Dis papa, on peut passer directement au discours de Powell ? Et ensuite on ouvre les cadeaux ?


Chaque année, autour du 15 décembre on a l’impression que les gens arrêtent de s’intéresser aux marchés financiers, se contentent de balancer des banalités et plient bagages pour partir à la montagne le plus vite possible. Sauf que depuis 2-3 ans, j’ai l’impression que c’est de plus en plus tôt. Aujourd’hui lorsque l’on prend le temps de lire la presse financière du matin, les articles sont les mêmes qu’hier matin et les considérations sont toutes semblables. Moi je vous le dis : j’ai très peur. J’ai très peur, parce qu’à ce rythme-là, en 2025 on part déjà en vacances de ski au mois d’octobre. Et vu le réchauffement, ça va pas être simple de trouver de la neige.

L’Audio du 8 décembre 2022

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Faisons court

Nous sommes donc en attente des deux dernières nouvelles excitantes de l’année. Le problème c’est qu’elles vont toutes les deux sortir entre le 13 et le 14 décembre. Le CPI devrait nous apprendre que le plan de la FED fonctionne, mais que c’est très long. Cela suffira-t-il à atténuer les peurs des investisseurs qui commencent à parler un peu trop de récession et plus assez d’inflation ? La question sera vite répondue, mais faudra encore attendre 5 jours. Et puis ensuite, nous aurons le discours et l’annonce de la FED. La FED qui devrait monter les taux de 0.5% pour montrer ses bonnes intentions. Finalement la seule chose qui nous intéressera vraiment, c’est le discours de Powell.

Va-t-il montrer ses bonnes intentions en laissant entendre que malgré les EXCELLENTS chiffres économiques publiés ces derniers temps, il ne va pas continuer à monter les taux plus que nécessaire. Ou va-t-il marteler le fait qu’il est plus qu’important de monter encore les taux et de les maintenir élevés le temps qu’il faudra ? On n’en sait bien sûr rien du tout et on n’a pas d’autre choix que d’attendre mercredi prochain. Mercredi prochain nous aurons les réponses sur le CPI, les réponses sur la FED et on ne sera probablement pas plus avancés qu’aujourd’hui. Mais par contre, on pourra plier bagages et monter à la montagne.

On aurait pu faire plus simple

Pourtant, on aurait pu faire plus simple. Il suffisait de déplacer le dernier FOMC Meeting une semaine plus tôt, de publier le CPI aujourd’hui et on pouvait gagner une semaine à arrêter de se prendre la tête sur l’inflation, la récession et le fait que Zelensky est l’homme de l’année selon le TIME. Mais non, c’était trop demander d’avoir une semaine de plus à rien foutre. Il fallait tirer l’activité boursière une semaine de plus, histoire de faire croire qu’on croit VRAIMENT que ce que l’on va apprendre la semaine prochaine va changer la face du monde.

mais qu’en revanche, c’est sûr, 2023 ils ont bien tout fait juste dans leurs calculs et ça va être la toute toute grosse merde.

Same player shootent encore

c’est plus 10%, c’est plutôt 13, si l’on tient compte de la baisse depuis ses prévisions) – Donc, les plus optimistes pensent que l’on aura un soft landing et une légère récession et les moins optimistes se rallient à Roubini qui continue d’annoncer la fin du monde, une récession épique, la fin du capitalisme et le retour de la préhistoire.

En gros, ce que l’on trouve dans la presse de ce matin n’est pas très différent – voir carrément similaire à ce que l’on pouvait trouver hier. Dans cet environnement, inutile de vous dire que l’on a principalement passé notre temps à baisser comme la veille. Pas vraiment la baisse qui fait peur, mais plutôt la baisse qui n’ose pas vraiment y aller de peur que Powell nous sorte une carte de sa manche qu’on n’aurait pas vu venir et que les shorts se fassent démonter mercredi prochain. Quoi qu’il en soit, je pense que si l’on entrait en hibernation de la finance jusqu’au 13 décembre, ça serait pas mal. Après tout, les banquiers centraux ont leur période où ils n’ont pas le droit de parler dix jours avant leurs réunions, pourquoi est-ce que nous nous perdons du temps à traiter dans le désert alors que l’on pourrait s’enrouler dans une peau d’ours et s’endormir devant la cheminée en attendant. Qui sait, j’aurais peut-être même une chance de retrouver ma voix.

En Asie c’est pas mieux

Du côté de l’Asie nous sommes entre tests PCR et libération de la Chine. Tout le monde y va de ses prévisions parce que tout d’un coup Xi Jinping semble un poil plus détendu, puisqu’il n’a interné que 2 millions de manifestants cette semaine. Immédiatement l’espoir renaît pour que la Chine devienne un vrai pays démocratique et qu’ils puissent recommencer à consommer comme des brutes et nous fabriquer des t-shirts pas chers. Ce qui serait positif pour la consommation pétrolière qui est en pleine déprime – le baril est à 72.58$ et les Qataris sont à deux doigts d’annuler la fin de la Coupe du Monde tellement ils doivent se serrer la ceinture.

Là tout de suite, le Nikkei est en baisse de 0.5%, Hang Seng se comporte comme une boule de flipper et monte de 2.7%, pendant que la Chine ne fait rien et se contente d’observer la démocratie naissante, comme une fleur qui renaît un matin de printemps à la fin de la fonte des neiges. L’or est à 1794$ alors que tout le monde se pâme de joie en constatant que les banques centrales sont visiblement très très acheteuses du métal jaune depuis un bon moment. On ne sait pas si c’est une super-bonne nouvelle quand on considère que c’est censé être une protection contre l’inflation. C’est sûrement une bonne nouvelle pour l’or, mais pas forcément pour les perspectives économiques. À moins que ça soit simplement une stratégie pour couvrir leurs culs parce qu’ils ne savent plus quoi acheter depuis que les GAFAM’s ne montent plus. Le Bitcoin est à 16’800$ et la FED se décide enfin à enquêter sur SBF. Il était temps, le fait que toute la presse soit en train de le lyncher n’y est peut-être pas complètement étranger…

Nouvelles ? Ou pas nouvelles ?

Dans les nouvelles du jour on notera que le signal de récession qui est représenté par l’inversion de la courbe entre le 2 ans et le 10 ans, n’a plus été aussi prononcé depuis 1981. Perso j’en sais rien, j’étais trop occupé à finir la dernière saison de Capitaine Flam à la télé, mais ça fait peur. Même s’il y aura toujours des détracteurs qui diront que « ça ne marche pas à tous les coups ». Et c’est vrai. Sauf qu’en finance, un truc qui marche à tous les coups, je ne vois pas trop ce que ça pourrait être. Autrement, pour vous dire à quel point on est à fond dans la finance, le FT propose – en première page – un article qui parle des « vies secrètes » des femmes espions à l’intérieur du MI6. C’est dire à quel point on est vraiment concentré à l’aube de la fin de l’année. Sans compter que je ne savais pas que le MI6 laissait voir ce genre de chose, le gouvernement britannique doit vraiment être fauché.

Il y a aussi la société Carvana qui est en train de partir en faillite Dans la foulée c’est Bernard Arnaud qui devient l’homme le plus riche du monde. Entre ça et l’Equipe de France qui se prépare à ramener la Coupe du Monde à la maison et Elisabeth Borne qui utilise le 49.3 pour niquer l’Assemblée nationale toutes les 5 minutes, c’est vraiment l’année de Macron. Lui qui disait que c’était fini l’abondance, je ne suis pas certain qu’il parlait de lui.

Côté chiffres

Du côté des trucs importants, il y aura les Jobless Claims et Madame Lagarde qui parlera. Je ne sais pas lequel des deux sera le moins intéressant, mais une chose est sûre, ce n’est pas aujourd’hui que nous aurons TOUTES nos réponses sur la hausse des taux future et à quel moment Powell redeviendra notre ami et quand est-ce qu’il va lancer un nouveau Quantitative Easing pour sauver le monde.

Ce matin les futures sont en baisse de trois fois rien et je me demande encore une fois pourquoi est-ce que l’on ne ferme pas les marchés jusqu’à mardi. Bon, allez… On se retrouve encore demain pour vous raconter probablement la même chose. Tenez, je ne vous en voudrais même pas si vous ne veniez pas me lire.

Passez une bonne journée et à demain !

Thomas VeilletInvestir.ch

« À la cinquantaine, de près, on ne reconnaît plus les lettres, mais, de loin, on reconnaît les cons. »

Mustapha Radid