Comment bien négocier sa démission après 20 ans d'ancienneté ?


Comme un bon petit soldat, vous avez passé les 20-27-30 dernières années à gravir les échelons dans la même entreprise. Bravo  ! Mais là, il n’y a plus moyen d’évoluer, vous n’êtes plus nécessairement d’accord avec les nouvelles orientations stratégiques, vous aspirez à changer d’air ou surtout, vous avez été retenu pour un nouveau boulot… en externe. Avant de signaler votre démission, vous vous demandez donc ce que vous allez pouvoir négocier en partant après toutes ces années de bons et loyaux services.

Bien négocier le versement d’une prime sur objectifs

 Question d’un salarié  : « En partant en février 2022, vais-je quand même percevoir mon bonus indexé sur mes objectifs 2021 ? Et comment m’y prendre si mon employeur ne veut pas me le verser ? » Sur cette question du versement du bonus en cas de démission, deux cas de figure  :

Comment bien négocier sa démission après 20 ans d'ancienneté ?

  • Votre contrat de travail (ou un avenant) stipule les conditions de versement de ce bonus. Par exemple qu’il est versé tous les ans en mars mais que son déclenchement est soumis à présence dans l’entreprise. Dans ce cas, votre employeur va se référer à cette mention pour essayer de ne pas vous le verser.

Le salarié peut, à tout le moins, négocier, un versement de son bonus au prorata de son temps de présence effectif sur l’année de référence

Magali Latry, avocat en droit du travail

  • Votre contrat de travail ne mentionne rien sur cette question des bonus. Autrement dit, votre employeur verse des bonus de manière discrétionnaire. Vous allez donc devoir engager une fine négociation.

/h2> »«Les plans d’épargne salariale sont négociés et signés avec les partenaires sociaux « La plupart du temps, le montant versé est proportionnel au temps passé dans l’entreprise », constate maitre Magali Latry.  

Existe-t-il une prime qui récompense l’ancienneté ?  

 Question d’un salarié  : « Puis-je demander une prime de départ pour “bons et loyaux services” ? »Ah oui, vous pouvez toujours tenter le coup mais légalement, l’entreprise ne vous doit rien. « Dans le cadre d’une démission, un salarié ne peut pas exiger de prime de reconnaissance ou de remerciements. Je n’ai jamais vu ça », assure notre experte.  

Peut-on transférer son ancienneté chez son nouvel employeur ?

 Question d’un salarié  : « Puis je négocier la reprise de mon ancienneté auprès de mon futur nouvel employeur ? »Inutile de perdre votre temps et votre énergie dans ce type de demande, elle est non recevable. Sauf… car il y a toujours des exceptions, si vous quittez une société pour en rejoindre une autre appartenant au même groupe. Là, c’est envisageable.  

Faut-il dire que l’on veut souffler avant de rejoindre son nouvel employeur ?

Question d’un salarié  : « Je quitte une boîte où j’étais depuis 25 ans. J’ai besoin de faire un break avant de rejoindre mon nouvel employeur. Puis-je demander à décaler mon embauche au-delà de trois mois ? » Évidemment que vous n’êtes pas obligé d’enchainer direct votre nouveau job après la fin de votre préavis. Vous pouvez tout à fait prendre une, deux, trois ou 4 semaines pour souffler et recharger les batteries avant d’attaquer sur votre nouvelle fonction. Si vous avez été chassé, vous êtes en position de force pour imposer ce sas de décompression. Si au contraire, c’est vous qui êtes à l’origine de la démarche de candidature et que votre futur employeur est pressé de vous voir débarquer, c’est plus délicat. La solution ? Écourter votre préavis par exemple d’un mois. Et profiter de ce temps pour vous ressourcer. Toutefois, sachez que cette décision n’est pas neutre financièrement. « Si le salarié est à l’initiative de la demande de dispense partielle ou totale du préavis, il ne lui sera pas payé », prévient Magali Latry.  Vous le voyez, la démission vous laisse en fait peu de marge de manœuvre. « Au bout de 27 ans de carrière, il est à mon sens plus aisé de négocier un départ amiable via une rupture conventionnelle ou un départ négocié (une transaction) que via une démission. Même si je constate que de nombreux employeurs font passer le message que la rupture conventionnelle est inenvisageable chez eux », conclut-elle.