Sillé-le-Guillaume. La poignante leçon de vie d'un vice-champion paralympique à Saint Cœur de Marie


Publié le

20 Jan 24 à 16 :46

Sillé-le-Guillaume. La poignante leçon de vie d'un vice-champion paralympique à Saint Cœur de Marie

 

Voir mon actu

Suivre Les Alpes Mancelles

en août et septembre prochains, à Paris (Roland Garros). 

Un exercice qui donne à réfléchir

Le double champion de France et six fois champion du monde handi-tennis, licencié à Coulaines, a d’abord, donné rendez-vous aux élèves, sur les terrains de tennis de la Métallerie.Une leçon concrète vaut tous les discours ! Frédéric Cattanéo a alors mis les collégiens en fauteuil roulant, afin qu’ils se rendent compte des difficultés que vivent au quotidien les personnes en situation de handicap.

Frédéric Cattanéo et Eloïse Marçais, ont fait une démonstration de haute volée, en présence de Gérard Galpin, maire de Sillé et conseiller départemental. « Le Département soutient Frédéric Cattanéo. Nous serons derrière lui lors de ces Jeux. Nous espérons qu’il revienne en Sarthe puis à Sillé, avec la médaille d’or autour du cou. » 

Un accident de moto

14 heures pile, les classes de 4e et leurs professeurs, ont pris le self du collège comme salle de conférence de presse. Les journalistes en herbe, avec l’aide de Delphine Bonjean, Eloïse Marçais puis Emmanuel Beldacci, professeur de français, ont très bien préparé leur interview. Vidéos : en ce moment sur ActuLa question centrale concernant le handicap de Frédéric Cattanéo a été posée. « J’ai eu un accident de la route en 2002. J’étais en moto quand une voiture m’a percuté. La personne qui la conduisait était responsable de cet accident. Elle a manqué de vigilance. Elle n’a pas mis son clignotant pour tourner… Je ne me souviens que de ça. Après, c’était le trou noir. Je me suis réveillé à l’hôpital. Je me suis demandé ce que je faisais-là… ». 

« Je ne devais pas être là, à vous parler »

« Vous en voulez à cette personne ? » « Oui et non. Oui, parce que c’est elle qui m’a renversé avec toutes les conséquences derrière. Et non, parce que c’est une bêtise. Et on fait tous des bêtises. C’est humain. »Votre rééducation ? « Entre l’hôpital et le centre de l’Arche de Saint-Saturnin, il y a eu un an et demi de rééducation. Au départ, j’ai appris à marcher en étant appareillé. C’était une galère pour faire 500 mètres avec une prothèse. J’ai vite opté pour la position assise en fauteuil roulant. »Comment vivez-vous votre handicap ? 

je ne devais pas être là, à vous parler. J’avais 23 ans au moment de mon accident. Je me suis dit : il me reste encore beaucoup de temps à vivre et que la vie m’a donné une seconde chance. J’ai fait de mon handicap, une force. Quand on est motivé alors, rien n’est impossible. Dans la vie, il ne faut pas se fixer de limites. Il faut d’abord essayer avant de dire que je n’arriverai pas. »

La folle histoire avec sa belle-mère

Et parfois, ce sont les autres qui doutent de vous. « Une fois, j’ai vu que le toit d’un cabanon menaçait de s’écrouler dans le jardin de ma belle-mère. J’ai proposé de le nettoyer. Elle n’a pas voulu me contrarier, mais elle se disait sans doute que j’étais fou…Pour elle, un handicapé en fauteuil roulant est incapable de grimper sur une échelle. Je vous avoue que je n’étais pas sûr de mon coup non plus. On a bien fixé l’échelle ensemble et j’ai monté, une à une, les marches de l’échelle. Et avec un balai, j’ai fini par bien nettoyer le toit. »Frédéric Cattanéo a réalisé un exploit en la circonstance. Il faut savoir qu’il a perdu l’usage de ses deux jambes lors de son accident.L’histoire de l’échelle démontre sa volonté de s’attaquer parfois à l’inimaginable.

« Je ne regrette pas ma vie d’homme valide »

Frédéric Cattanéo ne regrette pas sa vie d’homme valide. Le handicap a rendu ce guerrier au tempérament de feu, encore plus solide.

Gérard Galpin j’allais à Roland Garros pour voir les matchs en spectateur dans la tribune. Jamais je n’aurais imaginé un jour, que j’allais être sur le court central pour jouer au niveau international ! Ce n’est pas parce qu’on a un handicap qu’on est foutu ! Il faut savoir s’adapter. J’ai des choses à vivre et à faire vivre aux gens. Je préfère ma vie de maintenant, parce que je m’éclate et je suis en hyperactivité. »

Un palmarès gargantuesque

Votre passion pour le tennis ? « J’ai commencé à l’âge de 5 ans, au Maroc, où résidaient mes parents. J’étais d’abord leur ramasseur de balles. Ils m’ont offert une raquette en bois. Je me suis entraîné avec contre le mur. Voilà comment j’ai chopé la passion du tennis… »Votre palmarès ? « J’ai à mon actif 1 000 matchs en double et 1 000 matchs en simple. J’ai été deux fois champion de France, et six fois champion du Monde. J’ai été vice-champion paralympique en double, en 2012. » Votre plus beau souvenir ?  « Notre quart de finale en double aux Jeux de Londres en 2012. On a battu les Anglais chez eux, ça fait toujours plaisir ! Puis, on a remporté notre match en demie contre Les Pays-Bas. Ces deux succès nous ont permis de revenir avec la médaille d’argent. » Vos entraînements ? « Du lundi au vendredi, deux séances de deux heures dans la matinée et deux heures dans l’après-midi. Puis, de l’entraînement physique en plus. » 

 « Mon plus grand rival, c’est moi !  »

Dans quelques jours En réalité, je ne suis pas souvent chez moi. » 

une concernait l’argent. Frédéric Cattanéo n’a pas botté en touche. Il a fait savoir qu’il fallait d’abord sortir quelques « 40 000 euros » par an pour disputer ses tournois dans les quatre coins de la planète. Et que parallèlement à sa vie de joueur de haut niveau, il occupe un emploi chez France Services (anciennement Pôle Emploi).

Deux mondes parallèles

« J’ai gagné le tournoi de Roland Garros handi-tennis. Il m’a rapporté 60 000 euros. Sachez que chaque perdant au premier tour de Roland-Garros valide, empoche 60 000 euros ». Frédéric Cattanéo veut faire faire comprendre qu’il n’y a pas un fossé, mais une mer qui sépare ces deux mondes.Et il s’appuie sur un exemple plus frappant. « Le vainqueur valide de Roland-Garros empoche plus de 2 millions d’euros. Puis avec ses sponsors, il gagne deux fois plus. Nadal a remporté 13 fois Roland Garros, je vous laisse faire le calcul ! « .

Objectif ? Les JO de Paris

Rafael Nadal et Roger Federer peuvent bien se payer un jet privé pour leurs déplacements. L’essentiel n’est pas là pour Frédéric Cattanéo.Il reste concentré sur les Jeux de Paris avec la ferme volonté d’empocher une nouvelle médaille.Autre très grande motivation : porter la bonne parole concernant les vraies valeurs du sport, et de témoigner encore et toujours que le handicap n’est pas une fin en soi. Handicapés ou pas, nous avons tous des combats à mener régulièrement. Il ne faut jamais se décourager. « Nous avons vécu un moment très fort et sans filtre. Les messages de Frédéric Cattanéo sont puissants et très motivants », soulignent Delphine Bonjean et Eloïse Marçais. « Nous louerons la salle de cinéma, à Sillé, pour vous suivre en demi-finale ou en finale !  », s’adressait Mickaël Jupin, à Frédéric Cattanéo, un immense champion, sur et en dehors, des courts de tennis.Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.