Pales prépare son premier EP


Que peut-on savoir du groupe Pales ?Pales est né en mars 2021, durant le deuxième confinement. On répétait dans une cave à Strasbourg. Nous sommes 5 : Célia au chant, Basile à la basse, Tako à la batterie, David et Antoine aux guitares.On se range sous l’esthétique post-punk, même si on essaye de laisser notre créativité et notre instinct dictés la composition de nos morceaux. Nous sommes en voie de professionnalisation et avons fièrement intégré la Pépinière de l’Espace Django pour un suivi/accompagnement de deux ans.

Pouvez-vous nous présenter votre premier EP et son univers ?Notre premier EP sera un 5 titres. Il sera la synthèse de cette première année de création et de concerts. On s’est rendus compte de la place omniprésente du rapport de l’homme à lui-même : son destin, ses démons intérieurs, ses faiblesses et ses questionnements. Une ambivalence est toujours présente entre la clarté, la douceur et une tension constante, prête à se rompre.

Comment composez-vous et quelles sont vos influences ?La composition est libre et partagée. Nous avons l’habitude d’improviser et de laisser les premiers jets de créativité s’exprimer ainsi. Sinon, chacun peut arriver avec une bribe d’accords ou de riffs principaux, on cherche ensemble le lien du morceau et sa structure. On se fait confiance ainsi ; chacun peut apporter sa sensibilité et un assemblage se fait, donnant aux morceaux des voies et des teintes plurielles.Nos influences ne sont pas du tout communes et c’est un enrichissement pour nous. Pour David : Radiohead, Black Midi, Foals ; pour Célia : Beyoncé, Janis Joplin, Texas ; pour Basile : La Dispute, Birds in Row ; Floatie ; pour Tako : Nirvana, Death Grips, Knock Loose ; pour Antoine : Deerhoof, Autolux, Oh Sees.

Quels sont vos choix sur le plan instrumental ?C’est une question complexe : on cherche un juste milieu entre une dynamique puissante pour les instruments et une place centrale et captivante pour la voix, cela nous force à s’adapter et à s’écouter. La basse est omniprésente et prend possession à la fois de la partie rythmique que de la partie mélodique. On pense avoir trouvé un échange entre les deux guitares entre lead et rythmique.David a une forte capacité à créer des nappes, des ornements d’effets mais peut aussi bien assurer le solo du morceau et prendre les parties rythmiques en charge. Antoine va davantage rechercher l’agressivité et la dissonance mais on ne se cantonne pas du tout à des positions fixes. Tako est dans un rapport énergique et risque-tout dans son jeu de batterie. On est encore très protéiforme ; c’est une symbiose complexe qui nous pousse à nous remettre en question et retrouver aussi les fondamentaux de nos instruments, bref on est intenables mais de plus en plus cohérents ; cet équilibre n’est pas encore bien clair pour nous mais on s’efforce de le trouver.

Comment appréhendez-vous les enregistrements au studio La Turbine ?Avec de l’excitation d’accomplir et de produire quelque chose ! La Turbine c’est un peu la maison pour nous maintenant. On travaille avec Clément Adolff et Théo Seemann qui sont des amis. Nous avons eu l’occasion d’y aller plusieurs fois pour d’autres types d’enregistrements mais aussi des journées de pré-production pour penser l’EP au mieux et l’esthétique sonore globale que l’on veut lui insuffler. Ça reste un défi pour nous et une discipline de travail : métronome, recherche d’arrangements, clarté de jeu, intensité et intentions… Mais on ne dissocie pas ce travail de celui des répétitions pour les concerts, il y a une connexion nécessaire entre ces deux mondes et un enrichissement mutuel. Cette semaine d’enregistrement va être riche en émotion et physiquement épuisante car on veut donner le meilleur de nous-mêmes et exprimer notre musique avec honnêteté et satisfaction !

Pourquoi réalisez-vous un financement participatif ?On a lancé une campagne de financement participatif pour combler l’apport de financement de l’EP.Cela représente une somme importante pour nous qui sommes indépendants et seulement sur notre premier année d’existence. C’est un moyen de partager ce projet et de sensibiliser les personnes qui s’intéressent à notre musique. On les intègre un peu à l’envers du décor d’un groupe et c’est important pour nous de le rendre concret et palpable. Nous n’avons pas voulu démarcher de label pour soutenir cette création, on estime être en mesure de le faire par nous-mêmes avec nos propres moyens et on a déjà réussi à atteindre notre objectif de 2000€ alors qu’il reste encore 10 jours de financement participatif : on est très heureux et reconnaissants du réel soutien apporté et de sentir une excitation commune chez les personnes qui ont fait une donation : c’est une chance pour nous et c’est révélateur d’un autre moyen d’accomplir ces rêves.

Que souhaitez-vous apporter au public avec cet EP ?Comme dit plus haut, on souhaite révéler la synthèse de notre premier année. On a eu la chance de se produire sur scènes de nombreuses fois en jouant ces morceaux mais nous voulons pouvoir les livrer de manière plus forte encore et un enregistrement en est la symbiose. L’écoute d’un EP n’est pas du tout la même que celle d’un concert : ça nous pousse à être plus précis, plus intense et plus véritable sur ce que raconte nos chansons : on souhaite se révéler plus à nu qu’en concert où là, l’énergie se suffit à elle-même. C’est aussi une autre expérience auditive que l’on veut faire découvrir : le but étant de condenser l’énergie live et de la retranscrire à travers cet enregistrement tout en allant plus loin dans l’expression musicale. Nos chansons ont des thématiques universelles et on veut pouvoir toucher l’auditeur dans son for intérieur.

Parlez nous du titre Our Bottomless Pit et de son clip…C’est une des premières compositions avec « Get Out ». On a eu cette idée de renverser le mythe d’Adam et Eve et de proposer ce scénario : Adam et Eve de retour au paradis après avoir vécu sur terre sont chargés de rancoeur envers leur créateur. Ce dernier les ayant banni de ce lieu de paix, ils se sont rendus compte que cette création idyllique n’est qu’illusion et source de mensonges. On dénonce à la fois ce que peuvent penser les êtres humains de leur condition et de cette fâcheuse tendance à toujours trouver un bouc émissaire à leur condition. Qui a raison ? Qui a tort ? Personne et pourtant… L’esthétique « punk » est prédominante de sa création jusqu’au visuel : dérangée et lo-fi. On voulait simplement être filmés dans cette fameuse cave en train d’interpréter en playback le morceau : un iPhone, une lentille fish-eye, rien de plus !

Aurez-vous l’occasion de donner des concerts pour présenter cet EP et que représente la scène pour vous ?Un paquet ! Les 5 titres de l’EP font partis intégrante du set que l’on propose en live : ça a été un moyen pour nous de les faire mâturer. L’année 2023 servira aussi à faire valoir cet EP mais on a déjà envie de composer de nouveaux morceaux pour se métamorphoser et agrandir notre set.La scène c’est à la fois un terrain d’expérimentation mais surtout un moment de vérité pour notre musique. Nous sommes de plus en plus nous-mêmes et cela se ressent sur scène pour notre cohésion et pour le public qui assiste à un show dynamique de Pales. C’est l’endroit où nous faisons exister avec force et passion le fruit de nos titres. On travaille énormément cet aspect en résidence que ce soit au niveau du son, du jeu scénique, des transitions, de notre disposition, etc. Un concert pour nous c’est une expérience globale à laquelle on se doit d’y penser régulièrement et de remettre en question notre travail : c’est une créativité tout aussi indispensable que celle de notre musique.

Vous avez été sélectionnés aux Inouïs du Printemps de Bourges et remarqués dans des tremplins. Qu’est ce que cela représente pour vous ?On savait que c’était un moyen parallèle de se faire connaître. Les Inouïs du Printemps de Bourges est le tremplin de la scène émergente, être sélectionné dès notre première année a été pour nous un révélateur de la consistance de notre projet. Ça n’a pas été une fin en soi mais une nouvelle expérience qui renforce le projet. A travers ces tremplins, nous avons pu le défendre, rencontrer des professionnels des musiques actuelles nous donnant du crédit et nous ouvrir des portes : tremplin Décibulles, tremplin Rock’n’Folk, programmation au Cabaret Vert et des premiers contacts avec des structures (attaché de presse, label, programmateur). Ça reste un bon moyen de se tester mais on ne souhaite pas que ce soit seulement ces tremplins qui nous rendent visible : on a une soif de faire des concerts et de tourner, rencontrer les gens à ces occasions et voir les opportunités qui s’ouvrent au fur et à mesure en gardant de la clairvoyance et le contrôle sur notre évolution afin de faire les meilleurs choix possibles.

Que souhaitez-vous dire pour conclure ?On a hâte de sortir cet EP, le diffuser partout mais par-dessus tout jouer et tourner un maximum en 2023. N’hésitez pas à nous suivre et à venir nous voir à nos concerts ! A très vite, bisous, PALES.

Merci à Pales d’avoir répondu à notre interview !