Transports  : répondre aux besoins en priorité


Texte collectifToute politique publique en termes de mobilités doit se donner pour objectif de répondre aux besoins des populations concernées, aux exigences d’aménagement du territoire et à l’urgence climatique. L’expérience le montre : la mise en concurrence tourne le dos à ces objectifs – preuve en est, tant par les conséquences néfastes dans les régions qui l’ont mise en œuvre, que par les réussites dans celles qui ont fait le choix de la refuser. Les questions à se poser sont simples : comment se déplace-t-on en France et à quel prix ? Quels moyens financiers sont injectés dans les mobilités ? Quelle proximité entre production de biens utiles et la consommation des ménages ? Quelle organisation du travail près des lieux d’habitation pour réduire les trajets ?
La première ministre a annoncé un plan d’investissement de 100 milliards d’euros pour le ferroviaire à horizon 2040, soit dans les dix-sept années à venir. Ce plan a depuis été précisé par le ministre des Transports, qui a annoncé que l’État participerait à hauteur de 8,6 milliards d’euros au volet mobilités des contrats de plan État-région 2023-2027. Ces déclarations, séduisantes en apparence, ne répondent ni aux exigences ni à l’urgence. En effet, de très nombreuses liaisons ferrées en France sont dans un état de plus en plus catastrophique. On ne compte plus les liaisons en train qui sont obligées de fermer du fait du mauvais état des voies et les ralentissements de circulation qui se généralisent à cause du sous-investissement. Il est par ailleurs nécessaire de poursuivre le développement du réseau ferroviaire par la création de nouvelles lignes pour proposer des alternatives écologiques au déplacement des voyageurs et des marchandises. Et puisque le transport qui coûte le moins cher à la planète et au porte-monnaie est celui que l’on n’a pas besoin de faire, il y a nécessité de développer un projet de territoire avec des services publics forts, consolidés, avec une offre de formation à tous les niveaux, qui permette de vivre et de travailler au pays.
Dans ce cadre, il est nécessaire de protéger les terres agricoles et la biodiversité – ici comme ailleurs  – afin de maintenir et de développer une agriculture paysanne qui puisse répondre aux besoins des populations. Pour ce projet de territoire, il faut un réseau de transports publics moderne, associant notamment, dans un cadre multimodal, le ferroviaire et les autres modes de transport complémentaires (routes, aéroports). Ce n’est pas, à l’évidence, l’orientation choisie par Emmanuel Macron et le gouvernement Borne, qui demeurent sourds aux exigences de notre temps, tant en matière de préservation de la planète que des conditions de vie des salariés du pays.
Nous exigeons que la somme annoncée soit débloquée dans un laps de dix ans, c’est-à-dire dans la période des deux prochains contrats de plan. N’oublions pas que le montant des dépenses dans les infrastructures ferroviaires par habitant n’est que de 45 euros en France pour 124 en Allemagne et 413 en Suisse  ! C’est pourquoi nous demandons que les transports publics dans les régions puissent bénéficier des mêmes leviers fiscaux que ceux de l’Île-de-France. L’égalité territoriale nécessite de l’égalité fiscale.
Nous proposons donc que les taux plafonds du versement mobilités soient alignés sur ceux de Paris, et que toutes les agglomérations profitent de la création de taxes locales sur les bureaux et de taxes sur les surfaces de stationnement équivalentes à celles créées en Île-de-France. De plus, il nous semble nécessaire qu’il y ait une juste péréquation fiscale. Nous proposons que la taxe locale sur les bureaux dans les territoires les plus riches, soit augmentée de 20 euros par mètre carré et par an au bénéfice des infrastructures de transport du reste du pays. Par ailleurs, les déplacements ne peuvent se concevoir qu’en termes de complémentarité des modes de transport entre eux. Marche, vélo, transports urbains et interurbains, ferroviaire, aérien, fluvial… et, bien sûr, voiture individuelle, à sa juste place. L’ensemble du territoire national a besoin d’être desservi par l’ensemble de ces modes. Aucun territoire ne doit être fossilisé. Chacun, quels que soient son lieu de vie et son lieu de travail, doit pouvoir se déplacer librement, à un coût abordable, grâce à des modes de transport fiables et abordables à tous points de vue. Dans les mobilités, le temps de « l’assignation à résidence » n’a plus lieu d’être. Seul un grand service public rénové avec les moyens nécessaires peut y répondre.  Si les questions à se poser sont simples, elles se résument aussi facilement à une seule. Dans quelle société voulons-nous vivre, avec quelle place pour l’être humain ?