Selon cette version, c’est donc l’accusé qui les a suivis, alors que deux autres témoins prétendent l’inverse.Agnès, qui promenait son chien avec son compagnon Didier, soutient qu’elle a entendu un homme, qui parlait au téléphone depuis sa tente, mais elle ne l’a pas vu. Sur son chemin vers le parking du magasin, elle a croisé Philippe et Roland, qui se dirigeaient vers le square.
« En revenant vers le square, on a entendu des éclats de voix. J’ai vu Philippe et son copain devant la tente, qui insistaient pour faire sortir Jean-Yves, lequel répondait qu’il voulait la paix. J’ai dit à Philippe et son copain de retourner chez eux.
Au même moment, Jean-Yves est sorti de la tente pour se rendre vers la Place de la Perche. Roland l’a suivi et Philippe a rejoint son ami. J’ai vu Roland chuchoter des paroles à l’oreille de Philippe, lequel s’énervait.
J’ai eu l’impression que Roland incitait Philippe à aller se battre avec Jean-Yves. C’est en revenant vers la tente que l’accusé a déclaré : Vous êtes venus à deux, mais vous ne me faites pas peur. Philippe lui a répondu : Viens, viens, je suis seul ».
Didier se souvient d’avoir vu une tente dans le square, et entendait l’occupant parler au téléphone. « Je l’ai entendu dire qu’il avait reçu un coup de marteau dans le visage et qu’il était blessé. Sur le Ravel, nous avons croisé Philippe et Roland.
En revenant vers le square, on a entendu une dispute. Philippe et Roland étaient en train d’invectiver Jean-Yves, lui demandant de sortir. Ils insistaient, mais il refusait de sortir.
On voyait qu’ils avaient envie d’en découdre. A un moment, Jean-Yves est sorti de sa tente et il est parti vers la place. Ils l’ont suivi ».
Didier confirme qu’Agnès a tenté de raisonner les deux hommes de rentrer chez eux. « Roland a dit quelque chose à Jean-Yves, qui est revenu sur ses pas, lui demandant de rester à un mètre cinquante. Il voulait partir mais Roland voulait lui rentrer dedans.
Philippe est revenu et Jean-Yves s’est retrouvé entre les deux hommes. Il a été pris en tenaille et il s’est défendu face à deux hommes qui n’étaient pas dans leur état normal, ils avaient bu ». Toutefois, l’analyse toxicologique révèle que Philippe n’était pas en état d’ivresse, au contraire de Jean-Yves.
Agnès parle aussi de légitime défense. « Philippe est parti vers la gauche et Jean-Yves vers le centre, suivi par Roland. Ils se sont dirigés vers Jean-Yves », raconte Agnès.
L’accusé répond qu’il a sorti son couteau quand il est arrivé sur la Place de la Perche, car il se sentait menacé.Quelques secondes plus tard, Philippe était terrassé d’un coup de couteau porté à la base du cou.Roland prétend qu’il n’a pas vu le couteau tout de suite.
« L’accusé et Philippe ne se sont pas battus. Tout a été très vite. J’ai esquivé des coups et il a planté le couteau dans le cou de mon meilleur ami.
Ensuite, il est parti en courant et je me suis occupé de mon ami, qui est mort dans mes bras ».Agnès n’a pas vu le coup, « je ne voyais que des mains qui s’agitaient », mais prétend que Jean-Yves et Roland ont continué à se battre, alors que Philippe était couché sur le sol, grièvement blessé. « J’ai eu l’impression que Jean-Yves était en état de choc quand j’ai croisé son regard, en me rendant près de Philippe ».
Le président a confronté les trois témoins dont les versions sont diamétralement opposées. Les témoins confirment leurs déclarations.