Le futur algorithmique de la musique


 

Universal Music Group, la marque de disques représentant Drake et The Weeknd, a vite retiré la chanson du Web. L’entreprise a expliqué que Ghostwriter977 avait enfreint les lois en incluant, au début du morceau, une portion protégée d’une composition du producteur musical Metro Boomin [2]. Cette subtilité juridique démontre l’ampleur des questions éthiques et juridiques relatives au droit d’auteur auxquelles doivent répondre plusieurs pays [3] par rapport au développement et à la diffusion de plus en plus rapide de l’IA en musique. 

Le futur algorithmique de la musique

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Pour ce faire, le gouvernement canadien, qui a entrepris en 2021 une consultation visant la refonte de la Loi sur le droit d’auteur [4], s’est déjà montré ouvert à élargir le statut d’auteur à un algorithme d’IA [5]. De son côté, le Bureau du droit d’auteur des États-Unis, même s’il n’a aucun pouvoir législatif, a réaffirmé en mars dernier que la portée des lois encadrant le droit d’auteur ne pouvait s’étendre aux algorithmes d’IA [6]. Aucune mention n’est toutefois faite des humains ayant élaboré les compositions et qui pourraient éventuellement revendiquer des droits sur celles-ci. De plus, les algorithmes sont entraînés sur des œuvres existantes afin de reproduire la voix d’un ou d’une artiste, des œuvres elles-mêmes protégées par des droits d’auteur et dont l’utilisation doit s’accompagner de redevances aux artistes les ayant créées [7]. 

Des journalistes se sont demandé si Heart on My Sleeve, dont les paroles ont été écrites par Ghostwriter977, serait admissible au Grammy de la meilleure chanson rap de l’année, le trophée visant à souligner la composition d’une œuvre et non son interprétation. L’organisation des prix Grammy a par contre affirmé que le deepfake ne serait pas dans la course, en raison de son manque de distribution de même que du flou éthique et juridique entourant sa création [8]. 

D’importantes questions sur les implications de l’IA dans l’art continueront de se poser dans les années à venir. Universal Music Group vient justement d’annoncer un partenariat avec BandLab afin d’élaborer des cadres de gouvernance pour l’utilisation de l’IA en musique [9]. L’issue du dossier, certes déterminante pour les artistes du Canada, pourrait d’ailleurs influencer tout l’univers culturel. 

étudiante au programme de doctorat en bioéthique à l’Université de Montréal