le parcours d’Alexandre Lloveras entre réalisme et résilience


Champion paralympique en titre de cyclisme en tandem à Tokyo, Alexandre Lloveras avoue avoir « fait preuve de réalisme très rapidement » à propos de son amaurose congénitale de Leber. Concrètement, le jeune homme de 24 ans « y voit comme dans un trou de serrure » et ne voit pas sur les côtés.De toute évidence, ce handicap ne lui permet pas de vivre comme tout le monde. « Par exemple, j’ai su très vite qu’il y avait des choses que je ne pourrais pas faire, comme conduire une voiture. » Ce réalisme dont il parle lui a permis de ne pas trop se « poser de questions. Mes camarades s’en posaient plus que moi », se souvient-il, le sourire aux lèvres.

S’adapter au lieu de ne pas faire

« Pourquoi tu ne peux pas faire ci, pourquoi tu ne peux pas faire ça ? » lui demandait-on sans cesse. Des questions auxquelles il n’arrivait pas toujours à répondre. Cette résilience et cette force de caractère semblent lui venir de son éducation. « Ma famille m’a poussé à faire du ski très tôt. J’ai fait de l’équitation aussi… », se remémore le sportif originaire de Béziers.Des sports « qui ne sont pas évidents à faire quand on est déficient visuel. » Au lieu de fermer la porte en lui disant qu’il ne pourrait pas le faire, ses proches se demandaient plutôt « comment peut-on s’adapter ? Comment peut-on rendre cela possible ? ».Cette vision de la vie, remplie d’abnégation et de maturité, lui permet d’intégrer, dès l’âge de 15 ans, le pôle France d’athlétisme handisport. « J’étais très bon les six premiers mois, puis les deux ans et demi qui ont suivi, j’étais toujours blessé. Mon rêve de participer aux Jeux s’éloignait. »

Un stage qui change sa vie

C’était compter sans ce stage avec le pôle espoir de paracyclisme en 2018. « J’ai pu faire une semaine de tandem et là, ça a été le coup de foudre. » La suite ? Il arrête l’athlétisme et se concentre sur le vélo. Trois ans plus tard, en 2021, il devient vice-champion du monde du contre-la-montre en tandem, avec son coéquipier Corentin Ermenault.Quelques mois plus tard, la paire se retrouve aux Jeux paralympiques de Tokyo. « On était assez attendus, on prend le départ le couteau entre les dents. » À l’arrivée, le duo termine premier avec plus de six secondes d’avance sur les deuxièmes. « Ce sont des souvenirs qui resteront gravés, notamment La Marseillaise », se souvient Alexandre qui compte bien conserver son titre à Paris dans quelques jours.Découvrez le portrait d’Alexandre Lloveras dans la vidéo en tête d’article.