Près de six ans après la signature de l’Accord de Paris sur le climat, le nouveau rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) vient mettre en lumière l’urgence incontestable d’agir pour éviter le pire, selon ce qui se dégage des nombreuses réactions publiques formulées lundi.
« Nous ne pouvons pas attendre », a ainsi insisté l’envoyé spécial américain pour le climat, John Kerry, appelant les gouvernements à prendre des « décisions courageuses », à quelques mois de la prochaine conférence de l’ONU sur le climat, la COP26, qui se tiendra cet automne à Glasgow, en Écosse.
Même son de cloche du côté du président français Emmanuel Macron, qui a appelé à « un accord à la hauteur de l’urgence » lors de cette COP, qui doit permettre de faire le point sur les engagements pris par les États pour lutter contre la crise climatique.
Pour le moment, ceux-ci menacent de conduire la planète vers un réchauffement de +3 °C, par rapport à l’ère préindustrielle, soit le double de l’objectif le plus ambitieux de l’Accord de Paris.
Dans ce contexte, « stabiliser le climat va nécessiter une réduction forte, rapide et durable des émissions de gaz à effet de serre, pour atteindre la neutralité carbone » au plus tard en 2050, a insisté Panmao Zhai, coprésident du groupe d’experts ayant élaboré ce nouveau rapport du GIEC. Plus d’une centaine de pays, dont le Canada, se sont engagés à atteindre cet objectif de « carboneutralité », et ce, même si les mesures à mettre en place pour y parvenir restent à préciser pour l’essentiel de ces pays.
Climat et fossiles
Réagissant au rapport du GIEC lundi, le ministre canadien de l’Environnement et du Changement climatique, Jonathan Wilkinson, a toutefois assuré que « le Canada prend des mesures climatiques agressives pour éviter les pires répercussions causées par les changements climatiques » et que le gouvernement cherche toujours à se fixer des cibles plus ambitieuses.
Est-ce que le gouvernement Trudeau compte aussi mettre un terme aux nouveaux projets d’exploitation d’énergies fossiles, comme le réclamait lundi le secrétaire général des Nations unies, António Guterres ? Le cabinet du ministre Wilkinson n’a pas répondu à cette question du Devoir. « Notre plan climatique cible les réductions d’émissions de tous les secteurs de l’économie, y compris le secteur de l’énergie, tout en maintenant les travailleurs au cœur de la transition vers les énergies propres », a-t-on d’abord indiqué.
Ras-le-bol
Exaspérées par l’inaction climatique de plusieurs, des personnalités publiques ont profité de la publication du rapport lundi pour exprimer leur ras-le-bol. « Vous nous parlez depuis plus de trente ans des dangers de laisser la planète se réchauffer. Le monde a écouté, mais n’a pas entendu.
Le monde a écouté, mais n’a pas agi assez vigoureusement. Résultat : le problème que représente le changement climatique est là, maintenant. Personne n’est en sécurité.
Et c’est de pire en pire, de plus en plus vite », a déclaré Inger Andersen, directrice exécutive du Programme des Nations unies pour l’environnement.
« C’est à nous d’être courageux et de prendre des décisions basées sur les preuves scientifiques », a plaidé quant à elle la jeune militante Greta Thunberg, sur Twitter. « Nous pouvons encore éviter les pires conséquences, mais pas si nous continuons comme aujourd’hui, et pas sans traiter la crise comme une crise.
»
Pour plusieurs États insulaires menacés par la montée du niveau des océans, ce nouveau rapport démontre que la lenteur à agir pourrait carrément faire disparaître leur territoire. « Ce rapport est dévastateur pour les pays les plus vulnérables au changement climatique comme les Maldives, parce qu’il confirme que nous sommes au bord de l’extinction », a ainsi déploré l’ancien président des Maldives, Mohamed Nasheed, au nom du Climate Vulnerable Forum, qui représente un milliard de personnes de 48 pays.
Avec l’Agence France-Presse
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