Mourir ne peut attendre à la Comédie Nation


Publié le 6 nov. 2021 à 11 :27« Walking Dead » with Odette Lafleur… Nous avons tous peur de la mort, mais Odette et sa copine Janine (ou son amie imaginaire) sont particulièrement stressées, obsédées même par ce rendez-vous incontournable. D’où leur décision d’entreprendre, une « thérapie comportementale d’immersion », de « tenter de vivre heureuse en attendant la mort », comme le suggérait Pierre Desproges.

La mort à tous les étages, sous toutes ses coutures et tout le temps  : c’est en soignant le mal par le mal, que nos deux « mourvivantes » comptent faire un sort à leur phobie existentielle mortifère.Un spectacle sur la mort, qui exalte la vie, voilà la catharsis que propose Anne de Peufeilhoux à la Comédie Nation. Médecin et chercheuse dans une première vie, l’autrice et comédienne joue les guérisseuses d’âme avec « Qui arrosera les plantes quand je ne serai plus là ? », un monologue en forme de requiem joyeux.

Mourir ne peut attendre à la Comédie Nation

Son Odette provoque la camarde avec sa thérapie radicale  : simuler la mort trois fois par jour, visiter les cimetières, assister aux enterrements et crémations, travailler si possible auprès de mourants. Et comme nos deux copines sont des femmes écoresponsables, elles veulent opter pour des funérailles durables.

Tous aux urnes  !

Inhumation ou crémation, quelle est la solution la plus verte ? On divulgâche la réponse  : la crémation.

Alors, vite, tous aux urnes  ! Odette nous en propose un joli assortiment « arty ». Bon exemple de recyclage  : nos cendres mélangées à la terre boosteront la croissance d’une plante en pot. D’aucuns, préférant la glace au feu, opteront pour une dissolution dans de l’azote liquide… Au-delà de son florilège fantasque, Anne/Odette nous donne une belle leçon de vie, avec son concept de « mourvivante ».

Sans la mort de certaines de nos cellules, nous ne pourrions-nous régénérer et (sur) vivre. A la vie, à la mort ? La scientifique pointe derrière la saltimbanque et son discours se fait philosophe.Subtilement mise en scène par Céline Bothorel, Anne de Peufeilhoux incarne avec une énergie solaire son personnage de clown funèbre.

Elle nous fait rire. Réfléchir. Et à réponse à tout.

 Sauf à la dernière question concrète, inéluctable  : « qui arrosera les plantes quand je ne serai plus là ? ». On pense à Janine… cachée peut-être quelque part dans le public. Mourir ne peut attendre, mais il faut savoir s’organiser.

Qui arrosera les plantes quand je ne serai plus là ?

Théâtrede et avec Anne de Peufeilhouxmis en scène par Céline BothorelParis, Comédie Nation, 77 rue de Montreuil, 75011 Paris, 01 48 05 52 44www.comedienation.frtous les mardis à 19 h 00, jusqu’au 14 décembre.