Elle s’appelle Raphaëlle, elle a 17 ans et elle assistait, lundi, comme près de mille autres personnes. Toutefois, contrairement aux autres, cette jeune fan de la série de
TF1 a eu
l’occasion d’interviewer Clément Rémiens et Benjamin Baroche, dans la loge réservée aux comédiens. Pendant quinze minutes, les acteurs ont pris soin de répondre aux questions qu’elle avait préparées en amont de cet entretien. Ceux qui incarnent les personnages de Maxime Delcourt et Emmanuel Teyssier parlent du lien qui les unit et de ce qui les attend dans le feuilleton quotidien.
Le rapport hiérarchique entre Teyssier et Maxime n’empêche pas ce dernier de ne pas se laisser marcher dessus. Comment définiriez-vous la relation qu’entretiennent vos personnages ?
Clément Rémiens : On n’a pas de réponse précise à cette question-là, parce qu’on avance tout le temps. Ça fait longtemps que l’on dit aux producteurs et aux scénaristes que l’on aimerait aller titiller leur relation, mais on ne veut pas établir quelque chose de net.
Benjamin Baroche : Oui, de manière à pouvoir bouger.
Clément Rémiens : Maxime est un élève un peu particulier, surtout vis-à-vis de Teyssier. Je pense qu’il y a beaucoup d’amour entre les deux. Ce n’est pas ce qui est dit, je ne sais pas si on le ressent, mais il y a une espèce de respect entre les deux.
Benjamin Baroche : Dès la première scène que l’on a jouée ensemble, je l’engueule et je me souviens lui dire : « Bouge-toi le cul, finis ton truc au chocolat. » On avait déjà trouvé ce petit lien. Il y a une estime mutuelle, on le sent, même si l’autre est un sadique. À la sortie de la première journée de tournage, on s’est dit qu’on essaierait de nourrir cette petite fleur qu’il y a entre les deux, cette estime mutuelle. En même temps, il faut qu’on joue un antagonisme quand même, donc il y a des côtés chez Teyssier qui énervent fortement Maxime et vice-versa. Du coup, c’est comme ça que le duo peut marcher.
Clément Rémiens : On a installé le fait d’adorer se détester, comme deux taureaux.
Y a-t-il des intrigues dans lesquelles vous aimeriez retrouver vos personnages ou dans lesquelles vous auriez aimé jouer aux côtés d’autres acteurs ?
Benjamin Baroche : Quand je vois les choses que les jeunes ont à jouer, je trouve ça formidable, vraiment. Le coming-out de Greg, c’est formidable. Je cite ça, mais je pourrais citer 15.000 autres choses. Le « sugar daddy », c’était formidable à jouer. C’est formateur, je me nourris beaucoup des jeunes, j’apprends beaucoup de cette génération, je suis vraiment content parce que j’aurais pu passer à côté. J’ai travaillé en école d’acteurs juste avant de décrocher ce rôle, donc j’étais déjà un peu pluggé à votre génération. Heureusement ! Parce que sinon, à 50 balais, tu as vite fait de ne voir que des gens de 40-50 ans et tu ne parles plus le même langage. La première chance que j’ai, c’est qu’il y ait tous ces jeunes dans la série, ça me met sur ces rails.
Clément, que pensez-vous de l’évolution de Maxime depuis « Demain Nous Appartient » ? On dit qu’il est trop lisse, trop parfait. Que répondez-vous aux critiques ?
Clément Rémiens : Tu as tout compris sur ce qu’il m’arrive en ce moment en termes d’évolution de personnage. Il faut que ça bouge. Je souhaitais changer le personnage, mais le faire vraiment évoluer, le salir encore plus que ça. Mais ça va se faire, il n’y a pas de problème. Je pense qu’on peut avoir un personnage universel comme celui de Maxime, gentil avec beaucoup de caractère. Il peut avoir des défauts et le fait de tromper sa copine, ça fait quand même un peu de bien parce que, d’un coup, on se demande ce que fait Maxime. Au moins, on se pose une question sur lui. Effectivement, il a reçu beaucoup de critiques. J’ai toqué à beaucoup de portes pour dire : « Attention, attention. » Pour mon personnage et pour les téléspectateurs, je devais faire en sorte de faire lire les critiques. On a discuté et ça s’est bien passé. J’espère que, pour la suite, ça ira. On a beaucoup travaillé tous les deux, après beaucoup de discussions autour de ta question.
Benjamin Baroche : On a un gros truc qui arrive pour tous les deux.
Clément Rémiens : Ce ne sera plus un Maxime qui va aider tout le monde. Il va être plus centré sur lui-même et il va essayer, avec son ego et sa fierté, de se mettre un peu à la hauteur de Teyssier. Je pense que ça va beaucoup plaire au chef.
?
Benjamin Baroche : Ah oui, je ris bien sûr. Je retravaille certaines punchlines. Des fois, c’est too much, il n’y a pas besoin de plus. Il y a une petite phrase de trop que j’enlève. On travaille en chœur avec tout le monde, donc je ne prends pas trop de libertés, mais comme on va vite, il faut viser juste… En lien avec la quotidienne, tu sais ce qui marche au bout d’un moment. Ça ne veut pas dire que tu prends le pouvoir sur tout et que c’est toi qui décides. Tu es un acteur, tu es dirigé et des gens écrivent pour toi. Mais je sais que des mots ne vont pas marcher et d’autres oui, donc je me les approprie plus, je change deux ou trois trucs sur les punchlines. Mais à 70 %, elles sont intouchables parce qu’elles sont super. Donc je rigole beaucoup quand je les reçois. Il m’est arrivé d’en refuser deux ou trois fois, il y en a une que j’ai refusé de dire sur les étrangers. J’ai dit : « Non, ça, ce n’est pas Teyssier. » Il n’est pas homophobe, il n’est pas xénophobe. C’est arrivé très très rarement, mais sur les nouveaux qui arrivaient, on avait Deva, je me foutais de la gueule du perso de Kathy et voilà, il ne fallait pas trop en rajouter.
Clément. Avez-vous d’autres projets en vue ?
Clément Rémiens :
Ça veut peut-être dire oui, ça !
Benjamin Baroche : Elle est bien, cette petite !
Clément Rémiens : Oui, le fait de réfléchir veut dire oui… Après, il y a des choses qu’on ne peut pas dire. J’apprécie tes questions ! Qu’est-ce que je pourrais répondre ? Évidemment, heureusement que j’ai des projets personnels. Il y a longtemps, mon coach de basket me disait qu’il fallait toujours avoir un objectif. Il me parlait de progression technique, mais je l’associe à une vie aussi. Le but n’est pas d’avoir des projets, mais des histoires à raconter pour moi. Je suis plutôt content de tout ce que j’ai fait, parce que je trouve que j’ai des petites histoires à raconter et je vais m’efforcer d’en raconter d’autres.
Benjamin, en ce moment, Emmanuel a une sclérose en plaques. Est-ce que c’est un signe avant-coureur annonçant que vous n’allez pas rester longtemps dans la série ?
Benjamin Baroche : Je ne peux pas répondre à cette question. Je ne vais pas sortir un joker, mais la sclérose en plaques est venue des auteurs et je trouve ça très intéressant, parce qu’elle fragilise le personnage et le spectateur en même temps. On ne sait pas s’il va rester et moi non plus, en fait, finalement, pour tout te dire. Ça me donne un côté compte à rebours qui est intéressant. Ses jours ne sont pas comptés, parce que tu ne meurs pas tout de suite d’une sclérose en plaques, tu es atteint et diminué. Le jour où il ne pourra plus marcher, je ne sais pas. Est-ce que c’est une porte de sortie ? Oui, évidemment. Il peut très bien dire : « Au revoir, merci. » Et ça amène du piment aussi. De se dire « joue comme si c’était ta dernière séquence » à chaque fois, je trouve ça vraiment formidable.