notre propre sol. En effet, depuis 2012, par le biais d’une ONG, le Centre international pour la sécurité dans le sport (ICSS), le Qatar finance, à hauteur de 150 000 dollars par an, une chaire du département juridique de Paris-I, intitulée « Éthique et sécurité dans le sport », chargée de lutter contre les paris sportifs illégaux. Des fonds qui font grincer des dents chez les autres collègues de Paris-I.
« Quand on est attaché à l’enseignement supérieur public, on sait qu’il est toujours dangereux de voir arriver des fonds extérieurs. Surtout en provenance de ces pays non démocratiques, estime une universitaire. Il y a des risques de voir apparaître des recherches complaisantes, indignes de notre université… » Et dans les faits, en épluchant les thèses soutenues ces dernières années, on trouve des travaux déconcertants.
Comme, en 2020, une thèse sur « Les dispositifs de lutte contre le terrorisme et la garantie des droits fondamentaux, le cas de la France et des pays du Golfe » dans laquelle la France est critiquée (à juste titre) pour ses mesures d’exception dans ce domaine qui s’éternisent, et où l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, les grands ennemis du Qatar, sont présentés comme des autocraties (ce qu’elles sont) se servant de leurs législations antiterroristes pour museler leurs opposants, tandis que le Qatar est, lui, décrit comme un État garantissant l’égalité entre les êtres humains, la liberté d’expression et la liberté de culte. Sans jamais faire allusion au sort des travailleurs étrangers ou des femmes (qui ont besoin d’un tuteur masculin pour faire la moindre chose), ni aux liens entre le pays et les Frères musulmans, ou le financement du terrorisme… Cerise sur le gâteau, toujours selon cette thèse soutenue à la Sorbonne, l’interdiction du burkini en France aurait pour conséquence de nourrir l’extrémisme violent et le terrorisme… Contactée, l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne n’a pas répondu à nos questions.Pour André Gattolin, sénateur des Hauts-de-Seine et rapporteur d’une mission d’information parlementaire sur le sujet, ce genre de pratiques est loin d’être anodin : « Ça permet de blanchir une image.
À force de diffuser ce genre de travaux s’insinue l’idée que, finalement, ils ont de bons côtés, ils progressent… Et puis, très vite, on oublie de rappeler les quelque 6 500 morts sur les chantiers… Et à la fin, on abandonne la défense de nos idéaux. Ça va très vite ! Le monde d’aujourd’hui se construit avant tout sur ces narratifs. » Comme, par exemple, un président ou des joueurs de foot français s’éclatant au Qatar ? ●.